Fada N’gourma: 51 conseillers démissionnent

Après l’élection du maire et des membres du bureau du Conseil municipal de la commune de Fada N’Gourma, qui a vu le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et les partis membres de la majorité remporter tous les sièges, l’opposition politique s’est dite contrainte, au vu de cette situation et pour bien d’autres raisons, de ne pas reconnaître ledit bureau en démissionnant. Elle l’a signifié dans la soirée du 13 juillet 2016 à l’opinion publique communale, à travers une conférence de presse au siège de l’Union pour le progrès et le changement (UPC).
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Présidée par le conseiller Dramane Ludovic Parfait Thiombiano, cette conférence de presse avait pour objectif de donner les raisons de la démission des 51 conseillers municipaux. Selon M. Thiombiano, c’est l’occasion de montrer aux fils et filles de Nungu, qu’étant exclus de fait du processus de développement de la commune selon le mandat que les citoyens ont donné à l’opposition, 51 conseillers municipaux ont démissionné de toutes les instances du Conseil municipal et demandé la dissolution du bureau du conseil et la reprise des élections. Des correspondances notificatives ont été adressées à qui de droit et on attend la suite. C’est donc dans le souci d’éclairer l’opinion publique sur tout dérapage qui surviendrait dans la gestion dudit conseil, que cette conférence de presse a été organisée. « L’opposition s’est vue obligée encore d’arrêter certaines manœuvres qui risquent de paralyser cinq années de développement de notre chère commune » de Fada N’Gourma, ont déclaré les animateurs de la conférence de presse qui reprochent au parti majoritaire qui compte 49 conseillers d’avoir décidé d’ignorer l’opposition qui en compte 47, malgré sa disponibilité affichée à travailler en synergie pour la construction de la cité de Yendabli, en s’accaparant de tous les postes. Ce, au mépris de la représentativité électorale (47%) et des compétences exceptionnelles dont elle regorge, ont-ils ajouté.

« Constatant donc qu’elle est méprisée et qu’elle ne pourra pas avoir son mot à dire dans les sessions du conseil, l’opposition et tous les coalisés n’avaient d’autre choix, étant acculés vers la sortie, que de désavouer « un bureau taillé à la mesure du maire élu pour pouvoir  faire toute chose à sa guise sans contestation » en démissionnant, ont-ils renchéri. Selon Charles Thiombiano du CDP, « en excluant toute l’opposition, la majorité compte diriger toute seule une si grande commune comme celle de Fada ». « C’est pour cela, a-t-il poursuivi, que nous avons pris l’engagement, au regard de l’article 240 du Code général des collectivités territoriales, de marquer notre désolidarisation totale de ce conseil. Nous prenons l’engagement de ne pas participer aux sessions. Voilà ce qui nous a amenés, objectivement, à aller à la démission », a-t-il expliqué. Les démissionnaires disent vouloir demander à la majorité de réviser sa position. « Si elle le veut, nous passerons par la négociation ; au cas échéant, nous ferons poursuivre la procédure administrative », a-t-il soutenu. Avec cette démission de 51% des conseillers, va-t-on vers une reprise de l’élection du maire et du bureau du conseil ou vers une délégation spéciale ? Ont voulu savoir les personnes présentes à la conférence. Les conférenciers ont répondu que ce n’est pas à eux qu’appartient la décision. « Nous avons démissionné des instances et c’est tout. La bonne décision viendra d’ailleurs », ont-ils indiqué. M. Ernest Ouédraogo de l’UPC a justifié cette démission en ces termes : « malgré la bonne volonté de l’opposition d’accompagner l’exécutif de la commune pour un développement harmonieux, nos adversaires ont surtout gardé leur ligne qui est de concentrer tout en leur sein. Le conseil regorge de compétences dans tous les domaines. Malgré cela, la majorité a jugé bon  de confier la présidence des commissions telles que la Commission environnement et développement local, la Commission aménagement local et gestion foncière  à des conseillers dépourvus de toute notion alphabétique. Si nous analysons cette situation, nous disons qu’elle est un manque de volonté réelle de développement de la commune de Fada. C’est pourquoi nous n’allons pas cautionner un bureau dont le bilan catastrophique est déjà connu et encore moins accepter d’en être comptable ».




Ce sont 51 conseillers titulaires et 94 suppléants qui ont démissionné librement, volontairement et sans aucune promesse monétaire ou autre avantage, selon le cabinet d’huissiers de Me Alexis Ilboudo qui a supervisé les travaux de l’Assemblée générale de démission des 2 et 3 juillet derniers. Les contestataires représentent donc 51% du conseil et s’attendent dans les prochaines semaines à la reprise de l’élection du maire et des membres du bureau du conseil ou à ce que la commune soit sous délégation spéciale. Les conseillers MPP qui ont démissionné, par la voix de leur porte-parole, Djibril Traoré, ont expliqué les raisons de leur démission en ces termes : « Nous avions demandé à nos camarades d’impliquer tous les partis à la gestion de la commune et ils ont refusé. C’est pourquoi nous ne nous reconnaissons pas dans une décision qui n’honore pas Fada ; vu que la partie en face représente presque la moitié des suffrages des citoyens de la commune. Aussi, pour exprimer notre mécontentement face à cette manière de faire, nous avons choisi librement de démissionner de toutes les instances de ce conseil et demandons sa dissolution pure et simple et la reprise des élections. Nous protestons contre la configuration du bureau mais nous n’avons pas démissionné du MPP ».

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