Ceci est le compte-rendu de la réunion de l’Opposition politique d Burkina Faso tenue à Ouagadougou le 28 février 2017
«Les partis politiques membres du Cadre de concertation du Chef de file de l’Opposition, ont tenu une rencontre ce mardi 28 février 2017 à Ouagadougou. Cette réunion, présidée par le Chef de file de l’Opposition, M. Zéphirin DIABRE, avait pour ordre du jour la situation sociopolitique nationale et la vie de l’Opposition politique.
Au chapitre de situation nationale, l’Opposition politique a pris acte du réaménagement ministériel survenu dans notre pays et à la faveur duquel, entre autres changements, un ministère plein de la sécurité a été créé, et le poste de ministre de la défense confié à un nouveau titulaire. Dans le fond, la composition de cette nouvelle équipe procède de la même philosophie que la précédente. L’Opposition et les Burkinabè n’attendent pas de cette nouvelle équipe une amélioration notable dans la vie de notre nation.
L’Opposition politique a aussi appris avec consternation les attaques simultanées contre des bâtiments administratifs dans la province du Soum, perpétrées par le groupe terroriste « Ansaroul Islam ». Une fois de plus, notre sécurité intérieure est mise à mal et notre Sahel devient peu à peu un sanctuaire terroriste, au point que les Burkinabè se demandent si cette partie de notre territoire national n’est pas en train de nous échapper. Comme l’a toujours dit l’Opposition, la situation sécuritaire de notre pays appelle des actions énergiques et non des discours ronflants. Les terroristes sont en train de nous terroriser et le pouvoir du MPP ne semble malheureusement pas en mesure de stopper l’avancée de ces ennemis de la Nation. Il est grand temps qu’il se ressaisisse !
Toujours au plan national, l’Opposition politique a pris connaissance des propos incendiaires tenus par le Premier ministre Paul Kaba THIEBA lors de sa rencontre avec les syndicats, propos par lesquels il accuse les syndicats d’être manipulés par des partis politiques et d’être de connivence avec des velléités putschistes. Ces propos sont discourtois et manquent de responsabilité, car ils sont en contradiction flagrante avec une volonté de recherche d’une trêve sociale. Au contraire, ils ne peuvent qu’envenimer une situation sociale déjà explosive. Ces propos insultent aussi l’intelligence des organisations syndicales de notre pays, qui n’ont jamais eu besoin qu’un parti politique vienne leur indiquer la ligne à suivre. Mais l’accusation formulée par le premier ministre est très grave, parce qu’elle procède d’une préparation des esprits pour une opération politique spéciale dont les finalités sont bien connues. L’Opposition politique note d’abord que ces propos font écho aux termes utilisés dans le communiqué du MPP publié en réaction au mémorandum de l’Opposition, et dans lequel l’Opposition politique est accusée de vouloir déstabiliser les institutions de l’Etat.
Ensuite, ces propos sont une vielle rengaine de notre histoire politique et ont toujours annoncé des jours sombres pour les libertés syndicales et politiques. On les a entendus à la veille du 3 janvier 1966, lorsque le régime d’alors a accusé les syndicats en grève d’être manipulés par des politiciens soutenus par la Chine populaire. Plus tard au début des années 1980, ces propos ont été resservis par le régime de la troisième république et surtout par celui des colonels, ce dernier n’ayant pas hésité à embastiller des syndicats et à supprimer le droit de grève. On a retrouvé ces propos sous la révolution, où ceux qu’on qualifiait d’anarcho-syndicalistes étaient indexés comme étant manipulés par des partis politiques, et furent victimes d’une dure répression. Il apparait clairement que chaque fois que dans notre histoire politique ces propos sont tenus, c’est qu’une répression est en préparation. Les propos du Premier ministre dévoilent donc une volonté du pouvoir en place de remettre en cause les libertés syndicales.
Par ailleurs, les références indirectes faites à l’Opposition dans le discours du Premier ministre, ajoutées aux propos du MPP qualifiant l’Opposition politique de putschiste, dénotent clairement d’une stratégie du pouvoir visant à réprimer l’Opposition dans le but d’écarter des hommes politiques ou de dissoudre des partis politiques considérés comme gênants.
L’Opposition politique burkinabè est démocratique et républicaine. Sur ce plan, elle n’a plus rien à prouver et elle n’a aucune leçon à recevoir de qui que ce soit. Comme elle l’a toujours fait, y compris quand les ténors actuels du MPP et de la majorité militaient en son sein, elle réaffirme et continuera de réaffirmer son soutien plein et entier aux travailleurs lorsque ceux-ci luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Elle tient le peuple burkinabè et l’opinion publique nationale et internationale à témoin des manœuvres sordides du régime, et elle met fermement en garde le pouvoir du MPP, contre toute tentative de museler les syndicats et de persécuter les opposants.
Au regard de la gravité de ces accusations, l’Opposition politique animera dans les prochains jours une conférence de presse, pour revenir sur la question.
Enfin, toujours au chapitre national, la NAFA a fourni à l’assemblée des nouvelles sur l’état de santé du Général Djibril BASSOLE, qui a été victime de plusieurs malaises, et dont la question de la prise en charge sanitaire semble donner lieu à des atermoiements. Pour l’Opposition politique, il est du devoir impérieux de l’Etat, de garantir à toute personne en détention, les soins sanitaires adéquats, à la fois pour des raisons humanitaires et pour des raisons touchant à la manifestation de la vérité et de la justice. C’est pourquoi l’Opposition politique interpelle vigoureusement le gouvernement, pour qu’il prenne les dispositions appropriées, afin que le Général Djibril BASSOLE puisse bénéficier le plus rapidement possible, des soins adéquats prescrits par les spécialistes de la santé qui sont en charge de son dossier. L’Opposition souhaite un prompt rétablissement au Général BASSOLE.
Au chapitre de la vie interne de l’Opposition politique, le Chef de file de l’Opposition a informé l’assemblée d’une rencontre qui a eu lieu le lundi 27 février dernier entre deux coalitions de l’Opposition, la CFDC et la CODER, autour de la question de la réconciliation nationale.
Au sujet des activités de l’Opposition, celle-ci a convenu de présenter bientôt au peuple burkinabè une plateforme politique de lutte, dans le cadre d’une action de mobilisation dont le format sera précisé en temps opportun.
Avant la levée de la séance, les représentants de l’Opposition à la Commission constitutionnelle ont fait le point de leur participation aux travaux de ladite commission.
Débutée à 18 h 00, la réunion a pris fin à 20 h 40 mn.»
Ouagadougou, le 1er mars 2017
Le service de communication du Chef de file de l’Opposition politique