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Attaque de Koutougou : le MBDHP s’interroge sur la capacité du pouvoir actuel à rendre effectif le droit à la sécurité pour tous les Burkinabè.

C’est avec consternation que le MBDHP a appris l’attaque, le 19 août 2019, du détachement militaire de Koutougou, dans la province du Soum par des groupes armés terroristes.

Selon l’Etat-major général des armées, cette attaque a causé la mort de vingt-quatre (24) militaires, fait sept (07) blessés ainsi que des dégâts matériels importants.

Déjà, dans la nuit du 13 au 14 août 2019, au moins quatre (04) militaires burkinabè ont été tués dans la localité de Toéni au nord-ouest, dans l'explosion d'une mine au passage de leur véhicule. Le lendemain 15 août 2019, c’est une équipe de la police nationale qui était victime d’une attaque sur l’axe Djibo - Mentao, causant la mort de trois (03) policiers et faisant un (01) blessé.

Rien qu’au cours de ce mois d’août 2019, le MBDHP a relevé neuf (09) attaques terroristes ayant occasionné quarante-un (41) morts et fait une dizaine de blessés.

En ces moments difficiles, le Mouvement présente ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes ainsi qu’aux forces de défense et de sécurité. Il souhaite également un prompt rétablissement aux blessés.

Au-delà de l’émotion, de la colère et des condamnations légitimes que suscitent ces attaques terroristes, le MBDHP s’interroge sur la capacité du pouvoir actuel à rendre effectif le droit à la sécurité pour tous les Burkinabè. En effet, la récurrence de telles attaques et suivant le même mode opératoire met à nu les failles de notre système sécuritaire.

Déjà, en janvier 2019, à l’occasion d’une déclaration rendue publique suite aux évènements de Yirgou, le MBDHP notait, à la lumière des faits, que « les premières autorités (politiques, militaires et paramilitaires) de notre pays (…) sont dans l’incapacité d’assurer la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national ». Les faits de ces dernières semaines confirment malheureusement cet état de fait.

En lieu et place d’une politique savamment mûrie de lutte contre le terrorisme impliquant la participation active des populations à la réalisation de leur droit à la sécurité, ces autorités semblent privilégier les actions d’éclat conduisant à des exécutions sommaires et extra-judiciaires, aiguisant ainsi le sentiment de stigmatisation chez bon nombre de nos compatriotes.

Ce sentiment rend difficile voire impossible l’implication des populations dans la lutte contre le terrorisme. Pourtant, cette implication est un préalable indispensable à la victoire contre le terrorisme.

Dans le même temps, le MBDHP note que malgré un contexte sécuritaire difficile, l’amélioration des conditions de vie et de travail des éléments des forces de défense et de sécurité ne constitue pas une préoccupation pour les autorités ; en témoigne les nombreuses tracasseries dont sont victimes nombre d’éléments de la police, dont le seul tort est d’être affiliés au syndicat Alliance police nationale (APN).

De telles tracasseries sont inappropriées surtout dans le contexte actuel où la cohésion au sein de l’ensemble des corps engagés dans la lutte contre le terrorisme constitue plus qu’un impératif.
En tout état de cause et au regard de ce qui précède, le MBDHP interpelle les autorités à :
- assurer de manière effective et efficace, la sécurité des personnes et de leurs biens, sans discrimination sur toute l’étendue du territoire national ;
- tirer les leçons des méthodes de lutte anti-terroriste telles que les exécutions sommaires et extrajudiciaires pratiquées dans plusieurs localités de notre pays et qui aujourd’hui montrent toutes leurs limites ;
- veiller, dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, à conformer les pratiques des forces de sécurité aux principes des droits humains et aux règles de l’Etat de droit ;
- améliorer les conditions de vie et de travail des policiers, soldats et hommes de rang et à veiller à la prise en charge adéquate des familles des forces de défense et de sécurité tombées sur le champ de bataille.

Fait à Ouagadougou le 22 août 2019

Le Comité exécutif national

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