Le mouvement rebelle M23 recrute des magistrats dans les territoires qu’il contrôle dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Son porte-parole, Lawrence Kanyuka, a fait l’annonce lundi Qui évoque la volonté de « relancer la justice » dans les zones sous administration rebelle. Sur 475 candidatures reçues, 378 magistrats ont été retenus . Selon Délion Kimbulungu, président de la « commission de relance de la justice » du M23. Ce dernier a indiqué que ces lauréats seront prochainement intégrés dans le « système judiciaire de l’administration du M23 ». Cette démarche marque une nouvelle étape vers la création d’un appareil judiciaire parallèle dans la région. Les autorités de Kinshasa dénoncent une atteinte grave à la souveraineté nationale. Plusieurs diplomates redoutent la consolidation d’un pouvoir rebelle durable dans l’Est, déjà meurtri par des années de conflits.
M23 recrute des magistrats et renforce son administration parallèle
Depuis la prise de plusieurs territoires, dont Goma et Bukavu, le M23 recrute des magistrats pour compléter son administration civile et sécuritaire. Ce mouvement, soutenu par le Rwanda selon les Nations unies . Administre désormais les zones conquises avec des structures locales proches d’un véritable gouvernement.
Le M23 a forcé l’armée congolaise et la police nationale à se replier, prenant ainsi le contrôle de ces territoires. Les habitants, eux, vivent dans un climat de peur et d’incertitude. Ainsi cette stratégie rappelle celle de certains groupes armés dans d’autres régions africaines, notamment le cas du MNLA au Mali en 2012 . Qui avait instauré un système de justice local dans les zones sous son contrôle. Dans les deux situations, l’objectif affiché est d’instaurer l’ordre . Mais la réalité reste souvent marquée par des abus et une absence de neutralité judiciaire.
Le M23 installe sa justice dans un contexte de paix fragile
L’annonce selon laquelle le M23 recrute des magistrats intervient dans un contexte politique tendu. Les accords de paix conclus entre la RDC et le Rwanda à Doha et à Washington restent fragiles. Le président congolais Félix Tshisekedi a récemment dénoncé la poursuite des combats malgré les engagements pris. De son côté, le M23 accuse Kinshasa de ne pas respecter les clauses du cessez-le-feu. La médiation internationale menée par les États-Unis tente de relancer les discussions entre Tshisekedi et Kagame. Mais sur le terrain, la situation demeure explosive. La mise en place d’un appareil judiciaire par le M23 pourrait aggraver la fracture entre le gouvernement central et les populations de l’Est . Qui peinent déjà à faire confiance aux institutions officielles. Pour de nombreux observateurs, cette initiative constitue une manœuvre politique visant à renforcer la légitimité du mouvement rebelle face à Kinshasa.






















