Après des essais en Guinée, un vaccin expérimental se révèle hautement efficace contre le virus Ebola.
Les résultats, publiés dans le journal médical The Lancet, montrent que près de 6000 personnes ayant reçu le vaccin n'ont pas développées la maladie.
Son nom est rVSV-Zebov (pour recombinant vesicular stomatitis virus-Zaire ebolavirus, ou en français « virus de la stomatite vésiculaire recombiné-Ebola virus ») et il pourrait stopper une future épidémie d’Ebola. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a présenté, jeudi 22 décembre, un vaccin efficace contre le virus qui a fait plus de 11 300 morts en Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2015. Il s’agit d’une avancée majeure face à une maladie qui sévit depuis au moins 1976.
Ce vaccin développé par le gouvernement canadien a été injecté en Guinée à 5 800 personnes ayant eu un contact avec un patient atteint par le virus. Aucun cas d’Ebola n’a été observé chez les personnes vaccinées sous dix jours. « Ce qui suggère fortement que le vaccin pourrait avoir une efficacité jusqu’à 100 % », se réjouit Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale à l’OMS, ajoutant :
« S’il y avait un cas d’Ebola et une nouvelle épidémie, nous sommes maintenant prêts à y répondre. »
Son équipe de chercheurs a calculé qu’en cas de pleine épidémie, il y avait 90 % de chances que le vaccin soit à plus de 80 % efficace. « La protection survient très tôt après la vaccination, mais nous ne savons pas si elle durera encore six mois après », a prévenu Mme Kieny.
Deux effets indésirables « graves » ont été liés à la vaccination (une réaction fébrile et une réaction allergique) et un troisième qualifié de possible (syndrome grippal), mais avec un rétablissement dans les trois cas, sans effet à long terme. Initialement exclus de l’essai, les enfants de plus de 6 ans en ont ensuite bénéficié. Mais il reste à déterminer sa sécurité pour les femmes enceintes et les plus petits.
La « vaccination en anneaux »
L’essai a été fait selon une méthode dite de « vaccination en anneaux ». C’est-à-dire de cercles ou groupes de gens en contact avec un malade, d’abord des proches, puis des sujets qui ont été en contact avec eux et ainsi de suite. C’est cette même méthode qui avait été utilisée pour éradiquer la variole.
Après la fin de l’essai, il y a eu quelques cas en Guinée, ainsi qu’en Sierra Leone, et l’équipe a utilisé la même stratégie : la vaccination des contacts de contacts, avec l’autorisation de la FDA (l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) d’utiliser le vaccin en dehors d’un essai clinique, a expliqué Mme Kieny.
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300 000 doses d’urgence
C’est le laboratoire américain Merck qui a acquis les droits de commercialisation du rVSV-Zebov. Le processus d’approbation standard auprès des agences américaine et européenne du médicament prend environ dix ans. Cependant, de trois cent mille à un million de doses d’urgence pourraient être livrées avant la commercialisation du vaccin.
D’après les résultats publiés vendredi 23 décembre dans la revue médicale The Lancet, rVSV-Zebov est efficace contre la souche dit « Zaïre », mais un autre vaccin doit être développé pour lutter contre la souche Soudan. D’autres vaccins sont également nécessaires, notamment pour les soignants, en s’assurant qu’ils offriront une protection de longue durée. Plusieurs sont en développement.
En rappel, l'épidémie d'Ebola, partie en décembre 2013 de Guinée, s'était ensuite propagée au Liberia et en Sierra Leone, trois Etats limitrophes. En deux ans, elle a gagné dix pays, dont l'Espagne et les Etats-Unis, provoquant officiellement 11.315 morts pour 28.637 cas recensés à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.