Les deux pilotes d'avion français, condamnés à 20 ans de prison en République dominicaine et dans l'attente d'un nouvel examen judiciaire de leur dossier, ont réussi à quitter ce pays des Caraïbes et à rentrer en France. Récit.
Assignés à résidence à Saint-Domingue depuis leur condamnation à 20 ans de prison cet été, mais libres de leurs mouvements, Pascal Fauret, 55 ans, et Bruno Odos, 56 ans, ont fui la République dominicaine ce week-end.
Un scénario impensable, rendu possible par des "copains" solidement entraînés, a appris BFMTV: les deux pilotes ont quitté le pays avec la complicité d'anciens militaires. Des marins mais aussi deux ex-agents de la DGSE, le renseignement extérieur, avec qui Pascal Fauret et Bruno Odos s'étaient liés d'amitié par le passé, du temps où ils travaillaient tous les deux pour l'Aéronavale, le service aérien de la marine française.
D'après nos informations, un homme politique français était "au plus près" de l'opération d'extraction: Aymeric Chauprade, eurodéputé FN.
Une opération d'exfiltration minutieusement préparée
Les deux pilotes ont prétexté faire une balade touristique en mer, dans un petit bateau de plaisance, accompagnés par un ancien marine et le politique français. Durant la promenade, ils ont été abordés par un bateau plus imposant, à bord duquel se trouvait le reste du commando, qui les a extraits. Ils ont ensuite passé plusieurs jours en mer, avant d'arriver sur l'île Saint-Martin, aux Antilles.
De là, les deux Français ont embarqué à bord d'un avion de ligne, grâce à des passeports fournis par les anciens militaires. Ils ont ensuite atterri à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, samedi après-midi, avant de rejoindre leurs familles respectives près de Lyon.
Plusieurs scénarios avaient été envisagés à l'origine, dont un avec un hélicoptère. Plan d'évasion oublié ensuite par l'équipe spéciale, car jugé trop risqué. "Même si ils avaient été incarcérés, on serait allés les chercher", confie toutefois une source à BFMTV.
Ils veulent être entendus par la justice française
Remis en liberté après avoir fait appel en septembre dernier, Pascal Fauret et Bruno Odos avaient pourtant interdiction de quitter la République dominicaine dans l'attente d'un nouvel examen judiciaire de leur dossier. A peine arrivés en France, ils ont demandé par écrit à être entendus par une juge d'instruction du tribunal de Marseille, où une autre enquête sur cette affaire avait été ouverte.
"Ils ont quitté le territoire d'un pays dont la justice n'existe pas. Ils ne cherchent pas à fuir la justice", a insisté leur avocat, Me Jean Reinhart.
L'affaire remonte à la nuit du 20 mars 2013, quand la police dominicaine, renseignée notamment par les États-Unis, avait intercepté sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana un Falcon 50 avec 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne. Pascal Fauret et Bruno Odos ont toujours argué qu'ils ne savaient pas que de la drogue se trouvait à bord de l'avion, ni comment elle y avait été placée à leur insu.
Les deux autres Français sont restés sur place
Rencontré lundi par BFMTV, Marc Leplongeon, co-auteur d'un livre d'enquête sur le sujet, "L'affaire Air Cocaïne", affirme qu'il y a eu "de nombreuses erreurs et dysfonctionnements de la justice en République dominicaine.
"Il y a des procédures qui ont été bâclées, des procès-verbaux bidonnés, et des droits qui n'ont pas été respectés", estime le journaliste.
Nicolas Pisapia et Alain Castany, les deux autres Français poursuivis dans cette affaire et qui se trouvaient à bord du Falcon 50 le soir de l'arrestation, sont restés sur place. Ils sont toujours assignés à résidence. Eux aussi clament depuis le début leur innocence. Leurs proches redoutent qu'ils soient désormais incarcérés.
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