Burkina: Le Canada recommande à ses ressortissants d’éviter tout voyage non essentiel au Burkina Faso

Le Centre de solidarité internationale (CSI) du Saguenay–Lac-Saint-Jean n’envoie plus de stagiaire au Burkina Faso depuis trois ans. La directrice générale de l’organisme almatois, Sabrina Gauvreau, a été sans équivoque sur le sujet.

« Le gouvernement du Canada a émis des avis très clairs d’éviter tout voyage non essentiel au Burkina Faso en raison de la menace terroriste. Nous considérons ces avis comme très sérieux et nous respectons les consignes. Nous avons un projet en cours de route en partenariat avec des Burkinabés et des organismes locaux, mais aucun de nos stagiaires n’est sur le terrain », fait valoir la directrice, qui a déplacé certains projets au Sénégal.

Évitez tout voyage

Pour ce qui est des niveaux de risque, le gouvernement canadien recommande d’éviter tout voyage dans la portion nord du pays, près de la frontière avec le Mali, et à moins de 40 kilomètres des frontières du Bénin et du Togo, en raison du risque de banditisme et de terrorisme.

La disparition de la Sherbrookoise de 34 ans, Édith Blais, dans le nord-ouest de l’Afrique, au Burkina Faso, avec son copain, Luca Tacchetto, un Italien de 30 ans, depuis le 15 décembre, mobilise les Québécois sur les réseaux sociaux et ceux qui vivent au Burkina Faso.

Troestler solidaire

Le Jonquiérois Étienne Troestler, professeur à la retraite du Cégep de Jonquière, vit au Burkina Faso,avec sa conjointe, Fatoumata Koné, depuis sept ans. Il a partagé sur sa page Facebook l’avis de recherche du couple, qui devait participer à un projet humanitaire au Togo.

« Il y a plusieurs Québécois qui vivent ici, au Burkina Faso, et j’ai de nombreux contacts sur les réseaux sociaux qui ont partagé l’avis de recherche en guise de solidarité, car beaucoup de gens ont été interpellés par cette disparition », met en contexte l’ancien enseignant.

« Je vis à distance de la capitale (Ouagadougou), nous sommes plus à la frontière du Mali et de la Côte d’Ivoire. Le couple aurait été vu à Bobo (Bobo-Dioulasso, la deuxième plus grande ville du Burkina Faso), qui est à environ 85 kilomètres de chez nous, et allait en direction du Togo. On ne parle pas de cette disparition dans l’actualité d’ici, nous n’avons aucune nouvelle de ça », fait valoir celui qui a fait plusieurs stages en Afrique aux débuts des années 2000 avec des étudiants de sciences humaines.

La directrice générale du Centre de solidarité internationale (CSI) du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Sabrina Gauvreau, explique que l’organisme n’envoie plus de stagiaires au Burkina Faso depuis trois ans.

« Ici, à Banfora, dans notre petit village, c’est plutôt tranquille. Il y a parfois des périodes d’insécurité, surtout si tu vas vers la frontière nord du pays, dans ce qu’on appelle le Sahel. Là, il y a des attaques djihadistes régulières », explique Étienne Troestler.

L’ancien professeur a fait également référence aux événements survenus en début d’année, au village de Yirgou-Foulbé, dans la commune de Barsalogho, où des affrontements intercommunautaires ont fait 46 victimes entre mardi et mercredi.

« Je vis ici depuis sept ans avec ma conjointe et je ne me sens pas en insécurité. Je suis prudent, évidemment. Je me sens protégé par la famille et le village où l’on vit. On voit de moins en moins de touristes au restaurant de ma conjointe, on en croise à l’occasion », assure-t-il.

Mine d’or canadienne

« On voit, ici, un peu plus de patrouilles des forces policières. Ils viennent de construire une mine canadienne pour exploiter l’or. On assiste au passage de centaines de camions, et la présence de l’armée est pour rassurer la population. Ça n’empêchera pas d’autres événements de survenir », laisse-t-il tomber, en citant l’attaque de l’hôtel Splendid et du café Cappuccino, qui a fait 30 morts, dont des Québécois, en janvier 2016.

« Les attentats terroristes touchent toutes les villes dans le monde, mais nous sommes la [ville la] plus vulnérable en raison du Sahel, où sont les bandes de djihadistes qui ont peut-être des visées sur le pays pour en faire un État islamique », analyse Étienne Troestler, qui précise qu’il est géographe et non un politicien.

En août 2018, deux travailleurs de la société minière canadienne Semafo sont morts à la suite d’une attaque par des bandits armés, alors qu’un autobus transportait des employés entre la ville de Bobo-Dioulasso et la mine Mana.

Les yeux ouverts

« Édith Blais et Luca Tacchetto voyageaient en voiture depuis septembre. Ils avaient quitté l’Italie, traversé le détroit de Gibraltar et se trouvaient à Bobo-Dioulasso quand ils ont été vus la dernière fois. Ils devaient prendre la route pour la capitale Ouagadougou, avant de partir pour le Togo, afin d’y faire du volontourisme », peut-on lire sur l’avis de recherche.

Les gens de là-bas et les réseaux sociaux doivent rester les yeux ouverts pour soutenir les familles des jeunes volontouristes.

ROGER BLACKBURN

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