Libéré par ses ravisseurs, le comptable de Diguel raconte son rapt

Enlevé le 7 septembre dernier, le comptable de la mairie de Diguel dans le Soum, Ali Tamboura,  libéré le Samedi 09 Septembre raconte à nos confrères de Sidwaya son enlèvement et les conditions de sa détention. Extrait

 Le jeudi 7 septembre, j’étais à la mairie en train de travailler, quand un groupe d’individus, au nombre de sept sur cinq motos, y ont fait irruption. J’ai pris la fuite, ils ont tiré sur moi deux fois. Je me suis laissé tomber, faisant le mort, alors que les balles ne m’ont pas atteint. Ils sont arrivés à ma hauteur, un d’entre eux, apparemment le chef, leur a demandé de couper ma tête, si je suis mort. Au cas contraire, de m’amener vivant, ce qu’ils ont fait. Je me suis relevé et ils m’ont pris.

Ils sont allés pour chercher le forestier, ils ne l’ont pas eu. Mais, en cours de route, ils ont arrêté un jeune du village du nom de Bakaye Goro qui revenait du champ et tenait une arme de fabrication locale. C’est en ce moment que mes yeux ont été bandés. Ils nous ont amenés, tous les deux, dans un endroit inconnu. Je sais simplement que c’est dans une forêt, où le calme plat était, par moments, déchiré par des cris d’oiseaux. Nous avons été détenus ensemble, menottés. Durant tout mon séjour,  mes yeux étaient bandés. On mangeait deux fois par jour. 

C’est un calvaire total. Parce qu’on ne savait pas ce qu’on mangeait. C’est aussi l’eau de rivière que nous buvions. Il y avait une rivière dans la forêt. C’est d’ailleurs au bord de cette rivière que nous dormions, à la merci des moustiques. Nous n’étions pas libres de nos mouvements. Pour dormir, ils menottaient nos mains, et le jour, ils ajoutent nos pieds. Durant tout ce temps, nous n’avons pas vu la lumière.

C’est dans ces conditions que nous étions détenus. Ils m’ont dépouillé de ma moto, de mes deux téléphones portables ainsi que d’une somme de 80 000 FCFA que j’avais dans mon portefeuille, ma carte d’identité, mon sac de bureau. 

 Ils voulaient le comptable parce qu’en février 2017, la mairie fut attaquée. En son temps, nous avons plaidé auprès du ministère en charge de l’administration territoriale, pour avoir du matériel afin de continuer à travailler. Ils ne veulent pas que la mairie fonctionne. Ils se sont renseignés et ont appris que c’est le comptable qui est derrière tout ça. Ils m’ont dit que comme je tiens toujours à ce que la mairie vive, et qu’eux sont contre l’administration, alors ils me tueront et la mairie mourra aussi.

 

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