Djibril Bassolé: La réquisition complémentaire spéciale [autorisant l’armée à intervenir] n’a pas été discutée en conseil

Dans un entretient accordé à nos confrères du journal le monde Djibril Bassolé depuis sa résidence surveillée revient sur les evenememts qui ont conduit à la chute du régime Compaoré et son rôle les 30 et 31 octobre 2014. 

"Le ministre de la sécurité a fait un compte rendu des activités de maintien de l’ordre de la veille et des préparatifs pour le lendemain, car l’ordre public s’annonçait troublé. La réquisition complémentaire spéciale [autorisant l’armée à intervenir] n’a pas été discutée et adoptée lors de ce conseil. Elle a été préparée et proposée à la signature du premier ministre le soir du 29".

Concernant les 33 morts et les 625 personnes blessées lors de l'insurrection populaire Djibril Bassolé est formel "La cause des morts et des blessés est selon moi à rechercher ailleurs .Notre gouvernement n’avait pas intérêt à ce qu’il y ait une confrontation violente et la mort d’hommes. Nous avions plutôt intérêt à ce que les choses se déroulent convenablement".

"Je suis officier général de gendarmerie mais, au moment des faits, j’étais ministre des affaires étrangères et, en tant que tel, je n’avais pas de rôle particulier à jouer. Compte tenu de la situation insurrectionnelle qui prévalait, j’ai, en liaison avec les officiers du commandement, veillé à ce que les choses se passent au mieux et que le rétablissement et le maintien de l’ordre public s’effectuent dans le respect des règles et des droits humains".

Djibril Bassolé par ailleurs s'inscrit en faut concernant les affirmations du président Roch Kaboré tendant a faire croire qu’il y avait des deals secrets entre le régime de Blaise Compaoré et les terroristes que le Burkina était en sécurité. " Les nombreux contacts que nous avons eus avec les groupes armés entraient dans le cadre de la libération des otages occidentaux à la demande de leur pays d’origine d’une part, et d’autre part se justifiaient par la mission que nous avait assignée la Cédéao, à savoir la cessation des hostilités et la réunification du territoire malien".

Le seul général de la gendarmerie  Burkinabé revient sur ses relations avec Moustapha Chafi et Iyad Ag Ghali.

"A ma connaissance, Moustapha Chafi a, dans le cadre des négociations de libération d’otages, pris des contacts qui ont fort heureusement abouti. C’était une entreprise humanitaire louable. Je ne crois pas qu’on puisse parler d'accointance. Quant à moi, j’ai rencontré Iyad Ag-Ghali à Kidal dans le cadre de la médiation de la Cédéao. Il était le patron du mouvement Ansar Eddine, signataire de l’accord de Ouagadougou. Notre préoccupation était que la destruction des mausolées de Tombouctou prenne fin, que les groupes armés s’abstiennent d’actions terroristes et que les élections puissent se tenir sur toute l’étendue du territoire malien".

"Jamais, de toute mon expérience, ni officiellement, ni officieusement, nous n’avons passé d’accords de non-agression. Ça n’a jamais existé. Je vous signale que le Burkina n’était pas le seul pays d’Afrique de l’Ouest à ne pas être agressé. Je pense que c’est notre capacité à anticiper, à prévenir et à dissuader qui a protégé le Burkina Faso".

 

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