Affaire de l’enregistrement Soro-Bassolé : voici l’origine des écoutes

La diffusion, le 12 novembre 2015, sur les réseaux sociaux, de ces enregistrements téléphoniques – ou présentés comme tels – avait fait l’effet d’une bombe. On y entendait Guillaume Soro, la deuxième personnalité de l’Etat ivoirien en tant que président du Parlement, conseiller l’ancien ministre burkinabé des affaires étrangères de Blaise Compaoré, Djibrill Bassolé, sur la meilleure façon de sauver une tentative de coup d’Etat alors bien mal engagée. A propos des écoutes téléphoniques qui ont surgi dans le dossier putsch, vers la mini novembre 2015  il se posait au moins deux questions : l’origine et le caractère intègre de l’enregistrement des 16 mn.
 Sur l’origine le voile commence à se lever. Le journaliste Benjamin Roger de Jeune Afrique, vient de mener une enquête, de plusieurs semaines, qui donne des pistes sur l’origine des écoutes. On avait en effet épilogué sur les capacités des renseignements Burkinabè, notamment la partie sous contrôle du gouvernement Zida de pouvoir faire des « interceptions des communications émises par le moyens GSM, notamment les téléphones mobiles » ? Certains avaient soutenu alors que probablement c’était une puissance étrangère qui avait complaisamment remis ces captations au gouvernement de la transition.
 L’enquête de Benjamin Roger publié dans Jeune Afrique (n°2885-2886 du 24 avril au 7 mai 2016) sous le titre « Burkina : Les grandes oreilles du Colonel Zida » explique comment se sentant menacé par ses frères d’arme du RSP, Zida et son ministre de l’Administration Territoriale et de la Sécurité de l’époque, le colonel Auguste Denise Barry, ont acquis « du matériel sophistiqué auprès d’une firme étrangère », pour, à leur tour surveiller et écouter tous ceux qui pouvaient constituer des menaces pour eux. Au premier rang desquels, le général Diéndéré et son RSP. Mais pas seulement…
 L’enquête de Jeune Afrique montre ainsi que dès mars 2015, après la deuxième brouille sérieuse entre Zida et ses ex frères d’arme RSP, Zida et Auguste Barry ont acquis du matériel, notamment une nouvelle table d’écoute et réorganisé les services de renseignement en renvoyant le colonel Amadou Thera, un fidèle de Diéndéré, et en nommant un nouveau, à qui le journal accorde l’anonymat. Mais nos propres investigations nous permettent de le nommer. Il s’agit du commandant Naon Daba, militaire des sapeurs-pompiers, actuellement en instance de départ pour l’école de guerre. Un brevet qui apriori ne devrait pas lui être d’une grande utilité dans sa carrière militaire. Sauf à considérer l’éventualité d’un Zida au pouvoir.  Bref !

Avec une nouvelle table et un personnel du renseignement nouveau  Zida et Auguste Barry ont de quoi écouter leurs ennemis. Quand le coup d’Etat du RSP survient le 16 septembre 2016, c’est avec cette table d’écoute que les « militaires loyalistes » ont suivi les faits et gestes de Diénédéré et de ses soldats du RSP pour mieux les réduire. C’est avec cette table d’écoute que les communications attribuées à Bassolé et à Soro seront interceptées, plus tard. Selon l’enquête du journaliste, la technologie de la nouvelle table d’écoute, permet de retenir « le numéro Imei » du téléphone et de suivre les communications de la personne visée, même si elle change de puce. L’idée qui avait prévalue jusque- là, selon laquelle il suffisait de changer de puce pour semer les écoutes est battue en brèche. L’enquête de Jeune Afrique montre que même le plus renseigné des 27 ans du règne de Blaise Compaoré, le général Gilbert Diéndéré « se fera surprendre ».

En conclusion, les écoutes qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux et dont la transcription figure dans le dossier d’accusation de la justice militaire ont été obtenues par les renseignements burkinabè.
Avec Net afrique et jeune Afrique



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