Procès Gouvernement TIAO: voici ce qui s’est passé au tribunal ce 08 Mai 2017




Les avocats défendant les ministres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré ,lors de leur procès devant la Haute Cour de Justice pour leur implication présumée dans la répression de l'insurrection populaire d'octobre 2014, ont quitté le tribunal lundi.

A l'ouverture du procès, c'est Clémence Witt, collaboratrice du Bâtonnier Pierre Olivier Sûr, défense de l’ancien Président Blaise Compaoré qui annonce les couleurs. Cette dernière a réitéré à nouveau leur demande que la juridiction les autorise à avoir accès au dossier et à représenter leur client en son absence, conforment aux engagements internationaux ratifiés par le Burkina Faso.

Pour le président de la juridiction, cette question a déjà été débattue, donc il n’y a pas lieu à polémiquer là-dessus encore.

C'est au tour des Avocats de Luc Adolphe TIAO de prendre le relais.

«Nous avons tout mis en œuvre pour que votre juridiction comprenne la pertinence de notre requête mais il semble que la cour tient à violer notre loi fondamentale. Nous ne saurons être complices d’une telle violation et c’est à vous d’expliquer au peuple ce pourquoi nous sommes partis», explique Me Antoinette Ouédraogo.

« Nous sommes là et nous étions venus, animés bonne volonté, déterminés à ce que les gens sachent qu’est ce qui s’est passé en 2014. Nous avons demandé des choses qui ne sont pas des facultés pour la Haute Cour de justice, mais des devoirs », a-t-elle lancé. Et de poursuivre en ces termes : « ils feront leur justice comme ils veulent, mais nous, nous ne serons pas là ».

Pour Me Mahamadou Traoré, resté dans la salle, après la décision rendue c’est être complice d’une violation flagrante de la constitution. D’après lui, le peuple s’est insurgé pour protéger sa Constitution.

«La Haute cour dans sa formulation actuelle, dit clairement qu’il est interdit aux prévenus ou aux accusés d’avoir ce droit élémentaire devant les chambres africaines. l'ancien président tchadien Hissène Habré accusé de crime de guerre a eu droit à l’appel. Comment des gens qu’on juge pour avoir rendu service à la nation ne peuvent pas avoir ce droit élémentaire ?». Pour la défense, la loi portant organisation et procédures d’application de la Haute cour de justice est «discriminatoire» en ses articles 21 et 33.

Me Mamadou Traoré conclut alors : «La justice que le peuple attend, ce n’est pas la justice spectacle ni la justice des uns contre les autres mais la justice qui permet à notre peuple d’être apaisé et ça commence par des lois équitables. La loi portant sur la Haute cour de justice viole notre Constitution et tous les engagements internationaux du Burkina. Et nous ne pouvons pas être complices d’une telle justice.»

Après deux heures de suspension, la cour appelle les 25 ministres présents et leur annonce qu’il leur est accordé 72 heures pour se trouver d’autres avocats. «C’est un procès qui est très attendu à commencer par nous accusés. A ce niveau du procès, il nous est difficile de le poursuivre sans l’assistance de nos avocats», fait alors remarquer Beyon Luc Adolphe Tiao, l’ex Premier ministre. Le procès a été donc renvoyé au lundi 15 mai.