Burkina: « La justice militaire a fini de nous convaincre qu’elle est à la solde des autorités politiques »NAFA

L’annonce de la libération provisoire du Général Djibrilll BASSOLE le 10 octobre 2017 a suscité des réactions multiformes en fonction de la couleur politique ou des sensibilités des uns et des autres.

Pendant que les proches et membres de sa famille ainsi que les militants et sympathisants de la NAFA se réjouissaient de cette décision de justice, on a pu observer également des mouvements sporadiques de colère pour dénoncer cette même décision.

En tant que parti républicain, respectueux des valeurs républicaines, la NAFA à travers plusieurs déclarations publiées auparavant avait tenu à interpeller les uns et les autres d’inscrire leurs mouvements d’humeur dans un cadre purement légal. Aussi, avait-elle fustigé le caractère antirépublicain du MPP qui avait, dans sa déclaration relative à la libération du Général BASSOLE, tenté de remettre en cause sa mise en liberté provisoire et par-delà, l’institution judiciaire et son indépendance.
C’en est suivie la déclaration du MBDHP le 17 octobre pour condamner la libération provisoire de Djibrill BASSOLE que ses membres considèrent comme étant une forme d’impunité.

De plus, le MBDHP dans sa déclaration émet des doutes quant à la volonté des autorités politiques et judiciaires de travailler à la manifestation de la vérité et ; de rendre justice pour les crimes commis pendant l’insurrection et la résistance face au putsch du 16 septembre eu égard de la longueur de la procédure et de l’inaction de la justice vis-à-vis de certains présumés responsables de crimes.

Au delà de cette sortie qui remet en cause l’indépendance et la moralité des acteurs judiciaires par ce mouvement, la NAFA se réjouit du fait que le MBDHP reconnaisse que la liberté provisoire est un droit consacré contrairement à certaines organisations politiques ou de la société civile.

La NAFA par ce communiqué tient à rassurer tous ceux qui sont sceptiques que nul n’est aussi impatient que monsieur Djibrill BASSOLE pour la manifestation de la vérité sur ces évènements malheureux du putsch manqué et la justice pour les victimes. Puisqu’étant lui-même une victime qui entend laver son honneur et recouvrer totalement ses droits civils et politiques.

C’est dans cette logique que faisant un diagnostic sur l’engrenage de la justice burkinabè, la NAFA est parvenue à la conclusion suivante : la justice peine à être indépendante à cause de l’immixtion flagrante et éhontée des autorités politiques. Cette imbrication provoque particulièrement des cafouillages judiciaires qui empêchent la manifestation de la vérité et de la justice pour les cas précis du dossier de l’insurrection populaire et du putsch manqué de septembre 2015.

Pour la NAFA, les juridictions hautement politisées à l’instar de la Haute Cour de justice et de la justice militaire sont la cause du grippage qui déteint négativement sur notre institution judiciaire qui avait pourtant obtenu les bases légales pour son indépendance. Plusieurs raisons ont concouru à motiver notre conclusion et il s’agit particulièrement des cas suivants :

1. Les procédures initiées par la Haute Cour de justice ont vite montré leurs limites à cause de l’imbrication du politique et du judiciaire. Cette collusion a conduit à ce que l’on désigne des auteurs qui ne sont vraisemblablement pas les vrais acteurs des crimes commis au cours de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre. Pour preuve, des présumés organisateurs des massacres à l’image du Général Yacouba Isaac Zida et autres ne sont pas inquiétés et jouissent totalement de leur liberté pendant que l’on assaille de façon exagérée les membres du dernier Gouvernement de Blaise COMPAORE parce qu’ils ont participé à un conseil des ministres. L’orientation politique de la majorité des membres ne fait que confirmer que la Haute Cour de justice n’est qu’un tribunal d’exception dont la seule vocation est de régler les comptes des adversaires politiques et non rendre la justice et travailler à la manifestation de la vérité.

2. La justice militaire elle également a fini de nous convaincre qu’elle est à la solde des autorités politiques et par conséquent, elle n’est pas en mesure dans sa structuration actuelle de créer les conditions d’un procès équitable et impartial. Il suffit de se référer au procès de la tentative de libération des Généraux détenus à la MACA intenté contre Madi OUEDRAOGO et compagnie pour s’en persuader. En plus, nous relevons qu’il a fallu deux années à la justice militaire pour l’instruction du dossier qui, de part son caractère flagrant ne nécessitait pas une si longue procédure. N’eut été le fait que les juges militaires sont soumis aux ordres de leurs supérieurs hiérarchiques. Il est à croire que cette juridiction lorsqu’elle rend un verdict, c’est une décision dictée par le politique et que sa véritable spécialité c’est la longueur des procédures. Il a fallu deux ans pour instruire le dossier du putsch manqué et vous observez actuellement les manigances savamment orchestrées pour retarder le plus longtemps possible les audiences de confirmation des charges et de mise en accusation.

Au regard de ce qui précède, la NAFA interpelle les autorités politiques et militaires qui travaillent à freiner l’élan de notre justice à avoir un comportement républicain en respectant scrupuleusement le pacte pour le renouveau de la justice. À tous les Burkinabè épris de justice, la NAFA les appelle à la vigilance et à travailler de sorte à consolider l’indépendance de l’institution judiciaire. Il serait contre-productif de travailler contre la justice en ce sens que cela profiterait allègrement aux politiciens véreux qui n’attendent qu’avoir la mainmise sur cette institution afin de prospérer dans l’impunité. Travaillons donc à libérer la justice du joug des autorités politiques et militaires pour qu’elle puisse être l’arme du peuple contre l’impunité et l’injustice.
Enfin, la NAFA lance un vibrant appel à nos autorités judiciaires à conformer leurs textes et leurs pratiques conformément aux conventions internationales comme formulé par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

NAFA, vérité et justice ;
NAFA pour tous !!!

Pour le Bureau exécutif national

Le Président par Intérim

Pr Mamoudou H. Dicko

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