Sale temps pour les promoteurs et les travailleurs des jardins publics de Ouagadougou. Pour cause, le « Jardin Ouaga2000 » sis au quartier Patte d’Oie ex-secteur N°15, « le jardin de l’Amitié Ouaga Loudun » situé en face du rondpoint des Nations unies et le jardin Naaba Koom ont été fermés au cours du week-end dernier par les autorités communales. selon certaines sources cela serait dû aux impayés de loyers.
Des promoteurs et travailleurs de certains jardins publics de la capitale burkinabè bien connus des Ouagalais ont été surpris désagréablement le week-end dernier. Ces jardins ont été mis sous scellés. Il s’agit entre autres, du « Jardin Ouaga2000 » sis au quartier Patte d’Oie ex-secteur N°15, « le jardin de l’Amitié Ouaga Loudun » situé en face du rond-point des Nations unies et le jardin Naaba Koom au niveau de la gare ferroviaire. Qu’est-ce qui a pu pousser les autorités communales à prendre une telle décision ?
Si les spéculations sur la fermeture de ces squares allaient bon train, selon certaines indiscrétions, ces jardins ont été fermés pour non payement de loyer. La commune réclamerait la somme de 1 million FCFA par mois aux promoteurs en lieu et place d’un loyer initial qui était de 400 000 FCFA. Dans la foulée, les promoteurs en vue de trouver une solution à l’amiable, ils se sont constitués en association et il se murmure que des médiations ont été entreprises auprès de certaines autorités pour pallier le problème. Ils disent aussi prendre aussi à témoin l’opinion publique à travers les voix de presse dans les jours à venir car estimant la situation insupportable et inacceptable. Désemparés, certains travailleurs ne savent plus à quel saint se vouer.
En effet, c’est dans la journée du jeudi 29 novembre 2018 aux environs de 12h que des agents de recouvrement des taxes communales se sont rendus au « jardin de l’Amitié Ouaga Loudun », un espace culturel situé en face du rond-point des Nations unies sommant les travailleurs de quitter les lieux dans une trentaine de minutes sans explications. Ils ont ainsi mis sous scellés l’espace public.
Dans ce jardin avant sa fermeture, exerçaient des travailleurs d’œuvre d’art. Julien Silga vendeur d’objets d’art au jardin de l’Amitié Ouaga Loudun exerce dans cet espace depuis plus de 15 ans. Ce dernier confie qu’il a lui aussi appris la fermeture de ce jardin qui serait due à une augmentation des prix des loyers qu’auraient entreprise les autorités communales depuis un certain temps. « Ils sont partis de 400 000 à 1 million de FCFA. Il n’est pas évident que de nos jours quelqu’un puisse le faire ici à Ouagadougou. Si c’est le fait de l’augmentation, je pense bien que dans cette affaire, il y a anguille sous roche. Ils ont quelque chose derrière la tête.
Quand tu veux chasser une grande personne c’est simple, il suffit de lui dire de sortir. Comment tu peux dire à quelqu’un de payer 1 million dans cette ville de Ouagadougou où rien ne bouge presque pas», a-t-il indiqué. Mécontent, Julien Silga a indiqué qu’il n’est pas le seul concerné par cette situation car tous ceux qui exercent dans le jardin ont été délogés sans préavis par les agents communaux. « Cela est inhumain », s’indigne-t-il.
« J’ai laissé l’enterrement pour venir enterrer ma propre vie »
Pour Albertine Koama artiste comédienne, créatrice et vendeuse de bijoux depuis 5 ans dans ce jardin, cette journée du jeudi 29 novembre 2018, était la pire de sa vie. Etant à un enterrement, elle a été informée de la situation. « Et on me dit de tout faire pour venir au jardin parce qu’on a donné 30 minutes aux gens de ramasser leurs affaires et de sortir. J’ai laissé l’enterrement pour venir enterrer ma propre vie. C’est là que j’essaie de m’en sortir », confie la comédienne et de marteler en ces termes : « Vu l’insécurité qui bat son plein et avec la nouvelle carte du Burkina que les occidentaux ont faite, les activités sont à la traîne.
C’est un peu compliqué, parce que nous on ne vend qu’avec les expatriés. Les objets que nous vendons c’est très rare de voir des Burkinabè venir les acheter. On essayait de tenir un peu le coup et voilà que les autorités viennent nous porter le coup fatal ». Pour le vendeur de cigarettes posté à la porte du jardin qui est aussi parqueur depuis plus de 10 ans, cette fermeture va changer dans sa vie. Même son de cloche au niveau du jardin 2000. Le constat est identique, portes cadenassées avec des fleurs tout autour presque fanées.
Ce jardin est fermé depuis le samedi 1er décembre 2018 et les riverains disent ne pas comprendre pourquoi à une telle période, les autorités font de telles choses. Ambroise Tiendrébéogo, un des travailleurs depuis 2001 dans le restaurant du jardin, confie que c’est un coup dur pour eux parce que cela a été brusque. Aujourd’hui, ils ne savent plus à quel saint se vouer mais espèrent quand même dans les jours à venir que des solutions idoines seront trouvées. Quant au jardin Naaba Koom situé en face de la gare ferroviaire de Ouagadougou, c’est le mardi 5 décembre 2018, qu’il a été mis sous scellé. L’opération va se poursuivre progressivement selon l’association des promoteurs de ces jardins car la municipalité est déterminée à reprendre la gestion des lieux.
Difficile accès à l’information
Au niveau des services de recouvrement des taxes de la commune difficile d’avoir quelqu’un qui puisse répondre à la préoccupation relative à la fermeture des jardins publics dans la ville de Ouagadougou en l’absence du premier responsable. Mais tout de même il ressort des coulisses des locaux qu’en plus des impayés de loyer des promoteurs, les contrats étaient en cours de résiliation raison pour laquelle les lieux ont été fermés. En attendant l’issue des négociations que les promoteurs ont entamées avec les autorités, cette situation n’est pas sans causer quelques désagréments aux habitués desdits lieux qui se plaignent. Par ailleurs selon certaines langues, des victimes collatérales aussi sont à signaler comme le cas du gérant d’un jardin public qui serait décédé. Ce drame serait-il lié à cette situation? Aussi des locataires des cités communales auraient engagé un avocat pour les défendre sur ces augmentations qu’ils jugent inadaptées.
Par Ibrahima Kaliloullah
Source: Le QUOTIDIEN