Burkina: Construction d’un Etat de droit au Burkina Faso

L’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM)  a organisé, le jeudi 15 octobre 2015 à Ouagadougou, une conférence publique sur le thème : «Les conditions de construction d’un véritable Etat de droit démocratique au Burkina Faso». La conférence a été animée par le Pr Laurent Bado.

 

// «La 4e République se caractérisait par un régime présidentiel avec un parti gouvernemental ultra dominant érigé en parti-Etat totalitaire… Aussi, la justice était la justice du plus fort, du plus riche et du plus long bras». C’est de cette façon que le Pr Laurent Bado a peint le pouvoir de Blaise Compaoré, lors d’une conférence sur : « Les conditions de construction d’un véritable Etat de droit démocratique au Burkina Faso », le 15 octobre 2015 à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Dans une salle qui a refusé du monde, le conférencier avec à ses côtés, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Augustin Loada, comme modérateur, a tenu en haleine le public. «Les crimes économiques et de sang bénéficiaient d’une impunité», a-t-il dit haut et fort. Le parti-Etat tirait sa légitimité par l’organisation d’élections entachées de fraude et d’achat de conscience, selon lui. Le Burkinabè avait soif de changement. D’où la révolution d’octobre pour chasser Blaise Compaoré.  Le gouvernement de la Transition est mis en place pour 12 mois avec en toile de mire un travail de fond dont la mise en place des réformes et l’organisation des élections présidentielle, législatives et municipales. Le conférencier pense que le plus dur reste à venir «Le pire n’est pas derrière nous, il est devant nous», a-t-il laissé entendre. Les conditions de construction d’un véritable Etat de droit démocratique au Burkina Faso passe par l’établissement du sens civique et de la bonne gouvernance. Pour restaurer le sens civique, il faut une société disciplinée. «Sans discipline, il n’y a pas de paix. Quand tout le monde est maître, tout le monde est esclave», a-t-il dit. Et c’est pourtant ce qui a caractérisé le régime déchu. C’était «Respecter le fauteuil présidentiel et faites tout ce qui vous plaît», selon le conférencier. «Le sens civique, c’est faire prendre conscience à chacun de ses devoirs, de ses responsabilités dans la cité. C’est adopter le principe de la cohésion solide avec des lois et des règles respectées par tout le monde», a-t-il soutenu. Le Burkina Faso était, avant l’insurrection, plongé  dans une situation où tout cela était foulé aux pieds. La loi était violée car, le citoyen avait l’impression que l’Etat n’était pas là pour tous. Un véritable Etat de droit, selon le Pr Bado, se construit sur la conscience des responsabilités. Il faut travailler à faire comprendre au citoyen qu’il faut l‘action de tous pour que le pays aille bien.

La bonne gouvernance
La bonne gouvernance est l’une des conditions indispensables à la construction d’un véritable Etat de droit pense le conférencier. Pour lui, il faut une bonne gouvernance à tous les niveaux : politique, administrative et institutionnelle. C’est ainsi, qu’il pense que le nombre pléthorique de partis politiques, le mode de scrutin basé sur le suffrage universel direct, le retard dans les services publics, l’implication des chefs traditionnels dans la politique, l’achat de conscience… sont autant de maux qui minent la démocratie burkinabè. S’attardant sur l’exemple du retard, il a souligné que la Transition doit mettre de l’ordre dans les services et a confié que dans l’administration publique, l’agent qui vient tôt croise celui qui arrive tard.  C’est dans cette optique, qu’il a avancé que le secteur de l’éducation doit être réformé. Pour lui, l’école est devenue un fonds de commerce juteux qui attire les commerçants. Pour conclure, Laurent Bado s’est dit convaincu d’une chose : « Tous nos maux viennent d’une seule chose, le mimétisme. On est incapable de réfléchir nous-mêmes».  Comme à chacune des conférences du Pr, le public était au rendez-vous. Des principales questions qui ont été posées, on peut retenir la prolifération des O rganisations de la société civile (OSC). Pour le conférencier, cela relève de la faiblesse de l’Etat. Il a annoncé qu’il n’y a pas de doute que certaines OSC sont financées par des  partis politiques. A ceux qui pensent que Laurent Bado s’est retiré de la scène politique, il a dit qu’il n’y a pas de retraite politique pour un citoyen.

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