Affaire Bolloré : «Blaise Compaoré avait envoyé le général Diédjéré auprès de Dadis »

Ces révélations doivent être prises avec tout le sérieux, en tout cas pour celui qui connaît un peu le passé de la Guinée. « A l’époque j’étais le président du patronat, en plus ami du président, le général Lansana Conté. Donc à ce titre, le président demandait mon avis sur tout ce qui passait économiquement dans le pays », avait laissé entendre Mamadou Sylla, le président de l’Union démocratique de Guinée (UDG), lors de la conférence que l’opposition républicaine a animé le jeudi 17 Mai dernier, à la maison de la presse. 

Il est par la suite revenu sur les tractations qui ont eu lieu pour la gestion du port autonome de Conakry. Il a, à cet effet cité les noms des représentants de certaines entreprises qui voulaient obtenir le marché du port de Conakry, notamment GETMA International, MAERSK Line, GETMA Guinée, Bolloré… Selon lui, Demba Fadiga présentement député à l’Assemblée nationale était le représentant de Bolloré en Guinée.

« Il est venu me dire, qu’ils sont les premiers de les aider à avoir le port. Mais je leur ai dit que l’attribution du port n’est pas de mon ressort, c’est du ressort du gouvernement et moi je suis opérateur économique », a déclaré Mamadou Sylla.

Finalement a précisé l’ancien président du patronat, un appel d’offres fut lancé par le gouvernement de Lansana. Et c’est GETMA International qui décrocha le marché. « Cellou Dalein n’était même pas aux affaires. Si certains disent qu’il est actionnaire dans ça. Je ne sais pas, peut-être c’est à partir de la France, qu’ils ont organisé cela », a-t-il souligné. À l’en croire ledit dossier a été géré par Souaré, à l’époque Premier ministre, le ministre des Transports, Cheick Touré qui est l’actuel Secrétaire général du même département. Alpha Ibrahima Keira, Secrétaire général à la présidence de la République. « Ce sont les 3 qui ont géré ce dossier et tout s’est passé devant moi le jour qu’ils ont publié les résultats ».

« C’est GETMA International qui a gagné parce que tout simplement le gouvernement avait besoin d’argent. GETMA a proposé 15 millions d’€ et paiement 50% cash. Si M. Ousmane Doré m’entend quelque part, il dira oui, c’est la vérité. Parce que moi, j’ai la copie du premier paiement de GETMA International qui était 7,5 millions d’€ », a-t-il fait remarquer.

Entre temps un militaire succède un autre en 2008 : « Les Dadis sont venus au pouvoir, ces mêmes personnes de Bolloré qui suivaient le dossier au temps de Conté ont cherché à influencer Dadis d’annuler le dossier du port de GETMA International. Que tout simplement que c’était mal fait », signale-t-il. Il ajoute que par la suite il y a eu beaucoup d’interventions : « il se trouvait que GETMA International avait le droit français, en plus la femme de Blaise Compaoré était derrière et Blaise a immédiatement amené le général Diédjéren qui est en prison au Burkina auprès de Dadis. Ce dernier était venu avec un certain Moulaï pour voir Dadis. Pour lui dire de ne pas toucher le port où GETMA International gère », a-t-il indiqué.

Comme Dadis, dit-il, aussi avait besoin d’appui : « Blaise Compaoré était le président en exercice, je crois entre l’Union africaine ou la Cedeao. Alors il fallait qu’il l’aide pour qu’il soit reconnu », déclare-t-il. Ainsi lors d’un Dadis show l’affaire est revenu à la table de Dadis : « c’était la nuit, j’étais convoqué, il a dit GETMA doit combien, les gens ont dit qu’il doit 7,5 millions €. Dadis a dit d’envoyer de l’argent pour continuer à travailler, votre contrat est encore valable», a dit le député Sylla.

« Et quand Alpha Condé est arrivé au pouvoir, il lui a suffi de 3 mois seulement que le dossier de GETMA International soit annulé. En 2 jours, il fait le décret d’annulation de GETMA et donne le port à Bolloré », a-t-il précisé. Il a par la suite conclut en disant que ce n’est pas eux qui ont porté plainte : « La plainte, c’est au niveau de la France. C’est pour vous dire que Bolloré, si le port lui avait été donné, ce n‘était pas la manière de donner le marché à Bolloré », a-t-il regretté. Selon lui, le dossier de Bolloré n’a jamais transité à l’Assemblée nationale : « on a jamais reçu ce dossier, pour être débattu, il a signé un décret, parce qu’il a dit que c’est son ami. Donc il lui donne et c’est là-bas où il y a soupçon », a-t-il conclu.

Guineeactu.info

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