La députée écologiste Sabrina Sebaihi, élue des Hauts-de-Seine et vice-présidente du Groupe d’amitié France–Algérie à l’Assemblée nationale, s’est exprimée sur la montée des tensions diplomatiques et politiques entre Paris et Alger. Invitée sur Africa Radio, elle a fermement dénoncé la stigmatisation de l’Algérie en France, qu’elle juge dangereuse et contre-productive pour les relations bilatérales.
Selon la députée, le vote récent d’une proposition de résolution du Rassemblement national (RN) visant à “dénoncer” l’accord franco-algérien de 1968 marque un tournant inquiétant. Ce texte, bien que symbolique, a été adopté grâce au soutien de la droite et d’une partie de la majorité présidentielle.
Les conséquences politiques et diplomatiques de la stigmatisation de l’Algérie en France
Pour Sabrina Sebaihi, le débat public français a progressivement glissé d’un discours sur “l’immigration problématique” à une désignation explicite de l’Algérie comme bouc émissaire. “On est passé de ‘l’immigration est un problème’ à ‘les Algériens sont un problème en France’. C’est une dérive inacceptable”, a-t-elle déclaré.
Elle déplore la multiplication des attaques médiatiques et politiques ciblant l’Algérie . Souvent utilisées comme levier dans le débat national sur l’immigration. Cette stratégie, selon elle, affaiblit non seulement le dialogue entre les deux pays, mais attise aussi la méfiance . Et les divisions au sein de la société française.
La stigmatisation de l’Algérie, symptôme d’une crise du dialogue franco-algérien
Sabrina Sebaihi alerte également sur la victoire idéologique du Rassemblement national, qui a réussi à imposer son discours sur la mémoire coloniale et les relations franco-algériennes. “Accorder cette victoire sur un texte lié à la guerre d’Algérie, c’est un signal grave. Ce parti s’est en partie construit sur la nostalgie de l’Algérie française”, a-t-elle souligné. Ainsi pour la députée, cette instrumentalisation du passé colonial vise à entretenir un climat de défiance entre les deux nations et à nourrir les tensions identitaires en France.
Renégocier les accords franco-algériens dans un esprit apaisé
La députée écologiste n’exclut pas la possibilité de renégocier l’accord de 1968, mais plaide pour un dialogue constructif et équilibré. Selon elle, certaines clauses méritent d’être modernisées, notamment en ce qui concerne le statut des étudiants et travailleurs algériens.
“On peut retravailler cet accord, mais pas dans un esprit revanchard. Ainsi il faut renouer avec une coopération sincère et respectueuse”, insiste-t-elle. Elle rappelle que la France et l’Algérie partagent une histoire commune . Et que leur avenir doit se construire sur la réconciliation et la compréhension mutuelle.
Vers une relation franco-algérienne apaisée ?
Au-delà des débats politiques, Sabrina Sebaihi appelle à une responsabilité collective. Pour elle, la société civile, les médias et les dirigeants doivent œuvrer à apaiser les tensions . Et à rétablir une image juste de l’Algérie et de ses ressortissants en France. “L’Algérie ne peut pas être éternellement le bouc émissaire. Il est temps de construire un discours politique plus responsable et plus respectueux”, conclut-elle.
















