Un conflit entre Peulh et Mossi dans la commune de Nasseré, province du Bam, débuté le 24 janvier 2016 a connu une exacerbation le lundi 1er février, suite à l’interpellation des auteurs des coups et blessures ayant entrainé la mort d’un peulh ce jour-là.
Un affrontement communautaire entre Peulh et Mossi, déclenché le dimanche 24 janvier 2016, a causé la mort d’un jeune Peulh et occasionné de nombreux dégâts matériels dans la commune de Nasséré.
A l’origine, un conflit foncier né après que la communauté Mossi a interpellé un Peulh du nom de Hamadou Sondé, la victime décédée, afin que celui-ci arrête la construction de sa maison sur un terrain querellé. N’ayant pas obtempéré, les Mossi s’en sont pris à sa personne. Transporté d’urgence au CHU Yalgado Ouédraogo, il succombe à ses blessures cinq jours plus tard, a expliqué Ali Sondé, chef Peulh et père du défunt.
«Nous avons l’habitude d’ériger un parc à bétail sur le site depuis des années. Mais je ne comprends pas pourquoi les Mossi s’opposent cette année à ce que mon fils construise sa maison sur le même site. Le terrain nous appartient et le chef de Bilga-Mossi l’avait même reconnu lors d’une rencontre.
Dans tous les cas, ils veulent nous faire la force en nous dépossédant du bas-fond», a-t-il souligné. Suite au décès de Hamadou Sondé, le parquet de Kongoussi s’est saisi de l’affaire en déférant le 1er février 2016, six personnes mises en cause.
«Après cette décision du parquet, la communauté Mossi non contente d’avoir tué un de nos fils, a exigé la libération des prévenus. N’ayant pas eu gain de cause, ils se retournent encore contre nous à Bilga (Fulbè) en incendiant nos cases, nos greniers et même nos volailles». Depuis que la nouvelle menace d’affrontement s’est fait sentir, la communauté Peulh s’est réfugiée dans la nature depuis le 1er février 2016.
«N’eut été la présence de la police, ils nous auraient tous exterminés», a soutenu le vieux Ali Sondé. Sur place, une dizaine de Peulh armés de machettes et assis sous un arbre, avec la peur au ventre, ne savent plus à quel saint se vouer.
En face, la communauté Mossi, une centaine environ, était armée de gourdins et de bâtons. Sur les lieux, on pouvait entendre des propos tels que: «Tuons-les tous pour avoir la paix dans ce village», «les peureux peuvent rentrer et laisser les courageux en découdre». A majorité jeune, la communauté Mossi était visiblement déterminée parce que certains habitants avaient déjà enfilé leur tenue de guerre.
Plus de 50 ans de voisinage
Les Mossis livrent une autre version des faits. Selon leur porte-parole, François Sawadogo, «les mêmes Peulhs sont venus de Sika (un autre village de Nasseré) après avoir été chassés de la même manière ».
Aux dires de celui-ci, c’est arrivés à Bilga, avec la bénédiction du Rissiam (le chef du canton du Rissiam, ndlr) que leurs ancêtres leur ont offert le bas-fond, il y a plus de 50 ans. «Mais depuis que ces Peulhs sont à nos côtés, ils ne cessent de compromettre dangereusement la paix sociale dans le village. A titre d’exemple, nous avons creusé un puits dans le bas-fond et les Peulhs l’ont refermé.
Le grand-père de celui qu’on a tué a tabassé un de nos frères parce qu’il s’est aventuré dans le bas-fond », a rappelé François Sawadogo. Continuant son témoignage, il a fait savoir que Hamadou Sondé, la victime décédée, au lieu de se contenter de construire un parc à bétail sur le terrain litigieux, voulait coûte que coûte ériger une maison d’habitation.
«Nous lui avons dit d’arrêter mais il n’a pas voulu et c’est là que l’affrontement est survenu avec tout ce que vous connaissez comme conséquences». Pour les sages du village, seul le départ définitif des peulhs de Bilga et la libération des personnes détenues, en attendant leur jugement, peuvent ramener la paix. La police nationale de Kongoussi, soutenue par une équipe de Kaya, sert d’interface entre Peulhs et Mossis aux fins de parer à tout affrontement.
A la dernière minute, la situation s’est calmée suite à une mission de conciliation conduite par le secrétaire général de la province du Bam, Sahabani Zeba, le directeur provincial de la police nationale du Bam, Blaise Zangré et le préfet de Nasséré.
Agence d’Information du Burkina
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