Ceci est la réaction de Jean Baptiste Natama quand à la polemique sur l'affaire des 1 millions offert à chaque deputé.
«On peut objecter à ces députés, que le financement de la campagne électorale était aussi un droit mais que je l’ai trouvé et jugé moralement indécent et donc décidé de ne pas en faire un usage personnel.
Ici, il s’agit de mettre chaque acteur politique face à sa conscience car c’est de cette conscience que résulte la conception que chacun se fait de l’action politique, de son rôle et de ses responsabilités en tant qu’acteur de cette politique au sein de la société mais aussi des obligations morales y afférentes.
De ce fait si, pour certains comme moi, la politique est un sacerdoce à vivre au service entier et exclusif de la société, pour d’autres, elle est un moyen pour assouvir des intérêts personnels égoïstes, même et surtout, au détriment de ceux-là au nom desquels l’on prétend agir politiquement.
Alors que retenir ?
Le constat que l’on peut faire c’est que, les députés, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité, toutes obédiences politiques et idéologiques confondues (sociaux-démocrates, libéraux, néolibéraux, sankaristes, national-tercéristes, etc.), quand il s’agit de jouir d’avantages matériels et financiers ou de privilèges, sont unanimes.
Oui! Il n’y a aucune voix dissonante au sein de l’hémicycle, ce qui me convainc davantage que nous avons affaire à une classe politique qui, dans son ensemble, nous prouve son irresponsabilité caractérielle caractérisée et dont le dernier des soucis est de servir et préserver les intérêts du peuple.
Pouvait-il en être autrement quand on voit la déchéance morale qui gangrène notre pays?
Pouvait-on attendre et espérer mieux de responsables politiques qui achètent des voix d’électeurs pour se faire élire?
Non. Nous avons vu la transition prise en otage par des individus qui, lorsqu’ils étaient dans l’opposition ou dans la société civile, étaient les plus vocaux et les plus virulents à s’indigner avec véhémence contre les avantages et les privilèges accordés à l’establishment politique mais, une fois aux affaires, ils ne s’en sont pas privé, au nom des sacro-saints principes qu’ils défendaient préalablement. Bien au contraire, ces objecteurs de conscience en papier recyclé, parangons de la vertu seulement dans le verbe, en ont usé et abusé.
Et, il en est de même, aujourd’hui, pour certains d’entre nous qui viendront ici crier au scandale mais, dès qu’ils auront l’opportunité, ils auront tôt fait d’oublier la vertu pour faire pire.
Oui! En parlant de ceux qui trompent le peuple en s’opposant le jour puis collaborent la nuit.
Non! Encore, parce que la manière et les raisons de faire de la politique par cette élite ne s’accommodent d’aucune valeur morale et sociétale.
Non! Aussi, parce qu’il y a de l’hypocrisie, de l’inconséquence, de la fourberie, de l’escroquerie morale et politique, de l’irresponsabilité et de l’indignité opposables aux gouvernants et aux gouvernés dans une large majorité.
Pensez-vous que, quelqu’un qui triche et ment pour se faire élire deviendra-t-il honnête et vertueux, une fois élu?
Ne croyez-vous pas que le premier réflexe de celui qui investit ses ressources matérielles et financières pour se faire élire à travers l’achat de voix sera toujours de récupérer d’abord sa mise?
C’est au vu de toutes ces considérations et de tous ces agissements, que je n’ai de cesse insisté sur le besoin de renaissance Burkinabè avec pour fondements le retour aux valeurs morales et sociétales fondatrices de notre identité nationale ainsi que sur le nécessaire renouvellement de la classe politique dans son ensemble.
Une classe politique qui a failli, qui a usé de son génie pour créer l’échec collectif dont nous subissons les affres et qui a épuisé son contenu historique. Une classe politique dont les actions sont constamment en déphasage avec les aspirations du peuple.
Oui! Il faut indubitablement une véritable refondation morale et sociétale pour un vrai changement dans notre cher pays».
Jean Baptiste Natama