Dans cette lettre ouverte, le Syndicat national des gestionnaires des ressources humaines de l’administration publique (SYNAGRH) dénonce «une sélection clientéliste» des organisations syndicales par le gouvernement. En effet, pour le SYNAGRH, restreindre la participation à cette instance à la dimension des centrales syndicales prédisposerait l’autorité supérieure à un traitement partiel des préoccupations et de ce fait à une division des travailleurs. »
« Aux Camarades Secrétaires généraux des organisations syndicales,
Nous avons l’honneur, à travers la présente, porter notre lecture sur la tenue des rencontres Gouvernement-Syndicats et attirer votre attention sur le fonctionnement de l’univers syndical au Burkina Faso.
Camarades Secrétaires généraux des organisations syndicales,
Ces dernières années, compte tenue de la précarité des conditions de vie et de travail, notre pays s’est enrichi par la création de plus d’une dizaine d’organisations syndicales professionnelles des secteurs publics et privés dont la nôtre, portant ainsi le nombre à plus de 182 . Ces organisations, il faut le dire, ont fortement contribué à la réussite des luttes organisées par l’Unité d’Action Syndicale (UAS) dont celles de 1999, 2010, 2014 et tout récemment en 2015 contre la forfaiture du Gal. Gilbert DIENDERE.
En effet, lorsqu’il est question d’actions de lutte d’envergure importante, ayant trait aux intérêts des travailleurs, toutes les organisations syndicales des différents ministères et institutions ne sont pas en marge. A contrario, quand il s’agit de rencontres Gouvernement-syndicats, comme c’est le cas présentement, l’on assiste à une « exclusion» et/ou «une sélection clientéliste» des organisations syndicales réunies au sein des centrales syndicales et de quelques syndicats autonomes, toute chose qui ne permet pas la prise en compte des préoccupations des travailleurs des différents départements ministériels et de tous les secteurs d’activités.
Camarades Secrétaires généraux des organisations syndicales,
Cette sélection ne se justifie pas. Pour nous, restreindre la participation à cette instance à la dimension des centrales syndicales qui d’ailleurs ne regroupent pas tous les syndicats professionnels des départements ministériels, prédisposerait le gouvernement à un traitement partiel de nos préoccupations, donc à une division des travailleurs que nous sommes.
Même s’il est reconnu que la préoccupation récurrente et commune des travailleurs se résume à l’amélioration du traitement salarial, force est de souligner que dans chaque département ministériel, il existe des problèmes particuliers qui sont régulièrement portés et défendus par les organisations syndicales qui, malheureusement, ne sont pas mentionnés dans le cahier de doléance de l’UAS. D’où les multiples grèves sectorielles que nous avons connu dans le dernier semestre de l’année 2016.
Camarades Secrétaires généraux des organisations syndicales,
Cette correspondance est un cri de cœur et une interpellation à votre endroit pour, d’une part, une concertation élargie des organisations syndicales autour de l’UAS, et d’autre part une meilleure organisation et fonctionnement du mouvement syndical au Burkina Faso.
Ainsi, au regard du nombre important des syndicats des secteurs publics et privés, et conscient de l’importance de l’union des syndicats, nous recommandons les mesures suivantes :
- des concertations sectorielles avec tous les partenaires sociaux des ministères et instituions en amont de la tenue de la rencontre Gouvernement-Syndicats ;
- la participation de tous les représentants syndicaux à cette instance de rencontre au regard de la particularité des préoccupations et compte tenue de leur représentativité dans les départements ministériels et institutions ;
- l’adhésion de toute organisation syndicale dument mandaté aux structures faitières de l’UAS ;
- la tenue d’un forum sur l’existence et le fonctionnement des organisations syndicales au Burkina Faso pour la tenue d’un fichier normalisé des syndicats ;
- l’organisation d’élections professionnelles en vue d’une organisation et de fonctionnement rigoureux du mouvement syndical au Burkina Faso.
Sachant compter sur votre prompte collaboration, nous vous prions d’agréer, Camarades Secrétaires généraux, l’expression de nos considérations distinguées.
Pour le Bureau National du SYNAGRH,
le Secrétaire général
Souleymane ZOROME