Ceci est une lettre ouverte adressée au premier ministre, Yacouba Isaac Zida, par le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP), et de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC). Ils présentent leur déception face à la gestion du dossier Norbert Zongo par le gouvernement, car, estiment-ils, alors que la transition tire vers sa fin, « le constat est bien triste et amer ».
Son Excellence Yacouba Isaac ZIDA
Premier ministre
Excellence Monsieur le Premier ministre,
Ce triste anniversaire marquera dix-sept longues années de lutte acharnée contre l’impunité de crimes de sang et de crimes économiques au cours desquelles, notre peuple aura fait la preuve, aux yeux du monde entier, de son refus de l’arbitraire, ainsi que de son rejet de la violence et de la barbarie comme modes de gestion du pouvoir d’Etat. Et durant toutes ces années, notre peuple s’est forgé, dans l’adversité, une âme combattante et un sens aigu du caractère sacré de la liberté et de la démocratie.e 13 décembre 2015, et pour la dix-septième année consécutive, les démocrates, révolutionnaires, patriotes et tous les citoyens burkinabè épris de paix et de justice commémoreront, sur l’ensemble du territoire national et au-delà de nos frontières, le triste et tragique anniversaire de l’assassinat de Norbert ZONGO et de ses compagnons d’infortune.
Excellence Monsieur le Premier ministre,
Vous le savez certainement, ces longues années de mobilisation et de lutte ont largement contribué à l’éveil de la conscience citoyenne et politique de nos vaillantes populations et de ce fait, à l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui vous a consacré à votre poste actuel. La chute du régime de Blaise COMPAORE avait légitimement fait naître l’espoir que des actes forts seraient entrepris tendant à mettre fin à l’impunité dans notre pays. Espoir que justice serait rendue à Norbert ZONGO et aux autres victimes de crimes impunis. Cet espoir fut conforté par votre présence à la place de la révolution le 13 décembre 2014. Ce jour-là, à l’occasion de la commémoration du 16ème anniversaire des assassinats de Sapouy, vous avez, publiquement, pris l’engagement solennel d’œuvrer à ce que justice soit rendue à Norbert ZONGO, en ces termes : « le message est très clair : le peuple veut la justice. Alors je puis vous rassurer que la justice sera rendue au camarade Norbert ZONGO. Justice sera rendue à tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines du Président Blaise COMPAORE. Nous allons y travailler ».
Excellence Monsieur le Premier ministre,
Une année après vos déclarations et alors que la transition tire vers sa fin, le constat est bien triste et amer. Bien que rouvert, le traitement du dossier Norbert ZONGO n’a pratiquement pas évolué, malgré vos multiples engagements, de sorte que les assassins de « votre » camarade courent toujours.
Ce 13 décembre 2015 encore, les militantes et militants du CODMPP et de la CCVC se retrouveront pour dénoncer l’inaction de votre Gouvernement qui, sur le dossier Norbert ZONGO, n’a guère fait mieux, quant au fond, que les Gouvernements successifs de Blaise COMPAORE.
A quelques semaines de la fin de la période de transition, la persistance de l’impunité, notamment dans l’affaire Norbert ZONGO, constitue ainsi un échec du Gouvernement que vous avez dirigé. Notre peuple qui a consenti d’énormes sacrifices depuis l’insurrection populaire, méritait certainement mieux.
En vous réitérant notre profonde déception sur le sort que votre gouvernement a réservé au dossier Norbert ZONGO, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre considération et surtout de notre détermination à poursuivre le noble combat pour la vérité et la justice dans l’affaire Norbert ZONGO et pour toutes les autres victimes de crimes impunis dans notre pays.
Pour les Coordinations nationales du CODMPP et de la CCVC
Chrysogone ZOUGMORE. /
Président du MBDHP
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