Burkina: Coalition Zeph 2015, Déclaration liminaire de la conférence de presse

Les partis membres de la Coalition Zeph 2015 pour un Vrai Changement sont très heureux de vous accueillir à cette conférence de Presse, la première qu’ils organisent depuis l’élection présidentielle de Novembre 2015, et ce afin de vous tenir informés des activités de la Coalition et vous donner sa lecture de la situation nationale.




Nos remerciements vont aux partis politiques membres du CFOP qui ont accepté de rehausser de leur présence cette cérémonie. Notre coalition est heureuse et fière de travailler avec eux dans la grande famille de l’Opposition réunie autour du Chef de file de l’opposition.
Nos remerciements vont aussi aux OSC qui étaient du combat de l’ancien CFOP, aux côtés des partis membres de notre coalition. Au moment où se joue encore le destin de notre pays, notre coalition compte sur eux pour que, ensemble, nous puissions défendre les acquis de l’insurrection.
Enfin, nos remerciements vont à l’ensemble de la presse qui, comme d’habitude, n’a pas marchandé son intérêt pour cette conférence de presse, et dont le professionnalisme continu fait la fierté des Burkinabè.
Mesdames et Messieurs,
Il convient de rappeler, que la Coalition Zeph 2015 pour un Vrai Changement est née sous la Transition au sein de l’ancien CFOP, et regroupe des partis politiques de toutes obédiences (libéraux, sankaristes, communistes, socio démocrates, centristes etc..) qui ont choisi de défendre un programme intitulé « Le Vrai Changement » lors de l’élection présidentielle de Novembre 2015, programme porté par le candidat de la coalition, Mr. Zéphirin Diabré.
L’analyse qui a guidé notre démarche, c’est que par l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014 qui a mis fin au règne du régime de Blaise Compaoré, les burkinabè ne voulaient pas d’un simple changement d’équipe, mais plutôt d’un Vrai changement, d’une manière toute nouvelle de faire la politique et de répondre à leurs attentes.
D’emblée, la Coalition Zeph 2015 pour un vrai changement se posait en alternative face à d’autres candidatures au sein du même CFOP, qui, aux yeux des membres de la coalition, ne préfiguraient pas le vrai changement qu’attendaient les Burkinabè.
A la suite de l’élection, et prenant acte des résultats officiels, une délégation de la coalition est allée féliciter celui que les résultats de la CENI donnaient pour vainqueur, signifiant ainsi notre souci d’éviter l’aventure dans laquelle une contestation pouvait entrainer notre pays.
Dans le même temps, après une analyse objective de la nouvelle situation politique, les partis membres de la coalition ont décidé à l’unanimité de continuer à militer au sein de l’opposition démocratique, parce qu’ils n’étaient nullement convaincus que les nouveaux maîtres du pays étaient sur le chemin du Vrai Changement auquel aspirait le peuple insurgé.
C’est le lieu pour les partis membres de la coalition de remercier à nouveau les burkinabè qui ont offert leurs suffrages à son candidat, Mr Zéphirin Diabré, et lui ont permis d’occuper la seconde place à l’issue de cette élection.
En décidant de rester dans l’opposition, la Coalition Zeph 2015 signifiait par là même son intention de continuer à se battre pour un vrai changement, seule réponse crédible aux aspirations et attentes exprimées à travers l’insurrection populaire. Notre démarche, loin d’être celle d’une opposition systématique, se voulait constructive, fondée sur l’analyse que malgré l’élection, le Burkina était comme toujours en transition, et qu’il fallait laisser le temps à nos anciens compagnons du CFOP, de montrer ce dont ils sont capables.
Près de neuf mois après l’installation du nouveau pouvoir, le jugement de la Coalition Zeph 2015 est sans appel : nos anciens camarades du CFOP sont en train d’échouer lamentablement! Et leur échec nous désole, car il est présenté comme l’échec de tous les insurgés.
Le premier signe de leur échec était perceptible dès la proclamation de leur victoire. Au lieu de considérer celle-ci comme la victoire de l’ensemble des insurgés et des forces ayant animé le CFOP, ils ont tout de suite eu une attitude empreinte d’arrogance et de sectarisme, en faisant du pouvoir une sorte de festin réservé à eux et à leurs alliés de circonstance.
Dans la foulée, ils ont vite remis au goût du jour les mauvaises manières de gérer le pouvoir d’Etat qu’ils pratiquaient sous Blaise Compaoré. Comme les Burkinabè le constatent d’eux-mêmes, le nouveau-ancien pouvoir a vite fait de ramener à l’ordre du jour, toutes les mauvaises pratiques politiques qui avaient nourri l’insurrection. Il conçoit le pouvoir, non pas comme un instrument pour faire avancer le pays, mais comme une occasion pour promouvoir ses proches et ses alliés. La grande frustration née dans leurs rangs après la formation du gouvernement et qui du reste perdure à ce jour, montre à souhait que les nombreux cadres du CDP qui ont rejoint en son temps le MPP ne l’ont pas fait parce qu’ils pensaient à l’avenir de ce pays, mais parce qu’ils étaient préoccupés par les postes qu’ils pouvaient se distribuer. Cela est plus accentué avec le spectacle désolant que nombre de conseillers municipaux du MPP ont servi à notre pays lors des élections municipales. Toute chose qui a rappelé à tous les batailles de chiffonniers de l’ère Compaoré, du temps où les ténors actuels du MPP étaient les caciques du CDP. L’arrogance tant décriée autrefois sous Blaise Compaore a refait surface, à travers les mêmes personnes, qui visiblement n’ont pas retenu les leçons de l’histoire, et qui s’expriment du haut de leurs responsabilités comme s’ils étaient aux toilettes.
La politisation de l’administration est fortement de retour, et se double d’un clanisme qui illustre bien l’absence de vision commune au sommet. Les moindres postes techniques de l’administration sont réservés aux militants des partis au pouvoir, et pour satisfaire le trop grand nombre de prétendants, il a fallu même recourir à la création de postes de SG adjoints, toute chose qui ne s’explique pas dans le contexte financier difficile que vit notre pays.
La corruption est en train de redevenir une stratégie d’Etat, pour tenir les gens , comme le montre la tentative de musellement des syndicats de l’enseignement, par la distribution de bons d’essence, au moment où ceux-ci donnent de la voix pour faire valoir leurs revendications. La sale besogne va malheureusement au-delà des syndicats. Le pouvoir du MPP a littéralement acheté le silence de certaines OSC bien connues de la place, qui n’hésitaient pas à hurler sous la Transition contre le moindre écart, et qui, aujourd’hui, assistent bouche cousue à toutes les dérives de gouvernance de ce nouveau – ancien pouvoir.
Notre coalition admire le travail professionnel irréprochable que font l’écrasante majorité de nos journalistes, dans des conditions pas toujours faciles, surtout ceux de la presse d’Etat, malgré les tentatives multiformes de manipulation de l’information pour asseoir des contre-vérités sur le dos de l’Opposition et au détriment de la profession. C’est le lieu pour nous de réaffirmer notre solidarité aux syndicats de défense des journalistes.
Malgré les dénégations que l’on entend au plus haut sommet de l’Etat, et les discours grandioses sur l’indépendance de la justice, le MPP a toujours rêvé d’avoir une justice à sa botte, et n’hésite nullement, quand elle le peut, à instrumentaliser les juges proches de lui, à des fins bassement politiques. En regardant toutes les décisions de justice prises depuis l’arrivée du MPP au pouvoir, il faut vraiment être naïf, pour croire que tout se décide en totale indépendance. Dans le même temps, lorsqu’il se rend compte qu’une décision de justice instigué par lui passe mal dans l’opinion, le MPP instrumentalise les OSC à sa solde, afin qu’elles battent le pavé pour exprimer leur mécontentement. Cette tactique vise à monter l’opinion contre notre justice dans son ensemble, et se dédouaner à peu de frais.
Ce qui désole le plus nos compatriotes, c’est l’incapacité de ce nouveau-ancien pouvoir à relancer notre économie. Malheureusement, la démarche économique adoptée par le gouvernement est inadaptée. Tout le monde savait qu’en sortant de la Transition, notre pays se trouverait face à des difficultés économiques dont l’une des caractéristiques principales serait un manque criard de liquidités pour apurer la dette intérieure, huiler les rouages économiques et faire respirer à nouveau la machine économique.
Face à une telle situation, ce qui urge, c’est un plan vigoureux de relance à court terme. Au lieu de cela, le pouvoir du MPP nous embarque dans un plan de développement économique à moyen et long terme. Quand on n’a pas encore trouvé ce qu’on va manger le soir, on ne se préoccupe pas du mouton de la fête! Vu sous cet angle, il est de notre devoir de dire aux Burkinabè que la table ronde des bailleurs de fonds annoncée comme la solution à nos problèmes ne nous sortira pas de l’auberge. Les Burkinabè, qui ont déjà vu passer quatre tables rondes, savent très bien que toutes les sommes qu’on annonce à ce genre d’occasions, ne sont qu’une répétition de ce que les bailleurs de fonds avaient déjà prévu pour notre pays dans leur plans de coopération. Par expérience donc, nous pouvons dire que la table ronde n’apportera pas l’argent frais dont nous avons urgemment besoin pour relancer en trois mois notre machine économique. Elle sera comme d’habitude un dialogue de politique, c'est-à-dire un long bavardage pour finalement conclure que nos partenaires et nous avons la même vision du développement du Burkina Faso.
D’ailleurs, tous les Burkinabè savent que les multiples projets qui sont en cours d’exécution, y compris dans le cadre du fameux programme d’urgence, sont des projets dont les financements ont été négociés et bouclés depuis des années.
Dans sa quête effrénée et désespérée d’argent frais, le pouvoir du MPP a transformé le Burkina Faso en un Etat-Guaribou qui tend sa calebasse aux pays riches de la sous-région ou aux producteurs africains de pétrole. Il y a du reste quelque chose de pathétique à voir des sociaux-démocrates qui ne ratent aucune occasion pour fustiger le libéralisme, se précipiter à Abidjan chez le patron des libéraux africains, pour lui demander son aide afin de relancer notre économie.
Dans la même veine, et avec une certaine précipitation, le pouvoir taxe à tout vent la bière, boisson des pauvres, et oublie le Champagne et le Whisky, boisson des riches !
Les choses sont arrivées à un point tel qu’il n’est pas rare d’entendre dans les quartiers populaires, des citoyens vous dire haut et fort, que sous Blaise Compaoré, c’était mieux. C’est le pire des désaveux que l’on peut infliger à un insurgé ! Cette incapacité du gouvernement à gérer le pays est même dénoncée en des termes plus virulents par certaines hautes personnalités de l’Etat qui ne se gênent plus pour fustiger le manque d’audace et d’imagination du gouvernement. C’est à se demander si c’est eux qui sont au pouvoir ou si c’est quelqu’un d’autre qui gère le pays. S’agit-il d’une volonté de sabotage ? De démarcation ? Et à quelles fins, difficile de le dire.
S’il faut y voir la marque d’une cacophonie voire d’une lutte de pouvoir au sommet de l’Etat, il n’en demeure pas moins que ces jugements confirment bel et bien notre diagnostic, et montrent que la situation est très grave. Si le poisson sort de l’eau pour dire que les yeux du caïman sont rouges, qui peut le nier ?
Cette divergence au sommet de l’état n’est plus secrète. Elle est même devenue ouverte et publique, et se déroule quotidiennement par supporters interposés. Les burkinabé, qui ont déjà vu des pouvoirs à plusieurs têtes, savent très bien que cela finit toujours par une clarification et une décantation. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si cette clarification et cette décantation auront lieu, mais quand est ce que elles auront lieu et qui en sortira vainqueur.
Mesdames et messieurs,
La situation actuelle de notre pays interpelle directement tous les insurgés qui ont cru que l’après insurrection serait marquée dans notre pays par l’émergence des nouvelles valeurs pour lesquelles certains de nos camarades ont donné leur vie.
Malheureusement pour nous tous, nos anciens compagnons du CFOP sont en train de « verser la figure des insurgés par terre ». Si nous n’y prenons garde, si nous ne nous levons pas, nous risquons en tant qu’insurgés de payer très cher un jour!
C’est pour cela que notre coalition a décidé de poursuivre et d’amplifier son combat pour le vrai changement, aspiration légitime de notre peuple. Pour ce faire, notre coalition va se réorganiser, s’élargir à de nouveaux partis politiques et aux OSC, relancer le combat pour la défense et la sauvegarde des acquis de l’insurrection.
Un sursaut est nécessaire, car nos anciens camarades du CFOP sont en train de liquider les acquis de l’insurrection.
C’est dans cet esprit que nous comptons organiser bientôt une Conférence Nationale des Insurgés les 29 et 30 octobre 2016, afin d’offrir à tous ceux qui se sont battus et qui continuent de se battre pour le vrai changement, un espace de réflexion et d’introspection sur l’état des acquis de l’insurrection, la situation du pays, et les perspectives nouvelles de lutte que celle-ci appelle.
Membres à part entière de l’opposition réunie autour du Chef de file de l’Opposition, les partis membres de la coalition Zeph 2015 continueront de renforcer le CFOP, afin que celui-ci soit une force de promotion du Vrai Changement et de la Défense des acquis de l’Insurrection populaire.
La coalition invite les militants des partis membres à resserrer les rangs et à être prêts pour les combats à venir.
Je vous remercie.

Tu as aimé cet article ?

Alors rejoins nous sur nos différents canaux de diffusion
pour ne rien rater de nos dernières actus !