L’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC) a beau atermoyer, son audit sur la gestion de la Transition est enfin arrivé au perchoir. Et le président du parlement, le truculent Salifou DIALLO, n’entend pas le ranger dans les tiroirs. Toute chose qui trouble le sommeil de nombreux ministres du gouvernement ZIDA.
Après avoir semé le vent, le gouvernement de la Transition dirigé de main de maître par le Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac ZIDA est en voie de récolter la tempête. De sources concordantes, l’Assemblée nationale n’entend pas laisser passer par pertes et profits le pillage des biens publics (détournement des sommes d’argent, attributions illégales de parcelles, passations frauduleuses de marchés publics, etc.) par les ministres ‘’insurgés’’ c’est-à-dire membres du gouvernement de Yacouba Isaac ZIDA. En effet, des voix susurrent qu’à leur retour pour la session budgétaire le 28 septembre, les députés de la VIIè législature envisageraient de tenir une session extraordinaire pour voter des résolutions de mise en accusation de nombre de ministres du dernier gouvernement de la Transition sur la base du rapport d’audit de l’ASCE/LC qui laisse transparaître de nombreux scandales financiers. Une source bien introduite au sein de l’ASCE/LC nous apprend que les conclusions de l’audit sont tellement compromettantes que les contrôleurs d’Etat commis à la tâche se sont fait tancer par leur hiérarchie. Et il s’en serait suivi une empoignade entre ceux qui étaient pour ou contre la transmission rapide du rapport d’enquêtes à l’Assemblée nationale.
En tout cas, lors de son passage à l’émission ‘’sur la brèche’’ de la RTB, le patron de l’institution, Luc Marius IBRIGA, pour ne pas le nommer, interpellé sur les raisons de cette lenteur à mettre l’audit à la disposition du président du parlement a tenté de dissiper le malaise. Bottant en touche, il n’a pas trouvé mieux à dire que d’évoquer un problème de trésorerie pour faire les reliures. Certes, l’on comprend toute la peine qui est la sienne, quand on sait dans quelles circonstances le gouvernement de la Transition a nommé le ‘’monsieur propre’’ du Faso. Mais comme contraint à voir clair dans la gestion trouble de son ‘’mentor’’ d’hier, à savoir Yacouba Isaac ZIDA, Luc Marius IBRIGA n’a pas d’autre choix aujourd’hui que de se rendre à l’évidence d’un devoir d’ingratitude s’il veut encore sortir la tête un peu haute face aux multiples scandales financiers dont on accuse le sinistre régime de la Transition. La gêne est encore plus grande au niveau de l’ASCE/LC quand on sait qu’un des ministres insurgés régulièrement cités dans le scandale des parcelles détournées dans le quartier huppé de Ouaga 2000 et aujourd’hui Garde des Sceaux dans le gouvernement de THIEBA est aussi contrôleur d’Etat.
Hier, pourfendeurs de la gestion du régime COMPAORE au point de mettre aveuglement en accusation la quasi-totalité des ministres de son dernier gouvernement, aujourd’hui les autorités de la Transition doivent faire face au retour de bâton. Pour le moment, ce sont les ministres qui sont dans le viseur de la Haute Cour de Justice en attendant que l’on fasse la lumière sur la gestion du CNT également. Il est vrai que cette institution qu’est la Haute Cour de Justice paraît beaucoup plus un Tribunal politique qu’un instrument garantissant à un accusé le bénéficie de double degré de juridiction, mais si les dirigeants de la Transition n’en ont eu cure en son temps pour poursuivre les dignitaires du régime tombé par des coups de force devant elle, ils n’auront certainement pas à redire sur la question de principe universel du procès équitable. En attendant que le parlement mette en branle la procédure de mise en accusation des anciens ministres de ZIDA, c’est la panique à bord. Certains en voie de se reconvertir dans d’autres métiers comme celui d’avocat risquent de voir leur rêve brisé.
SD (In L'OPINION N°962)