La guerre au Soudan connaît un nouvel épisode tragique avec la prise d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, par les Forces de soutien rapide (FSR) le 26 octobre. Cette ville était la dernière du Darfour encore contrôlée par les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan. Depuis 2023, le conflit entre les deux généraux Al-Burhan et Hemedti, chef des FSR . A déjà causé des dizaines de milliers de morts et plus de douze millions de déplacés. Selon Hamad Gamal, cofondateur du média franco-soudanais Sudfa, cette tragédie n’a rien de surprenant. “Ce qui s’est passé à El-Fasher, pour nous les Soudanais, ce n’est pas nouveau”, déclare-t-il. Il rappelle que chaque avancée des FSR s’accompagne de massacres, de viols et de destructions massives. Cette guerre au Soudan se poursuit dans une indifférence internationale quasi totale.
Guerre au Soudan : une paix impossible ?
Après la chute d’El-Fasher, le ministre soudanais de la Défense a affirmé que “la guerre allait continuer” et qu’elle était une “guerre nationale légitime”. Pour Hamad Gamal, cette position reflète la réalité du terrain. Les FSR, dit-il, utilisent systématiquement la terreur contre les civils pour obtenir des concessions politiques.
À plusieurs reprises, ces milices ont demandé des cessez-le-feu, non pas pour faire la paix, mais pour se réorganiser avant de relancer les combats. Accepter leur proposition reviendrait, selon lui, à “offrir un répit à ceux qui continuent de commettre des crimes impunis”. Cette guerre au Soudan rappelle tristement d’autres conflits africains où les appels à la paix ont souvent masqué des stratégies de survie militaire . Comme en République centrafricaine ou au Mali. Là aussi, la population reste la principale victime.
La communauté internationale impuissante
Face à l’ampleur des violences, la question se pose : que peut faire la communauté internationale ? Pour Hamad Gamal, il est illogique que certains pays, comme les Émirats arabes unis . Jouent les médiateurs alors qu’ils sont accusés de soutenir les FSR. Les crimes commis à El-Fasher, affirme-t-il, ne sont qu’une “continuation d’une série de massacres” déjà observés à Khartoum, à Kordofan ou encore à Al-Jazira. Alors cette guerre au Soudan expose les limites des médiations étrangères, souvent perçues comme partiales. Malgré les efforts annoncés par les États-Unis et l’Arabie saoudite, la situation ne s’améliore pas. Les populations déplacées s’entassent dans des camps, sans aide suffisante. Pendant ce temps, les deux camps rivaux se disputent la légitimité politique, oubliant la souffrance du peuple. Ainsi pour de nombreux observateurs, seule une pression internationale réelle incluant des sanctions ciblées et un embargo sur les armes .


















