Le conseil municipal déchu de Saponé a organisé, le jeudi 15 février 2018 à Ouagadougou, une conférence de presse au sujet de la crise sociopolitique dans la commune. Le maire Abdoulaye Compaoré et ses collaborateurs disent avoir attaqué, en justice, la décision gouvernementale de dissoudre leur entité en décembre 2017.
On ne finira décidemment pas de sitôt avec la crise sociopolitique, qui secoue la commune de Saponé, désormais sous délégation spéciale. Le conseil municipal, dissous le 14 décembre 2017 à la suite de violentes manifestations, n’entend pas se laisser faire face à la décision gouvernementale. L’édile, Abdoulaye Compaoré, issu du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses collaborateurs déchus, ont attaqué la mesure de l’exécutif, perçue comme un «abus de pouvoir», en justice.
«Les conseillers municipaux, toutes obédiences confondues, au nom des populations, ont introduit un recours en annulation du décret de la dissolution du conseil municipal et demandent l’annulation du décret de la mise de Saponé sous délégation spéciale auprès du Conseil d’Etat. La procédure est peu respectueuse de la légalité (…) », a déclaré le bourgmestre révoqué, à la conférence de presse du jeudi 15 février 2018 portant sur l’affaire. Cette démarche, a-t-il expliqué, a été entreprise pour barrer la route à une certaine injustice.
Ce, d’autant plus le conseil municipal, dont il présidait aux destinées, fonctionnait «correctement», avec une majorité de 60 conseillers sur 80. «La population de Saponé a le sentiment que l’infime minorité qui a utilisé la violence pour obtenir la dissolution du conseil municipal et sait pourquoi elle se réjouit de la mise de Saponé sous délégation spéciale est plus écoutée, mieux entendue voire crainte par le gouvernement», a-t-il regretté, insistant sur le fait d’avoir été élu légalement.
Parallèlement, a indiqué le désormais ex-maire de Saponé, le Médiateur du Faso, Saran Séré/Sérémé, s’est autosaisi du dossier et des concertations sont en cours. «Nous voulons que la médiation porte fruit, mais nous n’avons pas bon espoir, car les gens de l’autre camp sont divisés là-dessus», a-t-il dit. M. Compaoré, entouré à l’occasion de son premier adjoint, Jean Christophe Roamba et d’un autre fils de la localité, l’enseignant de droit à l’Université de Ouagadougou, Kuilga Nikiéma, trouve que le pouvoir en place veut «punir» Saponé, pour contenter un individu.
En l’occurrence son adversaire à l’élection au poste de maire et candidat officiel du MPP, Madi Ouédraogo, qu’il a battu à 45 voix contre 35. Le maire espère alors, que la bataille judiciaire, comprenant une procédure de référé suspension, va aboutir en sa faveur, car l’heure est grave. «Depuis que nous avons été débarqués, tout est bloqué à Saponé.
Aujourd’hui, il n’est pas possible de faire établir un acte de naissance ou tout autre document. Le personnel de la mairie est sans salaire, parce qu’il n’y a plus d’ordonnateur», a fait remarquer M. Compaoré. Et ce qui inquiète davantage le maire, pour qui, l’heure n’est plus aux querelles politiques mais à la défense des intérêts de Saponé, c’est le retard constaté dans la mise en place de la délégation.
«La délégation spéciale n’est pas encore mise en place. Nous avons appris que le haut-commissaire a adressé une correspondance aux jeunes pour désigner leurs représentants. Cela devra aussi être le cas avec les autres couches sociales», a –t-il rapporté. Mais l’opérationnalisation de la délégation spéciale pourrait poser problème, du point de vue juridique, d’après l’universitaire Kuilga Nikiéma. «Le décret prévoit que c’est le préfet de Saponé, qui est habilité à diriger la délégation. Alors que la loi dispose qu’en cas d’une seconde dissolution, comme c’est le cas, le président doit être désigné par les membres de la délégation», a commenté celui-ci. Le maire Compaoré est-il déçu au point de quitter le MPP à la vue de cette affaire ? « Je suis toujours membre du MPP. J’y suis depuis les premières heures de sa création. Malgré le fait que j’ai le sentiment que le parti ne m’a pas soutenu dans cette affaire, je lui reste fidèle », a répondu le bourgmestre révoqué. Toutefois, il dit regretter que son parti n’ait pas «bien» gérer l’élection du maire à Saponé.
Sidwaya
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