Réformes politiques au Burkina Faso: le constitutionnaliste Abdoulaye Soma suggère l’équilibre au niveau de la gouvernance

Le constitutionnaliste burkinabè, Pr Abdoulaye Soma, enseignant de droit à l’Université Ouaga1, Pr Joseph Ki-Zerbo, lors d’un panel où il a été invité samedi à Ouagadougou, a suggéré qu’il faut au Burkina Faso, une gouvernance qui privilégie l’équilibre.

«En termes de réformes qu’il faut actuellement faire au Burkina Faso, j’ai suggéré que l’on fasse celles qui promeuvent l’équilibre au niveau de la gouvernance, en termes de régions, de religions, d’ethnies et de colorations politiques (…)  parce que la démocratie n’est pas seulement le gouvernement de la majorité en écrasant la minorité», a déclaré le Pr Soma.

Pour lui, l’opposition, par exemple, doit avoir le droit de participer à certaines institutions de la république parce que ces institutions sont aussi réputées pour pouvoir être gouvernées ou gérées par elle.

Le paneliste a estimé également qu’il convient de faire des réformes plus profondes sur la transparence et la redevabilité pour sauvegarder les ressources financières et économiques de la république.

«A ce niveau, il y a beaucoup de choses à réformer et les réformes déjà engagées me paraissent insuffisantes. Il faut aller plus en profondeur pour faire en sorte que l’argent du peuple ne serve que le peuple », a-t-il relevé.

Le Pr Abdoulaye Soma a été invité par la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) à réfléchir sur les réformes qu’il faut faire pour promouvoir et renforcer la démocratie au Burkina Faso.

Il s’est prononcé exactement sur le thème : «Quelles solutions susceptibles de contribuer à la consolidation du processus et à la promotion de la culture démocratique dans notre pays ?»

Le constitutionaliste a commencé son intervention par les deux principes qui doivent guider toutes réformes dans toute bonne démocratie.

Pour lui, il s’agit premièrement du principe de «conventionnalisme constitutionnel», c’est-à-dire que les règles fixées dans la constitution d’un Etat démocratique doivent être négociées et convenues par les composantes du peuple dans leur ensemble.

«En aucun cas, ces règles ne peuvent être posées unilatéralement par une famille politique. C’est pourquoi, l’on entend parler souvent de pacte social ou  de contrat social pour désigner des règles discutées et convenues entre les personnes», a-t-il argumenté.

Le deuxième principe, toujours selon Abdoulaye Soma, est celui du «consensualisme institutionnel», à savoir que les grandes institutions d’un pays doivent faire l’objet d’un accord entre les composantes essentielles de la société pour être créées ou être supprimées.

«On ne peut pas créer unilatéralement une institution de la république ou la supprimer sans une consultation préalable de ses composantes», a-t-il expliqué, avant de faire remarquer que la récente nomination du Haut représentant du président du Faso en est une illustration regrettable.

Le Pr Soma a été invité au panel de la CODER, avec d’autres panelistes, enseignants d’Université et/ou acteurs de la société civile burkinabè tels que les Pr Albert Ouédraogo, Abdoul Karim Saidou, Djibrina Ouédraogo et Siaka Coulibaly.

Le thème général du panel a été intitulé : «Processus démocratique au Burkina Faso de ,1960 à nos jours: Bilan, enjeux, défis et perspectives».

Donnant le sens de l’initiative, l’actuel président de la CODER, Rasmané Ouédraogo a souligné que l'objectif est de contribuer à créer une société burkinabè que tout le monde appelle de ses vœux, à savoir «une société en laquelle chaque Burkinabè se reconnaît, où tous les Burkinabè s'acceptent malgré leurs différences, où tous les Burkinabè sont effectivement des Burkinabè».

A entendre M. Ouédraogo, il s’agit d’un chantier ouvert dans l'espoir que d'autres acteurs vont contribuer à son renforcement.

Agence d’information du Burkina

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