Le frère de Kadre Désiré Ouédraogo potentiel candidat à la présidentielle prochaine menacé d’une mesure ségrégationniste chez lui dans son village natal.
C’est le journal l’Observateur à travers sa rubrique « une lettre pour Laye » du vendredi dernier qui révèle cette triste affaire où des gens seraient en train d’ourdir un plan d’expulsion de quelqu’un pour x ou y raison.
A entendre cela on penserait à l’Afrique du Sud d’avant Mandela où des lois étaient prises pour interdire aux noirs sud-africains d’obtenir des droits, comme par exemple le droit à la terre, chez eux sur le sol de leurs ancêtres.
On le sait tous que ça n’a jamais été la paix autour du trône de Boussouma entre l’actuel Dima et les siens notamment celui-là qui est pressenti comme le prince héritier qu’on demande de « chasser ».
En effet, quel que soit le conflit qui opposerait les frères de Boussouma, l’idée d’expulser un fils de son terroir reste assez terrifiante et suscite bien des questions.
Et c’est le lieu de le dire haut et fort, la chose qui parait dangereuse et qu’il conviendrait d’éviter c’est tout lien de cette affaire avec la politique et particulièrement les ambitions politiques de l’ex-président de la commission de la Cedeao Kadre Ouédraogo.
Malheureusement, selon certaines analyses il pourrait y avoir des relents politiques.
Le Dima est un allié politique du président Kabore qu’il soutient dans le cadre de la majorité avec son parti le RDS.
Il est aussi dit et reconnu par plusieurs observateurs que l’annonce de la candidature de Kadre Ouédraogo donnerait des insomnies au président Roch Kabore qui s’est prématurément déclaré candidat en 2020 faisant connaître son intention de rempiler pour un second mandat.
Ceci pourrait donc expliquer cela. Mais s’il y a une chose qu’il faut également affirmer c’est que la République impose que l’on s’en tienne aux droits de chaque citoyen et aux principes démocratiques conférés dans la constitution.
Si la candidature de Kadre Ouedraogo doit susciter des cabales jusque dans la famille, la tribu ou le clan, c’est une grave dérive aux conséquences incalculables que ses auteurs doivent vite stopper.
La politique comme on le sait est un idéal pour servir son prochain et son peuple. C’est pourquoi elle doit être pratiquée avec des manières saines et loyales afin qu’elle serve au bien commun.
Cette nouvelle affaire dans le royaume de Boussouma vient à la suite de bien de situations où les fondements de la République sont simplement piétinés pour des intérêts politiques. Il n’est pas rare d’entendre des propos exclusionnistes sur fond ethnique utilisés contre des adversaires.
On peut citer d’autres faits qui sont également des tares entretenues : les offices religieux récurrents sur commande dans les institutions, l’ingérence des autorités morales dans la gouvernance de l’Etat, les prises de position publique en faveur du pouvoir en place de ces autorités morales dont la dernière en date est l’appel dit des chefs coutumiers etc.
La « République du religieux » que l’on est en train de faire du Burkina Faso sera dramatique à terme comme certains effets pervers que l’on observe déjà impuissamment en donnent la mesure. Le cas le plus emblématique est la justice primitive ériger en norme avec les Koglweogos qui outrepassent leur rôle de sécurité pour devenir un État dans l’Etat. Cela est un cas palpable des méfaits des viols répétés à la laïcité de l’Etat.
La volonté pour certains de faire décréter l’expulsion d’une personne sans que ce soit la justice, seul autorité à juger, n’est rien d’autre qu’une attitude de négation du droit, de l’autorité et partant de la République elle-même.
En tout cas, il est souhaitable que les politiques fassent la politique avec des idées et des arguments de conviction plutôt que de passer par l’instrumentalisation et la manipulation de certaines sensibilités ou fibres communautaires. C’est un chemin suffisamment périlleux qui ne peut construire si ce n’est détruire le socle commun de notre vivre-ensemble à savoir la République.
Et, il appartient aux autorités et les citoyens avec elles de veiller à ce que la République vive et soit respectée de tous car sans soumission aux règles et normes la cohésion sociale, la stabilité et le développement deviennent illusoires.
(Le Soir)