Démographie en Afrique: la lecture de Jean Baptiste Natama

Il est important de reconnaître, d'entrée de jeu, que, malgré les différentes conjonctures qui ont affecté et affectent encore le monde, la population mondiale continue d’augmenter et de souligner, par ailleurs, que le scénario moyen actuel prévoit que nous serons près de 10 milliards en 2050 – 9,77 milliards exactement –, soit une augmentation de près de 30 % par rapport aux 7,55 milliards actuels et, la planète compterait 11,18 milliards d’individus, en 2100, si cette tendance se maintenait.
Toutefois, l'on peut noter qu'en 2017, l'Asie qui, représente 60 % de la population mondiale (4,5 milliards) contre 17% à l'Afrique (1,256 milliard), présente des indicateurs de développement bien meilleurs à ceux de l'Afrique.
Et pourtant, l'Afrique, avec 17% de la population mondiale et ses 30 millions de km2 (22% de la surface émergée de la terre et 2ème continent de par sa superficie après l'Amérique) contre 4 millions de km2 à l'Asie, est réputée avoir un sous-sol extrêmement riche. Elle possède, en effet, environ 30 % (soit 1/3) des réserves mondiales en minerais dont, 40 % des réserves en or, 60 % du cobalt, 90 % du platine, entre autres.
À cela, il faut ajouter, les ressources immenses maritimes (actuellement pillées par les européens et asiatiques) et celles du sol avec les nombreuses forêts également dévastées par les mêmes européens. En outre, l'Afrique détient actuellement 60% des terres arables disponibles du monde ainsi que 30% (soit 1/3) du potentiel énergétique mondial.
Avec ces données on comprend de toute évidence qu'actuellement pauvre matériellement et financement l'Afrique n'en n'est pas moins le continent le plus riche en potentialités et en ressources naturelles provenant de son sol, son sous-sol et de ses côtes maritimes.
Dès lors, ce simple constat bat en brèche les idées saugrenues qui tentent de justifier le sous développement de l'Afrique par une quelconque surpopulation qui exercerait une pression intenable sur les ressources disponibles au point de nécessiter une limitation de nombre d'enfants. Ce qui, du reste, constitue une autre façon de remettre maladroitement au goût du jour la théorie du malthusianisme jadis développée par Thomas Malthus et qui a vécu.
C'est un fait établi, en matière de gouvernance, que la population, également qualifiée de ressources sociales ou de capital humain, d'un pays est sa principale richesse à condition bien sûr de savoir créer intelligemment une excellente combinaison entre quantité et qualité. C'est en cela que l'éducation et la formation sont primordiales dans toutes les initiatives visant à sortir un pays du sous développement.
Bien sûr, il ne suffit pas d'investir seulement dans l'éducation et la formation mais d'accompagner cet investissement par des politiques micro, meso et macro économiques à même de développer les secteurs structurants de l'économie, soutenir la transformation locale des matières premières pour garantir suffisamment d'emplois aux ressources humaines qualifiées et abondantes disponibles ainsi que la création de valeur ajoutée aux fins d'accroître les richesses nationales avec en sus un immense potentiel de consommateurs pour stimuler la production économique à travers une forte consommation.
De plus, en matière de géopolitique, la population est un des attributs de la puissance et, point n'est besoin d'épiloguer la dessus dans cette publication.
Alors, comme je l'ai déjà dit et répété à plusieurs reprises, le mal développement de l'Afrique a pour cause principale la mauvaise qualité de son leadership. Nous avons, en effet, un leadership qui souffre d'un manque criard et pathétique de vision, de capacité et d'ambition et qui est de surcroît champion de la mal gouvernance.
À ce propos, il suffit de comparer le niveau de développement des pays africains producteurs de pétrole sous peuplés à celui des pays des autres régions (Qatar, Koweit, Émirats arabes unis, Norvège, Suède, Malaisie, etc.) pour comprendre la nature réelle du problème de l'Afrique.
Il est donc clair que s'il n'y a pas de changement au niveau du leadership et que la gouvernance en Afrique reste marquée par les tares ici évoquées le poids démographique du continent sera un boulet qu'il traînera sans en tirer le moindre dividende. Pire ce sera une bombe à fragmentation dont l'explosion contribuera à la déstabilisation voire, la destruction du continent.
Ceci étant, si nous revenons au tableau des tendances mondiales présenté plus haut, le pourcentage de population affecté à l'Asie tombera de 60% à 43 % à l’horizon 2100 et à l’inverse, l’Afrique, avec un taux de fertilité de 4,7, connaîtra une importante croissance, passant de 1,256 milliard d’habitants (17 % de la population mondiale) actuellement, à 4,468 milliards (40 %). Ce phénomène s'accompagnera évidemment d'une forte tendance à l'urbanisation dans les deux régions mais l'Asie restera toujours le continent le plus peuplé.
De même, à l’horizon 2030, le trio des pays les plus peuplés sera composé de l’Inde, qui aura dépassé la Chine avec 1,51 milliard d’habitants contre 1,44 milliard de Chinois. Le Nigeria aura évincé les Etats-Unis de la troisième marche du podium avec 410 millions d’habitants.
Il y a lieu de noter qu'entre 2017 et 2050, plus de la moitié de l’augmentation de la population mondiale se trouvera concentrée dans une dizaine de pays situés essentiellement en Asie (Inde, Indonésie, Pakistan) en Afrique (Nigeria, République démocratique du Congo, Ethiopie, Tanzanie, Ouganda, Egypte) puis, les États-Unis faisant office d'outsider.
Cette évolution démographique aura pour conséquence, la concentration de 50% de la population mondiale jeune en Afrique principalement dans la mesure où les autres continents sont et resteront confrontés au problème du vieillissement de leurs populations.
Dès lors, l'Afrique en plus de ses abondantes ressources naturelles détiendra 50% du capital humain mondial. Ce qui implique que l'Occident va dépendre encore plus des ressources sociales (main d'œuvre) et économiques de l'Afrique, malgré l'emploi des robots et autres machines inventés pour suppléer le déficit en la matière.
En effet, l'Europe par exemple connaît le plus faible taux, avec 1,6 naissance par femme sachant que, quand la fertilité tombe au-dessous du seuil de 2,1 naissances par femme, le nombre de bébés nés chaque année est insuffisant pour remplacer la génération des parents. Imaginez donc la suite.
Au demeurant, l'on peut faire observer que, sans même une quelconque décision de limitation de nombre d'enfants dont les effets néfastes se manifestent actuellement dans les pays qui l'ont prise chez eux, l'Afrique connaît déjà une baisse naturelle de son taux de fertilité qui est passé de 5,1 sur la période 2005-2010 à 4,7 sur la période 2010-2015. Une situation qui s'explique par le changement de mode de vie.
Enfin, à titre d'illustration je vous présente la liste des douze (12) pays les plus riches du monde avec leurs populations.
1. USA 325 270 439 habitants
2. Chine 1 381 943 257 habitants
3. Japon 126 820 000 habitants
4. Allemagne 82 800 000 habitants
5. Angleterre 65 341 183 habitants
6. France 67 595 000 habitants
7. Inde 1 331 787 890 habitants
8. Brésil 207 096 196 habitants
9. Italie 61 302 519 habitants
10. Canada 36 155 487 habitants
11. Corée du Sud 51 541 582 habitants
12. Russie 146 544 710 habitants
Ces douze (12) pays ont à eux seuls 3,9 milliards d'habitants sur les 7,55 milliards de la population mondiale (soit 60% environ) ce qui représente le triple de celle de l'Afrique. À chacun donc de tirer sa propre conclusion pour en déduire les enjeux des débats que suscite la question des facteurs démographiques en Afrique.
Merci.
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