Burkina: Situation à l’hôpital Yaldogo Ouédraogo, Le Syntsha tire la sonnette d’arme

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Yaldago Ouédraogo n’en finit pas avec ses problèmes. Cette fois, c’est la sous-section CHU du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) qui interpelle le gouvernement sur les « difficultés énormes » que connait l’hôpital et qui entravent le travail du personnel. Ces difficultés concernent plusieurs aspects de la vie de l’hôpital notamment l’insuffisance des infrastructures, les ruptures de réactifs ou de la dotation irrégulière en matériel de protection des travailleurs.

 

Selon le Syntsha, « les infrastructures sont dépassées en termes de capacité d’accueil, si bien qu’il y a des services où, à certains moments, même les couloirs ne peuvent contenir les malades qui cherchent vainement un petit espace pour poser leurs nattes ». C’est le cas des services d’urgences comme la maternité, les urgences médicales, chirurgicales et pédiatriques. Les syndicats dénoncent également les procédures d’acquisition des équipements. Selon le Secrétaire général du Syntsha, Amdi Konfé, « les procédures d’acquisition des équipements ne sont pas suffisamment appropriées et transparentes et aboutissent souvent à l’acquisition d’appareils de mauvaise qualité ». A cela s’ajoute le manque d’un plan adéquat des équipements. D’où les pannes de « dinamaps en cours au bloc viscéral depuis trois semaines empêchant l’exécution des programmes opératoires ».

Les ruptures de consommables

Les ruptures de consommables sont aussi vécues par le personnel soignant et les malades. C’est le cas des ruptures de l’oxygène entrainant des « reports de programmes et des décès ». La rupture des réactifs oblige les malades à parcourir les artères de la ville pour leurs examens.
Le Syntsha dénonce aussi l’irrégularité des dotations en matériel de protection du personnel et de prévention des infections. « Le personnel manque souvent de matériels de bureau et même d’ordonnanciers. Par ailleurs, les subventions de l’Etat pour les Soins obstétricaux et néonataux d’urgences (SONU) devraient permettre à une femme de payer 11 500 CFA. Cependant, les kits n’ont jamais été complets et les femmes après avoir payé les 11 500 F CFA sont obligées d’avoir une ordonnance complémentaire pouvant atteindre 30. 000 F CFA voire plus ». Cela engendre souvent des malentendus entre l’agent de santé et les malades qui s’attendaient à payer seulement 11 500 CFA.
Au titre du personnel, les syndicats ont relevé l’insuffisance des médecins spécialistes. Cela engendre, selon eux, une offre insuffisante au regard d’une demande très forte des populations en matière de soins spécialisés. « C’est ce qui pourrait expliquer les longs rendez-vous et les longues files d’attente devant les bureaux de consultations des médecins », a déclaré Amadi Konfé.

Les impayés du CHU-YO

Selon la sous-section du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), l’hôpital accumule des impayées vis-à-vis de ses fournisseurs. Des impayés qui vont au-delà de 900 millions de f CFA. Les principales victimes de cette situation sont selon les syndicats, la CAMEG, Air Liquide et d’autres fournisseurs de réactifs ou de consommables notamment la dialyse et la prestation de restauration. A cela s’ajoutent les dettes sociales à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) et la direction générale des impôts (DGI).
Ces impayés font que les différents fournisseurs ne sont pas prompts à livrer encore des produits au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo. D’où les fréquentes ruptures notamment d’oxygène ou la mauvaise qualité de la restauration. La restauration attend huit mois d’impayés selon les syndicats.
Contacté, le directeur général du CHU – Yalgado Ouédraogo, a confirmé certaines difficultés auxquelles l’hôpital fait face. « Nous avons effectivement des dettes de la CAMEG et d’autres fournisseurs de la restauration, etc. Mais on est soumis aux règles de paiement de l’Etat, aux règles de déblocage de la subvention de l’Etat », a affirmé Robert Sangaré. Pour lui les ruptures évoquées sont dues aussi aux procédures d’acquisition des biens et services de l’Etat qui ne sont pas adaptées aux hôpitaux. « C’est une procédure d’acquisition des biens et des services qui n’est pas réaliste par rapport aux hôpitaux. Et cela nous l’avons dit plusieurs fois. On ne peut pas acheter des produits médicaux comme si on achetait du papier. Ce n’est pas la même chose », a –t-il ajouté. La procédure pouvant prendre plusieurs mois, est jugée longue pour une acquisition urgente de produits médicaux urgents. A cette difficulté s’ajoutent les réglementations budgétaires. Selon le DG, l’hôpital connait aussi des réglementations budgétaires qui ne lui facilitent pas non plus la tâche. Selon le Syndicat, en ne s’impliquant pas suffisamment dans le fonctionnement du CHU, le gouvernement ne joue pas son statut de garant de la santé des populations. Pire, il « opère des réductions drastiques des subventions prévues ».

Le Syntsha prend l’opinion à témoin

Pour la sous-section du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), cette situation aggrave les difficultés d’accès aux populations en majorité pauvres aux soins de santé offerts par le CHU-YO. La sous-section Syntsha appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités. Elle ne se fera pas complice d’une « descente aux enfers des services de santé ». Et elle invite les travailleurs de la santé à la mobilisation générale et à la lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail aux côtés du peuple burkinabè. Si rien n’est fait le Syntsha pourrait utiliser son moyen de pression traditionnel : la grève. Et c’est l’Etat qui serait responsable des conséquences qui adviendraient selon les animateurs de la conférence de presse.

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *