Déplacés à Ouagadougou: le Gouvernement veut éloigner la face visible de son échec de Ouagadougou

Les examens scolaires du primaire et du post-primaire ont eu lieu cette année, dans un contexte sécuritaire préoccupant. En effet, plus d’un millier d’écoles sont fermées, notamment au Sahel, au Nord, à L’Est, au Centre-Nord, dans la Boucle du Mouhoun et dans le Centre-Est. 

Pour le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), 304 000 candidats ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire national, soit une réduction de plus de 3 % pour cent par rapport à la session de 2018. Toujours au plan national, le taux de succès au BEPC cette année est de 26 % pour cent, contre 42 % en 2018. Tout en félicitant les lauréats, l’Opposition note qu’il y a une nette régression à tous les niveaux.
En ce qui concerne le CEP, les chiffres n’ont pas encore été publiés, mais l’on est en droit de se demander si le taux de 67 % enregistré l’an dernier sera atteint.

Pour l’Opposition politique, nos enfants sont en train de payer le prix de l’échec de la politique gouvernementale en matière d’éducation, doublée de la négligence que le pouvoir en place a affichée envers les travailleurs de l’Education nationale tout au long de l’année scolaire.

En effet, les syndicats de l’Education ont diagnostiqué de véritables maux dont souffre notre système éducatif, et ont exigé que lesdits maux aient des remèdes, sans être véritablement entendus. Le bras de fer a ainsi conduit à des grèves et à des sit-in.

A cela, il faut ajouter la lancinante question de l’insécurité qui fait que de nombreux scolaires ont quitté contre leur gré les chemins de l’école. Sur cette question, l’Opposition politique exige plus de transparence et demande solennellement au Gouvernement de faire le point sur le nombre d’élèves qui n’ont pas pu passer les examens scolaires du fait de l’insécurité dans leurs zones, d’éclairer l’opinion publique sur leur démarche pour la session de rattrapage, et de situer le peuple sur ce qu’ils comptent faire pour rouvrir les écoles fermées.

Le 15 juin dernier, le Président Roch Marc Christian KABORE procédait au lancement d’un projet de construction de complexes scolaires, un don de la Chine. Si pour l’opposition, il est appréciable de construire de nouvelles écoles, il est encore meilleur de faire le point des écoles saccagés ou incendiés, et d’élaborer une stratégie de réhabilitation, de réouverture urgentes et de sécurisation de ces écoles. Faute de quoi, à l’allure où vont les choses, le risque est grand de fournir des efforts inutiles, ou de construire des écoles dans des villages dont les habitants ont fui à cause du terrorisme.
Justement, Mesdames et Messieurs, parlant de populations fuyant cette insécurité chronique, nous ne pouvons passer sous silence l’arrivée de milliers de nos concitoyens du Soum, à Ouagadougou ces derniers temps.

Ces compatriotes totalement désespérés ont fui la mort, dans leur province natale, pour venir dans la capitale. Mais le Gouvernement leur demande de retourner là d’où ils sont venus, parce que Ouagadougou n’aurait pas les commodités nécessaires pour les accueillir. C’est révoltant !
Que le gouvernement crée les conditions de sécurité dans les zones concernées et ils retourneront sans attendre l’avis d’autrui car ce n’est jamais un plaisir de partir de chez soi.

En réalité, le Gouvernement veut éloigner la face visible de son échec de Ouagadougou. Il veut éloigner des caméras, le visage de misère qu’ils ont pourtant façonné. Mais, ces pauvres femmes et hommes fuyant l’horreur viennent lui rappeler que le pays est en train de sombrer, du fait de leur gestion chaotique, et que nul n’est à l’abri.

Nonobstant ce constat, samedi dernier en marge de la session du BPN du MPP, le Président par intérim du MPP, Simon COMPAORE, a déclaré qu’il y a des actions qui consistent " à mobiliser des véhicules pour envoyer des gens à Ouagadougou, afin de saboter les actions du Gouvernement. Selon ce premier responsable du parti au pouvoir, parmi ces déplacés, il y a des poissons en eau trouble qui nagent pour atteindre leurs objectifs.

Ces propos inacceptables, appellent de notre part la réponse suivante : S’il y a des poissons en eau trouble qui profitent pour s’infiltrer dans les populations en détresse qui se déplacent, que l’Etat donne aux services de renseignements les moyens qu’il faut pour qu’ils fassent leur travail, en les identifiant et en les cueillant dans des filets. Mais on ne peut refouler systématiquement tous ceux qui arrivent à Ouagadougou du fait de la dégradation continue de la situation sécuritaire et pire les stigmatiser de la sorte. Par ailleurs, ce pouvoir qui crie à la déstabilisation tout azimut du Gouvernement, ne semble point préoccupé par la situation du pays mais plutôt par la conservation de son pouvoir.

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