Le Conseil des ministres de ce mercredi 14 novembre 2018 a décidé de l’interdiction d’activités du bureau actuel du Syndicat du corps de la garde de sécurité pénitentiaire, et a également révoqué 10 agents du corps, dont le secrétaire général du syndicat.
Il faut rappeler que les mouvements d’humeur des gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) pour dénoncer leurs conditions de travail jugées exécrables et pour demander une revalorisation de leur statut date de 2013.
La même année, le gouvernement a adopté un projet de loi portant statut de la GSP. La lutte pour la signature des décrets d’application du nouveau statut est par la suite engagée par les gardes à travers le SYNAGSP, syndicat national des gardes de sécurité pénitentiaire.
Ils ont enchainé plusieurs mouvements depuis 2015. Le gouvernement de la transition qui avait promis signer lesdits décrets, ne le fera pas jusqu’à l’arrivée de l’actuel gouvernement. Les GSP ont poursuivi leur mouvement d’humeur pour se faire entendre.
Juin 2016, en lieu et place de signature de décrets, le gouvernement de Paul Kaba Thiéba adopte de nouveau des textes portant statut des GSP.
« Par cette nouvelle adoption, le gouvernement donne l’impression qu’il a fait un pas, et pourtant le gouvernement fait du surplace », avait fait remarquer les premiers responsables du SYNAGSP à l’époque.
C’est finalement après moult relecture des textes, que le président Kaboré a signé les décrets d’application en 2017 et qui devaient prendre effet en septembre de la même année.
Mais jusqu’à ce jour aucun changement pratique n’est intervenu dans le statut du corps. Comment comprendre qu’un agent nouvellement recruté ait le même salaire qu’un autre qui a 20 ans de service ?
Comment comprendre que dans un contexte ou nombre de présumés terroristes sont détenus dans maisons d’arrêt, on parle encore de manque de matériel roulant et spécifique pouvant permettre aux GSP de faire face à la menace terroriste en toute quiétude ?
Conscients que leur corps est délaissé, les gardes de sécurité pénitentiaire se sont à nouveau lancés dans la lutte à travers un mouvement d’humeur illimité depuis fin octobre 2018.
Face au manque de réponses véritables à leurs préoccupations depuis des années, fallait t-il s’attendre à ce que les GSP agissent autrement ? Absolument non !
Quand on pousse des agents à bout, la réaction ne sera pas tout autre. Il se pourrait qu’un quelconque faux pas ait pu se glisser dans le mouvement des GSP.
Mais nous ne pensons pas que la révocation des agents puisse être la solution, elle est plutôt disproportionnée voire cynique et inique, pour les raisons avancées qui ne sont d’ailleurs pas prouvées.
Ce n’est pas en procédant ainsi qu’on va instaurer l’autorité de l’Etat. N’est-ce pas que le ministre en charge de la justice Réné Bagoro, reconnait que les revendications des GSP sont légitimes et qu’ils vont travailler à les satisfaire?
Si tel est le cas, quelque part ce ministre n’a pas joué son rôle afin que ces agents puissent rentrer dans leurs droits. Il a opté pour la répression.
En filigrane, ce ministre a eu le triste mérite de battre le record des sanctions le s plus répressives à l’encontre des travailleurs sous le régime Kaboré.
Les autres organisations syndicales sont encore interpellées, car « ça n’arrive pas qu’aux autres », dit-on.
Dasmané Niangané
Radio Liberté/Ouaga
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