Déclaration des Organisations de la société civile (OSC) sur le projet d’aménagement de la Rocade Sud –Est du boulevard des Tansoba à Ouagadougou (sur un itinéraire de 6,5km)
La conférence de presse de ce jour porte sur la réfection du boulevard circulaire impliquant des décisions inappropriées prises par le gouvernement.
Une décision du ministre des infrastructures sur le financement de la réfection du boulevard circulaire (longue de 6,5 km) est caractéristique de la mauvaise gestion et nécessite une dénonciation et une interpellation de la part de la société civile qui veille sur les finances publiques.Nous estimons que cette affaire est assez grave et surtout en déphasage avec les espoirs suscités depuis l’avènement du Burkina nouveau ,nouveau, chèrement payé au prix de multiples vies humaines et de sang versé des burkinabè épris de justice sociale.
La décision est encore rattrapable, ce qui nous amène à interpeller le Président du Faso afin qu’il l’arrête purement et simplement dans l’intérêt supérieur du Peuple burkinabè qu’il a juré de servir loyalement.
Courant 2015, le gouvernement Japonais a fait un don au Burkina Faso d’un montant de 22 milliards de FCFA, destiné à la réfection du tronçon de 6,5 kms du Boulevard des Tansoba, connu sous l’appellation de Boulevard Circulaire situé entre l’échangeur de l’est et celui de Ouaga 2000.
Toutes les études de faisabilité ont été réalisées, à savoir :
-topographiques ;
-géotechniques ;
-déplacement des réseaux (ONATEL, ONEA, SONABEL etc.);
– d’impact social et environnemental.
Ces diverses études ont été financées à hauteur d’environ 500 millions de FCFA, sont actuellement au stade de validation.
il nous est revenu que lors de la rencontre sur l’étude préparatoire du projet tenue du 7 février au 27 mars 2016 la partie burkinabè, donc le Ministère des Infrastructures, prétextant de ce que la procédure de financement Japonaise étant longue (selon les principes du système de coopération financière non remboursable du Japon, le dossier devra être bouclé fin 2017), a demandé à la partie Japonaise de réaffecter le financement du projet pour l’aménagement de Rocade Sud –Est du Boulevard des Tansoba à d’autres tronçon notamment :
-la section de la rocade nord ;
-voie parallèle à la rocade Sud-Est ;
-tronçon RN 6 allant de l’Hôtel Palace jusqu’à l’hôpital Blaise Compaoré ;
-tronçon allant du rond-point du 2 Octobre jusqu’au marché de Baskuy ;
-embranchement Avenue de la liberté/ Avenue Kumda Yooré ;
-route de Karpala.
En ce qui concerne le projet initial dont la réalisation était assuré gratuitement par le gouvernement japonais (l’aménagement de Rocade Sud –Est du Boulevard des Tansoba), le gouvernement Burkinabè, aurait engagé une procédure de prêt d’un montant de 20 milliards de FCFA auprès de la Banque ouest africaine de développement (BOAD).
Un accord de prêt à cet effet aurait été signé le 24 juin 2016 à Lomé entre le gouvernement burkinabè et la BOAD portant sur un aménagement partiel et non total du boulevard.
Il est évident que la requête gouvernementale de réaffectation du don vers d’autres projets par ailleurs jugée inopportune par la partie japonaise sera sans doute annulée, car selon les procédures portant sur les dons au japon, cette somme objet d’un accord gouvernemental, ne peut plus être réaffectées à d’autres projets.
En clair, si le gouvernement burkinabè introduit une demande de réaffectation du don pour la réalisation d’autres projets, le gouvernement japonais n’aura d’autre choix que d’annuler le don de 22 milliards.
La question essentielle pour nous est de savoir quel est l’intérêt d’un pays comme le Burkina Faso, déjà fortement endetté et pauvre, de refuser un don pour s’endetter ?
Le gouvernement burkinabè, à travers sa décision, a-t-il évalué les implications en matière de coopération future entre le Japon et le Burkina Faso ? Les pertes en termes d’opportunités de financement du développement de la part du Japon ont-elles été suffisamment calculées avant la prise de la décision du ministère des infrastructures ?
En tout état de cause, nous estimons que la décision du prêt BOAD, en plus d’être un très mauvais choix sur tous les plans pour le pays, vraisemblablement, n’a aucune chance d’être débloqué avant fin 2016, eu égard aux procédures en matière de financement au niveau des institutions financières.
Aussi, nous appelons le Chef de l’Etat à instruire instamment son gouvernement en particulier, le Premier Ministre, le Ministre de l’Economie, des Finances et du Développement et celui des infrastructures, d’arrêter immédiatement la procédure en cours de prêt BOAD pour la réalisation d’un projet dont le financement est acquis par don, donc gratuitement offert, et de reprendre les négociations avec le gouvernement Japonais avant que celui-ci, ne décide d’annuler le don octroyé au Peuple burkinabè. Au demeurant, si la procédure de prêt doit continuer , il convient de la réorienter vers la réhabilitation des autres tronçons ci-dessus évoqués.
Ouagadougou, le 7 juillet 2016
Ont signé
Pour le Réseau des Organisations de la Société Civile pour le Développement (RESOCIDE) : Siaka COULIBALY
Pour l’Association Cercle D’éveil (CEDEV) : Evariste Faustin KONSIMBO
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