Burkina: les syndicats maintiennent la grève du 16 au 20 mars 2020

A l’appel des organisations syndicales ci-dessus citées, se sont tenues le samedi 07 mars 2020 sur l’ensemble du territoire national des marches-meetings. Ces manifestations qui entrent dans le cadre de diverses actions syndicales engagées visent la satisfaction d’une plate-forme revendicative en cinq points soumise au gouvernement et qui sont libellés comme suit :

 arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie ;
 arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales ;
 arrêt du pillage des ressources nationales ;
 garantie du droit à la sécurité des populations ;
 le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des travailleurs.

Ces protestations publiques ont connu un succès éclatant à plus d’un titre. En effet, tous les observateurs et analystes objectifs s’accordent à reconnaitre que la mobilisation a été indiscutablement importante. Ce sont des centaines de milliers de manifestants qui ont pris d’assaut les artères des rues dans toutes les grandes villes du pays et même dans de petites localités. Le journal en ligne « Afriksoir.net » n’a pas hésité à titrer « KABORE face à sa première véritable grogne sociale, forte mobilisation contre l’IUTS à travers le pays ». A Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, les deux grandes villes du pays, les cortèges des marcheurs se sont étendus sur plusieurs kilomètres. Comme elles savent le faire, les organisations syndicales ont réussi cet exploit de rassemblement sans aucun incident, preuve de la maturité des manifestants et de la capacité organisationnelle des initiateurs.

Cette forte adhésion à l’action syndicale, au-delà de la question de l’Impôt unique sur les Traitements et Salaires (IUTS), traduit le refus net des populations en général et des travailleurs en particulier d’une remise en cause du pouvoir d’achat des travailleurs aussi bien du privé, du para public que du public, une volonté de défendre fermement les libertés et les acquis démocratiques et sociaux. Elles expriment également leur refus de la mauvaise gestion du pouvoir du MPP voire son incurie dans la conduite des affaires publiques. La pléiade d’organisations syndicales qui se sont résolument déterminées à jouer leur rôle de défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs est le signe que le mouvement syndical burkinabè sait prendre ses responsabilités lorsque cela est nécessaire.

Un autre motif de satisfaction réside dans la mise en échec des plans orchestrés par le pouvoir et ses suppôts en vue de susciter l’opposition des populations aux travailleurs d’une part et d’autre part entre des travailleurs du privé à ceux du public. Ainsi, les manifestations ont mobilisé des centaines de milliers de travailleurs des télécommunications, des banques et établissements financiers, des systèmes financiers décentralisés, du commerce, de l’industrie, du textile, du transport, etc. En outre, les populations globalement ont témoigné compréhension et soutien vis-à-vis des travailleurs en lutte. Il nous appartient de renforcer le travail de sensibilisation et de mobilisation pour faire des autres couches populaires, non pas seulement des sympathisants mais aussi des gens engagés dans la lutte aux côtés des travailleurs autour des nombreuses préoccupations communes.

Six jours après cette démonstration de force, on observe de la part du gouvernement un silence qui peut être diversement interprété. En effet, l’absence de réaction du pouvoir peut être l’expression de sa surprise ou de son mépris vis-à-vis du monde du travail, de son manque de capacité à mesurer la profondeur de l’abîme qui le sépare des populations. Elle peut tout aussi être le signe de recherche de stratégies pour casser du travailleur en lutte. D’ailleurs, les intimidations, menaces, actions de diversion, de provocation constatées sur le terrain de la part des sbires du régime sont le signe de cette option et montrent que le pouvoir MPP dans les faits, donne peu de considération au principe de dialogue social qu’il ressasse dans les discours et autres rencontres pour contenter la communauté internationale. C’est pourquoi nos organisations tout en félicitant vivement l’ensemble des structures et des militant(e)s, les invitent une fois de plus à :

• poursuivre la mise en œuvre des actions de lutte déjà engagées pour plus de réussite que ne l’a été la journée du 07 mars 2020. Certes, le Conseil des Ministres du 11 mars 2020 a annoncé l’interdiction d’un certain nombre de manifestations. Cependant, le porte-parole du gouvernement Rémis F. DANDJINOU précisera le 12 mars 2020 dans l’émission « tribunal de l’actualité » de 3TV que « toutes les manifestations qui sont soumises à une autorisation sont concernées par cette mesure ». Or, nos activités ne sont pas soumises à une quelconque autorisation ;

• préparer courageusement et sans tergiversation la grève du 16 au 20 mars 2020 et la marche meeting du 17 mars 2020. Durant cette période de grève, et pour ce qui est de la Région du Centre, il est retenu l’animation de conférences tous les jours à la Bourse du travail et qui porteront sur les thèmes suivants : situation nationale et les enjeux pour le mouvement syndical ; le Code du travail et son impact sur les conditions de travail et de vie ; la gestion de la richesse nationale ; la question de l’orpaillage, du foncier urbain et rural au Burkina ;

• transformer toute action de répression en source de galvanisation et de détermination dans la lutte pour une satisfaction de la juste et légitime plate-forme ;

• travailler à l’élargissement de la base du mouvement de lutte eu égard au contenu de la plate-forme revendicative.

Seule la lutte paie !
En avant pour une mobilisation réussie de la grève du 16 au 20 mars et la marche du 17 mars 2020 !
En avant pour une mobilisation réussie et la satisfaction de la plate-forme revendicative !

Ouagadougou, le 12 mars 2020.

Pour les organisations syndicales ci-dessus citées
Le Porte-Parole
Bassolma BAZIE

LE COLLECTIF SYNDICAL CGT-B :
 CGT-B : F-SYNTER – SYNATRAG - SYNTSHA – SYTTPBHA – SNAID – SYNTB – SYNTTEX – SYNTETH – SYNTRAGMIH – FNBPB – SYNAS - Coordination/CNSS – Coordination/SONABEL – Coordination/FSR-B - Comités CGT-B/ONEA - Les Comités CGT-B des Banques, des Systèmes financiers décentralisés, de Transport, Commerce, Industrie, du Textile
 SYNATEB – SYNTAS – SYNATEL – SYNAFI – SYNAMICA – SYNASEB – SYNACIT –SYNPTIC – SYNATIC – SATB – SYNAPAGER

L’INTERSYNDICAL DES MAGISTRATS : SAMAB- SBM- SMB

LA COORDINATION DES SYNDICATS DU MINEFID : SATB- SNAID- SYNATRAD- SYNTPC- SYNAFI- SYNASDB- COMITE CGT-B/ENAREF

AUTRES SYNDICATS AUTONOMES : SYNACSAB – SYNADES – APN–SYNAFEB – SYNATRAME – SYNATRACT – SYNTEF – SYNAFER – SYNAJEFP – SYNAGSP–SGB – SYNAG – MONEP–SAMAE – SYNAMUB – SYNAGRH – SYNAGID – SYNIACCB – SYNAPDH – SYNTRAPOST – SY.RE.C.FER.BF – SLCB

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