Les étudiants burkinabè boursiers en France crient « A l’aide ! »

La tribune suivante est un appel à l’autorité publique fait par un étudiant sur les arriérés de paiement des bourses aux étudiants en France.

« Y’en a ras-le bol » voici le sentiment d’exaspération que partage l’ensemble des étudiants boursiers du Burkina Faso en France. En effet, pour certains, depuis leur arrivée en France en tant qu’étudiants boursiers, ils constatent des retards : « Cela fait maintenant 5 ans que je suis boursier, et chaque année au moins 3 fois dans l’année, nous constatons des retards. Au début, on arrivait à gérer parce qu’il s’agissait d’un retard d’une ou de deux semaines. Mais lorsque tu as un mois de retard ou plus cela devient vite ingérable. Et lorsqu’en ce moment tu es obligé d’appeler pour avoir des informations auprès du service qui s’occupe des étudiants et que tes interlocuteurs te font savoir qu’ils n’en savent rien, ou parfois divulguent de fausses informations, moi je dis clairement c’est du [sic] gros foutage de gueule » témoigne un boursier très mécontent de la situation qu’il partage avec ses camarades.

Il revient très souvent, dans les témoignages que nous avons recueillis, une très faible communication de l’ambassade, plus précisément du service culturel qui ne daigne même pas envoyer un mail pour alerter les jeunes des possibilités de retard : « S’il y a un minimum que doivent à tout prix faire les services responsables de la gestion de cette bourse, ce serait de verser la bourse à temps le premier trimestre car c’est à cette période que beaucoup de changements se font. Certains à cause de leur master sont obligés de déménager, de changer de ville, sans compter qu’il y a les frais de scolarité à payer, les fournitures à acheter, les abonnements de transports en commun, la sécurité sociale, la mutuelle des étudiants…

Ce sont autant de dépenses obligatoires, et toutes nos économies y passent. Donc imaginez dans quelle situation nous sommes, et les retards amplifient cette crise, pff ». Comme cet étudiant, ces jeunes sont actuellement dans une situation précaire, obligés de serrer la ceinture, de ne manger plus qu’un repas par jour pour certains. À cela s’ajoutent les différentes relances de bailleurs pour les arriérés de loyer, les factures impayées d’électricité et d’internet, etc.

Une pétition avait été auparavant faite auprès du dit-service pour réclamer une amélioration de leur communication. Bien évidemment, Ils n’ont pas pris en compte les attentes des étudiants boursiers : « Nous avons, en 2015, fait une pétition que nous avons envoyé directement à l’ancienne conseillère sur le retard des bourses vu que cela faisait deux mois que nous attendions notre bourse, elle devait nous être virée en octobre 2015, mais nous ne l’avons reçue qu’en fin novembre pour certains [la majorité], donc deux mois de retard.

Elle nous avait répondu en disant qu’elle n’était pas responsable des retards, que le CIOSPB s’occupe du transfert des fonds suivant une correspondance sur le statut du renouvellement des étudiants, chose que nous acceptons et nous comprenons. Pendant un certain temps nous avons constaté une amélioration au niveau de la communication. Le service nous a envoyé un mail pour statuer sur le retard de la bourse d’avril de la même année. Ainsi, nous avons pu nous préparer à cette éventualité et nous avons pu palier ce retard.

Puis après, silence radio. Plus aucune information ne nous était transmise mis à part sur le renouvellement de la bourse ou les billets de mi-parcours. S’ils l’ont fait une fois pourquoi ne pas le faire tout le temps, ça prend juste 10 minutes de rédiger un mail et de le faire parvenir à tout le monde. Ils savent bien, à des périodes préétablies, que les étudiants attendent leurs bourses. Si à cette date vous ne recevez rien, faites juste un mail pour expliquer la situation. C’est simple et ça nous calmera. A la limite, ils pourraient même anticiper l’envoi des mails parce qu’ils savent bien que si l’argent n’a pas été envoyé à une certaine date, nous, les étudiants, nous ne recevrons pas notre bourse à temps ».

Certains étudiants en viennent à se demander si l’ambassadeur, qui est leur représentant sur le territoire français, a conscience des différentes situations qu’ils traversent : « Nous avons joint l’ambassade pour avoir des nouvelles de la bourse. Le secrétariat du service culturel nous a fait savoir que l’argent leur avait été viré. Cependant, du fait de nombreux changements, notamment l’arrivée d’un nouveau conseiller culturel, mais aussi et surtout de la non présence du trésorier qui est parti en vacances, ils ne pourront pas nous transmettre ce qui nous revient de droit.

Cela fait plus d’un mois que nous attendons notre bourse, qui en plus est la bourse de début d’année ; attendu impatiemment par beaucoup d’entre nous, car nous avons eu notre scolarité à payer en plus des loyers et des factures, toutes nos économies y sont passées. Et parce qu’un « Monsieur » a décidé de partir pour ses vacances, nous sommes totalement bloqués. Pour toute une ambassade, c’est inimaginable qu’une personne puisse jouer avec la vie de plusieurs personnes. Il a pris ses congés, chose normale pour toute personne qui travaille. Mais le contexte ne sied pas. Ils savent bien que le CIOSPB doit leur transmettre l’argent pour les boursiers. Pourquoi ne pas designer une personne hautement qualifiée pour autoriser la sortie des fonds ?

Pourquoi, son excellence Monsieur l’ambassadeur, ne peut-il pas émettre une dérogation pour nous permettre de recevoir notre argent ? Nous sommes pour la plupart des boursiers de longue date, vous avez reçu l’argent pour certains d’entre nous, vous avez nos coordonnées bancaires enregistrés, vous avez une liste ; transmettez-nous ce qui nous vient de droit le plus vite possible. Vraiment, nous ne comprenons pas ! Nous réclamons des explications et la prise de mesure pour que de tels agissements ne se répètent plus ». Comme vous l’aurez constaté, la frustration bat son comble et cela pourrait porter préjudice aux résultats scolaires des étudiants.

En outre, ces étudiants en quête d’amélioration de leurs conditions de vie à l’étranger, ont décidé de mettre en place une association. Cette initiative a pour objectif d’établir un pont entre les étudiants et les services concernés. Cette alternative pourrait tenter de résoudre les problèmes de communication rencontrés depuis plusieurs années et de calmer la frustration des protestataires.

Cependant, ils ont tenu à informer les autorités et à faire passer un message auprès des différentes institutions responsables concernées : « Nous ne voulions pas en arriver là, mais vu que la situation ne s’améliore pas, on se doit de se mobiliser afin de faire évoluer les choses, pas seulement pour nous mais aussi pour les futures générations. Nous demandons à Monsieur le Ministre des enseignements secondaire et supérieur, au Directeur du CIOSPB, à la responsable du service culturel à l’ambassade du Burkina Faso à Paris, de trouver une solution afin d’améliorer les conditions de vies des étudiants boursiers. Nous sommes venus en France pour étudier, et nous l’avons toujours bien fait. Nous honorons année après année notre contrat vis à vis de vous ! Nous vous conjurons d’en faire de même. Faute de quoi, nous serions obligés d’employer d’autres moyens pour nous faire entendre par l’autorité »

Un étudiant burkinabè en France

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