La aide au développement suédoise connaît un tournant majeur, puisque Stockholm a annoncé la fin de son soutien au Zimbabwe, à la Tanzanie, au Mozambique et au Liberia. Cette décision, prise vendredi 5 décembre 2025, vise à rediriger les fonds vers l’Ukraine, confrontée à l’agression militaire russe. Pour ce faire, trois ambassades — au Liberia, au Zimbabwe et en Bolivie — fermeront progressivement dès l’année prochaine. Le gouvernement suédois prévoit de dégager ainsi des ressources supplémentaires afin d’accroître son appui financier à Kyiv. L’objectif est de renforcer l’aide humanitaire et militaire dans un contexte de guerre prolongée.
Selon Benjamin Dousa, ministre de la Coopération internationale, la Suède augmentera de 10 milliards de couronnes, soit environ 913 millions d’euros, son soutien à l’Ukraine, représentant près de 20 % de l’aide totale. Ce réajustement traduit un choix politique clair, car il privilégie un soutien ciblé face aux conflits actuels. Ce virage marque une rupture avec la tradition suédoise, qui depuis les années 1970 a fait du pays un partenaire historique des pays africains en développement.
Aide au développement et conséquences en Afrique
L’arrêt de la aide au développement en direction du Zimbabwe, de la Tanzanie, du Mozambique et du Liberia inquiète plusieurs organisations non gouvernementales. Diakonia évoque un « abandon » des mouvements démocratiques, longtemps soutenus par la Suède. WaterAid déplore une politique désormais orientée vers le commerce suédois et la gestion migratoire, au détriment des besoins essentiels comme l’accès à l’eau potable. Cette décision pourrait fragiliser des pays historiquement partenaires et ralentir les progrès réalisés dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la résilience communautaire.
En outre, les montants cumulés sur 25 ans dépassent 50 milliards de couronnes, ce qui illustre l’importance de la aide au développement suédoise pour ces nations africaines. Le retrait risque donc d’avoir des répercussions directes sur les programmes locaux, notamment dans les zones rurales ou vulnérables. Les experts craignent que cette politique ne compromette la stabilité sociale et économique des pays concernés.
Perspectives politiques
Ce réajustement traduit également un virage politique interne. Depuis 2022, l’arrivée d’un gouvernement conservateur soutenu par l’extrême droite a profondément transformé l’approche suédoise. Le pays souhaite désormais concentrer son aide au développement sur des projets jugés stratégiques, avec une forte priorité à l’Ukraine et aux objectifs migratoires nationaux. Les critiques des ONG rappellent cependant que l’aide internationale ne doit pas se réduire à des enjeux géopolitiques ou économiques au détriment des populations locales.
La décision de Stockholm de réduire son aide africaine pour renforcer son soutien à l’Ukraine marque un changement significatif dans l’histoire de la coopération internationale. La aide au développement suédoise reste un outil politique majeur, et sa réorientation soulève des débats sur les priorités humanitaires mondiales et l’engagement durable envers les pays partenaires.




















