Election du maire à Karangasso Vigué :2 morts dans des affrontements intercommunautaires

Le processus de désignation de maire à Karangasso Vigué, localité située 55 km de Bobo-Dioulasso, a dégénéré le mardi 21 juin 2016, en un conflit politico-communautaire opposant le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) majoritairement Mossi (migrants), à la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) majoritairement autochtones (Vigué et Tiéfo). Les affrontements entre les deux communautés ont fait 2 morts et plus de 20 blessés. Le processus a été suspendu.

 




La désignation du maire de la commune rurale de Karangasso Vigué dans la province du Houet a tourné au drame, le mardi 21 juin 2016. Le conflit initialement politique, a dégénéré en un conflit ethnique faisant 2 morts et environs 20 blessés par balles, selon les autorités administratives. Deux camps sont opposés : le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), composé en majorité de migrants mossi et la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) à majorité Vigué et Tiéfo.

Selon le préfet dudit département Adama Bonkoungou, c’est le mardi 21 juin, alors que les conseillers issus des élections municipales du 22 mai dernier étaient en séance d’élection du maire, quand un attroupement s’est formé. Les manifestants s’opposaient à ce que le maire soit issu d’une ethnie autre que les Vigué ou les Tiéfo. A en croire le préfet, le MPP qui détient 32 conseillers contre 20 pour la NAFA et 3 pour l’UNIR/PS, aurait proposé de présenter Saidou Sana, un mossi et ancien premier adjoint du maire. Toute chose qui laissait croire que le maire serait un mossi.

Cette proposition n’a pas été du goût des autochtones qui espéraient voir un des leurs à la tête de la commune. Le préfet a précisé qu’ils l’auraient manifesté lors d’une marche le 6 juin dernier. Au regard de l’allure de la manifestation, le préfet a demandé la suspension du processus et fait disperser la foule. « C’est après que les gens soient rentrés chez eux, que des affrontements ont commencé. Nous avons entendu des coups de fusils qui ont fait deux morts et de nombreux blessés », a expliqué M. Bonkoungou. Les Mossi ont alors appelé les membres de leur communauté des villages environnants à la mobilisation, pour venger les leurs. Le mercredi 22 juin 2016 dans la matinée, la situation était toujours très tendue, malgré la présence des forces de l’ordre.

Dans les villages environnants, c’était un conflit généralisé entre les deux communautés. Les Mossi incendiaient les maisons des autochtones et vice versa. Pour le chef de canton de la localité, les Mossi ont dirigé la  commune au cours des deux derniers mandats. « La gestion de la commune revenait maintenant aux autochtones », a-t-il estimé. De son avis, c’est le silence des autorités qui a conduit à cette situation. Pendant que nous étions sur le terrain, le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Antoine Atiou, est arrivé pour tenter d’apaiser la situation.

Après avoir écouté les deux camps, il a demandé à ce que chacun d’œuvrer pour un retour à la paix. Le Chef de canton a donc demandé que les autorités prennent en compte leur doléance.  De leur côté, les mossi ont dit se remettre à la décision des autorités. Le gouverneur a indiqué que qu’en pareil circonstance, c’est le préfet qui assurera la continuité de l’administration en attendant l’élection prochaine du maire. M. Atiou a aussi laissé entendre que face aux affrontements qui se poursuivent, il a demandé l’appui de l’armée qui a répondu favorablement. De retour aux environs de 15h, notre équipe de reportage a effectivement rencontré un contingent de militaires en route pour Karangasso-Vigué.

AIB

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *