Dysfonctionnements au CHR de Ouahigouya : C’est le réseau électrique qui est défaillant

Fonctionnel depuis 2012, le Centre hospitalier régional de Ouahigouya brille par son incapacité à offrir une prise en charge adéquate à ses patients. La situation a empiré cette année avec les pannes récurrentes des appareils du service d’imagerie médicale, du laboratoire et de celui produisant l’oxygène au bloc opératoire.

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Beaucoup de personnes ne cachent pas leur insatisfaction de la prise en charge des malades au nouveau Centre hospitalier régional (CHR) de Ouahigouya et elles en parlent bruyamment. Des organisations de la société civile, notamment l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), la Coalition contre la vie chère, le Mouvement citoyen des jeunes pour le développement et le progrès et le Conseil régional des organisations de la société civile du Nord, ont même donné de la voix pour dénoncer cet état de fait. Au cours d’une rencontre organisée par le gouverneur de la région du Nord, Hassane Sawadogo, le 30 octobre 2015, le DG de l’hôpital et ses collaborateurs ont fourni des explications sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés tout en évoquant les mesures prises pour les atténuer. De l’exposé du premier responsable du CHR, Henri Ouoba, on retiendra que la construction du CHR de Ouahigouya devait être effectuée en deux phases. La première difficulté est née du déménagement de certains services après la construction de la première phase du site, alors que l’idéal aurait voulu que tous les services déménagent au même moment à la fin de l’ensemble des travaux.

Un problème connu

A peine les premiers services étaient-ils fonctionnels que les problèmes ont commencé. Par exemple, les appareils ont du mal à fonctionner à cause des pannes intempestives d’électricité. «C’était un problème connu au moment des travaux de construction ; les superviseurs, lors des missions de contrôle, avaient émis des réserves sur la qualité du réseau d’installation électrique, mais l’entreprise a fait la sourdre oreille», fait remarquer le directeur de l’hospitalisation et de la qualité des soins, le docteur Salam Ouédraogo. La suite, on la connaît. Les climatiseurs dans certains services peinent à démarrer et cela se répercute sur certains appareils comme c’est le cas au service d’imagerie médicale. Les ampoules ne s’allument pas dans certaines salles d’hospitalisation ni dans certains services. Régulièrement sollicité, le groupe électrogène de l’hôpital n’arrive pas à supporter le coup. En panne actuellement, sa réparation exige une quinzaine de millions, sans oublier qu’il faut acheter régulièrement le gasoil pour l’alimenter, ce qui n’est pas prévu dans le budget de l’hôpital. La situation a empiré cette année avec la panne de l’appareil produisant l’oxygène, un outil indispensable dans le bloc opératoire. Si cet appareil ne fonctionne pas, il est impossible de faire la moindre intervention chirurgicale.

L’hôpital est obligé de faire des commandes de bouteilles d’oxygène. «La ressource n’est pas disponible et il faut jongler pour dégager la manne financière non prévue dans le budget», se plaint le DG. En cas de rupture totale, il faut forcément évacuer les patients vers d’autres structures sanitaires. A entendre les responsables du CHR, la production d’oxygène directement à partir de la machine est une nouvelle technologie qui n’est pas encore répandue dans nos structures sanitaires. C’est ce qui explique également que les techniciens pour assurer sa maintenance ne courent pas les rues. Pour cette panne, les mains expertes exigent une somme de 20 millions pour permettre la marche permanente de l’appareil. Face à la complexité de son utilisation, l’hôpital envisage un retour à l’ancien système de ravitaillement en oxygène par la construction d’un central autonome. Là également, il faut dégager 15 millions.

L’Etat doit réagir

 Un autre goulot d’étranglement est la diminution de la subvention accordée par l’Etat au CHR. Alors que la structure est confrontée à de nombreuses dépenses, elle a subi une régulation budgétaire de 187 millions de 2014 à 2015. «Qui dit dysfonctionnement, dit perte de ressources financières. Si les appareils ne fonctionnent pas, il n’y a pas de prise en charge de patients, donc, pas de frais à encaisser, et cela entraîne la baisse des recettes de l’hôpital», explique le directeur des affaires administratives et financières. Aujourd’hui, le CHR a besoin de : 20 millions pour la mise en marche de l’appareil de production d’oxygène, 15 millions pour l’implantation du centre autonome, 15 millions pour la réparation du groupe électrogène, sans oublier qu’il est redevable à la CAMEG et cette structure menace de réduire sa dotation si elle ne rentre pas dans ses fonds. Les responsables du CHR avouent n’avoir pas les moyens de résoudre un seul de ces problèmes urgents. Alors que les difficultés s’entassent, on insiste sur l’urgence d’ériger le CHR de Ouahigouya en Centre hospitalier universitaire (CHU), cela en raison de la présence d’une faculté de médecine au Centre universitaire polytechnique de Ouahigouya. Les responsables du CHR disent régulièrement soumettre les différents problèmes à leur hiérarchie, mais la réaction de cette dernière se ferait toujours attendre. La réception définitive de l’hôpital n’étant pas encore faite, le DG et ses collaborateurs pensent que la correction de certaines anomalies liées au mauvais approvisionnement en électricité incombe à la société attributaire du marché. Mais celle-ci refuserait de se plier à cette exigence.

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