Les résonances des mouvements dans les casernes du pays effraient autant les habitants de Bouaké que d'Abidjan.
Si à Bouaké on reste chez soi depuis vendredi, à Abidjan où les tirs à l'arme lourde surgissent sporadiquement, c'est depuis ce matin.
Conséquence directe, avec des salariés ou des chefs d'entreprises gagnés par la peur d'un nouveau coup d'Etat à venir, les activités de la capitale économique sont au ralenti. On ne compte plus les entreprises ou autres commerces qui à 8HTU n'avaient pas encore ouvert leurs portes ou leurs activités.
Le peu qui a pris son courage à deux mains pour aller au travail est bien souvent contraint de rentrer à la maison.
Au Plateau, les barrages érigés et levés vendredi ont réapparu. Les automobilistes en provenance de l'axe d'Adjamé sont priés de faire demi-tour par les militaires.
Un soldat approché expliquera ne pas vouloir renoncer à l'argent promis et fera mention du paradoxe inacceptable à leurs yeux d'une classe politique très riche qui aujourd'hui leur demande à eux "petits soldats" de faire des efforts financiers. «Ils (les politiciens, ndlr) sont tous milliardaires grâce à nous et c'est nous qu'ils veulent distraire maintenant? » dénoncera kalach à la main, le soldat interrogé non loin des locaux du ministère de la défense au Plateau. Son camarade, lui aussi armé d'une kalach, ajoutera «C'est bizarre les mêmes qui nous encensaient en 2011 tentent aujourd'hui de nous faire passer pour des soldats moins que rien à la limite pour des barbares, pourquoi? pour une affaire d'argent qu'ils veulent garder pour eux?».
Par ailleurs et tel un symbole fort, les banques ont toutes fermées à l'appel d'un mort d'ordre de l'Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers de Côte d'Ivoire (APBEF-CI) comme constaté. Voulant nous rendre à un guichet d'une banque au Plateau, les gardiens nous indiqueront qu'ordre a été donné de fermer et de demander aux salariés de rester chez eux.
Après et malgré un avertissement de sanction de l'Etat Major dimanche soir et une médiation d'anciens "com zone", au delà d'Abidjan, à Bouaké les soldats qui réclament le paiement du restant (7 millions, ndlr) de leur prime de 12 millions qui devait être mensuellement payé depuis février, ont à nouveau exprimé par les armes lundi matin leur colère. Situation similaire à Korhogo, Daloa et Bondoukou.
Enfin, devant le constat de non effet pour l'heure des menaces de "sévères" sanctions de l'Etat Major, l'opinion du pays a les yeux tourné vers sa classe politique en espérant que cette dernière trouve rapidement une solution pour calmer les militaires.