Le climat de travail n’est plus à la sérénité au ministère des Infrastructures. Du moins, c’est le constat qui se dégage depuis la semaine passée avec les mouvements des agents regroupés au sein du Syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés du ministère des infrastructures (SYTTPBHA-MI). Outre la satisfaction de sa plateforme revendicative, le syndicat s’insurge contre des « détournements », et ce qu’il appelle « la politisation du département » et « le mépris » du ministre vis-à-vis des travailleurs. Pour en savoir davantage sur la situation, nous avons rencontré le premier responsable du syndicat de ce ministère, M’Bi Yaméogo. Dans un entretien accordé à Faso.net dans la matinée de jeudi, 16 février 2017, le secrétaire général du SYTTPBHA-MI laisse entrevoir qu’il n’est pas satisfait de la conduite des affaires au département en charge des infrastructures. Sur les principaux points de revendication du syndicat… Au niveau du syndicat, nous avons deux types de revendications. Il s’agit, dans un premier temps, des revendications liées aux conditions de vie et de travail des agents et, dans le deuxième temps, des problèmes de gestion que nous rencontrons au niveau du ministère. Pour le premier point, nous avons exigé la réorganisation du ministère qui doit permettre aux travailleurs d’être efficaces et d’atteindre les objectifs qui sont fixés. Nous avons également demandé, dans ce point, la mise en place d’un système de motivation des agents (ce système est d’ailleurs mentionné dans un protocole d’accord que nous avons signé avec le gouvernement depuis le 27 juin 2011). Aussi, notre lutte, c’est de demander la mise en œuvre effective de ce protocole. Dans cet accord, il y a l’institution d’une prime de performance, d’une indemnité de risques mais également d’autres questions relatives à la carrière même des agents, comme le reclassement des ingénieurs, l’engagement des contractuels licenciés, les nominations, la viabilisation de nos directions provinciales. Outre cela, nous avons notre plateforme qui a été déposée au ministère depuis janvier 2016 et jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de suite favorable et nous continuons de demander un examen sérieux de cette plateforme des travailleurs. Il y a également la question de la politisation de l’administration, parce que nous avons constaté qu’on a eu à nommer des cadres de catégorie B pour diriger des cadres de catégorie A ; ce qui est inadmissible dans la fonction publique. De même, des responsables qui ont détourné des Fonds destinés à la formation des jeunes et des femmes au niveau de l’école (l’Ecole de Formation et de Perfectionnement des Travaux Publics) sont actuellement des plus proches collaborateurs du ministre, que nous avons dénoncés et nous estimons que tout cela n’est que le fruit de la politisation de l’administration. Nous avons signifié cela au ministre, qui a promis travailler à la dépolitisation. Il y a même une cellule MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir, ndlr) qui a été installée au ministère et le ministre a promis parler à cette structure afin que ses activités ne se mêlent pas aux activités du ministère mais jusqu’à présent, nous constatons tout à fait le contraire. Des faits palpables comme preuves? Ces faits ne manquent pas. Au niveau de la relecture des organigrammes, nous avions constaté que les dirigeants de la cellule MPP sont en train de travailler à ce qu’on ne puisse pas arriver à un consensus. Alors que le ministre a affirmé que, c’est ce qui est consensuel qui sera mis en œuvre. Puisqu’ils (militants MPP) tiennent les réunions (le syndicat a des militants dans cette cellule, ce n’est pas interdit) mais, quand les activités politiques veulent s’imbriquer aux activités de fonctionnement du ministère, nous disons non. Il y a donc ce cas des organigrammes où la cellule MPP s’est prononcée contre la relecture alors que nous sommes dans un blocage (ils ont même publié cela sur leur page Facebook et autres canaux de réseaux sociaux, ils tiennent des réunions où nos militants membres de la cellule y sont allés pour protester contre l’organisation actuelle du ministère mais ils n’ont pas été écoutés). Véritablement, il faut une dépolitisation, sinon il sera difficile pour nous d’avancer. La question de l’organigramme L’organisation actuelle du ministère ne permet pas d’atteindre de manière efficace des résultats. A titre d’exemple, les travaux qui sont lancés et qui se déroulent dans les provinces, les régions, on demande à des directions qui sont à Ouagadougou d’aller faire le contrôle pendant que les directions provinciales et régionales ne sont pas associées. Ce qui pose un problème de l’efficacité non seulement, mais également de coût ; parce qu’un agent qui quitte au niveau de la direction générale à Ouagadougou pour aller en provinces pour contrôler le travail coûte 27 000 à 30000 FCFA par jour. Alors que l’agent qui est sur place au niveau de la direction provinciale ou régionale ne coûte que 9000 FCFA. Ce qui empiète donc sur l’efficacité et créé des frustrations pour les agents qui sont en ces lieux de travaux et qui se voient mis à l’écart. Nous avons donc demandé que cela soit recadré. C’est l’un des premiers éléments de l’inefficacité au niveau de l’organisation du ministère. Le deuxième élément de cette organisation est qu’actuellement, au ministère, tout le monde fait la même chose (quand on dit contrôle des travaux, vous verrez que toutes les directions le font). Ce qui veut dire qu’en cas de problème sur le terrain, la responsabilité ne peut être située, puisque personne n’est responsable de ce qui se fait sur le terrain. Nous avons donc demandé à ce niveau également de séparer les rôles, responsabiliser les gens ; de sorte qu’en cas de problème, les responsabilités puissent être situées et, le cas échéant, la sanction soit appliquée. Un autre élément de l’organisation est que, quand on a créé le nouvel organigramme, il a érigé une direction générale des études et du contrôle des travaux et là, non seulement personne n’a été associée (pas dans un processus participatif) mais à la fin, ils … Lire la suite