Affaire écoute téléphonique: Le tribunal militaire entre nécessité de vérité et volonté d’imposer du faux à un détenu.

Suite au putsch manqué du Général de brigade Gilbert Diendéré du 16 septembre 2015 sous la transition burkinabè, des éléments sonores ont été annoncés pour justifier l’arrestation et l’incarcération à la Maison d’Arrêt et de Correction des Armées (MACA) de l’unique général de la gendarmerie burkinabè depuis de 29 Septembre 2015.




Cependant, il a fallu attendre plusieurs semaines, le 12 novembre 2015, pour que, via les réseaux sociaux, un certain Théophile Kouamouo, journaliste français d’origine camerounaise vivant en Cote d’Ivoire, proche de l’ex président ivoirien Laurent Gbagbo, incarcéré à la CPI, expose le contenu de cet élément sonore. C’est malheureusement suite à cette propagande sur les réseaux sociaux, que miraculeusement la justice burkinabè a déclaré avoir en sa possession des supposés enregistrements et de signaler sa volonté de les reverser dans le dossier BASSOLE.
Une attitude curieuse, qui suscite plusieurs interrogations quant à la qualité dudit élément qu’on tente d’imposer au général de brigade Djibrill Yiépèné Bassolé afin de justifier sa détention provisoire jusqu’à 9 mois.

D’où vient ces supposées écoutes téléphoniques ?
Pourquoi n’ont-elles pas été mises à la disposition du procureur avant l’arrestation du général ?
Pourquoi elles n’ont pas pu être fournies aux juges militaires avant que l’on les rencontre sur les réseaux sociaux ?
Comment se sont-elles retrouvées dans les mains d’un étranger ?
Ont-elles une valeur juridique de par leurs origines ?

Face à ces graves inquiétudes, la défense,, en l’occurrence les avocats du général de brigade Djibrill BASSOLE, ont procédé à une authentification liée à la nature de l’élément sonore en question présenté comme pièce à charge. Ainsi, l’expert français en acoustique Norbert Pheulpin membre du collège national français des experts en acoustique, expert en acoustique près du tribunal de grande instance de Dijon, a été saisi pour une expertise. Cette expertise faite sur les caractéristiques techniques de cette bande sonore de 16 min 32 s « conteste de façon formelle l’intégrité de la pièce audio concernée qui ne peut être présentée comme étant l’enregistrement intègre d’une interception téléphonique classique ».

Elle a été portée à la connaissance des juges d’instructions, aux fins de preuve d’un acharnement sur Bassolé, prouvant dès lors que l’élément qui a apparu dans le dossier, est un grotesque montage en vue de nuire, ternir l’image politique de ce dernier tant sur la scène nationale et internationale. Par ailleurs cet acte interpelle la justice à la sur l’usage de cet élément comme fond de dossier.

Malgré cela, les juges militaires proches de la transition, ont fait la sourde oreille et continuent de retenir cette bande dans le dossier. En rappel, la présentation de cette expertise a eu pour effet une sortie du commissaire du gouvernement à l’époque, KOUDOUGOU Norbert, qui a laissé entendre que les écoutes n’avaient pas encore été authentifiées.

C’est alors que la défense a demandé la réalisation d’une contre-expertise sur l’élément audio en question. Jusqu’à ce jour cette demande reste sans suite. Les anglais diront « why ? » Pourquoi ce silence assourdissant bien qu’il s’agit d’une œuvre de garantie de vérité gage d’une justice équitable ? Où est donc passé, le principe de l’impartialité du juge dans le traitement des dossiers ?

Face à ce refus de mener l’expertise de la part des juges militaires, la défense a trouvé simple de demander évidemment juste la présentation des bandes originales des supposés enregistrements et aussi ceux qui les auraient interceptés. A en croire les déclarations de la transition, c’est bien les services secrets du Burkina qui sont à l’origine de l’interception du fameux appel. Une demande qui elle aussi se heurte à une volonté contraire. Pourquoi ?

Voilà autant de questions et de zones d’ombres qui minent un dossier qui à priori est vide. Si ces interrogations voire inquiétudes, restent sans réponses dans le dossier Bassolé, l’on ne voit dans quelle mesure est-ce qu’on pourrait lui garantir un procès équitable.

Il est d’ailleurs inadmissible, que le tribunal militaire passe 9 mois sur ce dossier sans même pouvoir éclairer l’opinion nationale et internationale sur cette question d’écoute, qui d’emblée a engendré un scandale politico-judiciaire mettant à mal les relations entre le Burkina Faso et certains pays voisins.

Pour le sérieux de notre système judiciaire en général, il est plus qu’important de vider le contentieux autour de cette question d’écoute dans un bref délai soit par une expertise conjointe (défense –accusation) soit en allant à la source prendre l’originale afin situer l’opinion sur l’authenticité de la bande en question.

« La conscience de chacun est libre, cela est la dignité mais pour porter des jugements vrais, la conscience a besoin de la vérité sur l’homme. Il leur rappelait l’Evangile selon saint jean : La vérité vous rendra libres … » Jean Raspail

Jean Claude Kaboré
jclaudebf@gmail.com

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