Affaire Djibril Bassolé: la NAFA demande sa libération immédiate

La nouvelle alliance du Faso (NAFA) a, au cours d’une conférence de presse tenue le lundi 17 décembre 2017, invité le gouvernement à exécuter les recommandations du Groupe de travail du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies qui exige la libération immédiate de Djibrill Bassolé. voici in ex tenso la déclaration

Mesdames et messieurs les journalistes

 

Chers camarades,

La Nouvelle Alliance du Faso (NAFA), par ma voix, vous remercie de votre présence à cette conférence de presse en dépit de vos nombreuses sollicitations.

L’objet essentiel de cette conférence de presse porte sur la détention du Général Djibrill Yipénè BASSOLE.

Le 1er juillet dernier, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à travers le Groupe de travail sur la détention arbitraire a publié l’avis n°39/2017 (Burkina Faso) sur le cas de Djibrill BASSOLE. Les experts qui avaient exigé sa libération immédiate avaient estimé que : « La privation de liberté de Djibril BASSOLE est arbitraire en ce qu’elle est contraire aux articles 10 et 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux articles 9 et 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». En outre, le Groupe de travail avait ordonné le Burkina Faso de modifier sa législation ou sa pratique afin de les rendre conformes aux obligations mises à sa charge par le droit international, dans le droit fil de l’avis qu’il a rendu.

En réaction à la décision rendue, le Gouvernement par le truchement du ministre de la justice et du directeur de la justice militaire, avait, au cours d’une conférence de presse en date du 07 juillet 2017, tenu à manifester son étonnement faisant croire qu’il n’avait pas été associé à la procédure. Et pourtant, le Gouvernement du Burkina Faso a bel et bien été impliqué dans le processus qui a conduit le Groupe de travail à dénoncer le caractère arbitraire de la détention du Général BASSOLE. Pour preuve, le 22 décembre 2016, en vertu de sa procédure de communication régulière, le Président-Rapporteur du Groupe de travail a demandé au Gouvernement du Burkina Faso de lui fournir de plus amples informations sur la situation de Djibrill BASSOLE avant le 21 février 2017. Le 20 février 2017, le Groupe de travail qui a été saisi d’une demande de prorogation des délais a accordé un délai supplémentaire de trente jours au Gouvernement burkinabè. C’est ainsi que le 10 mars 2017, le Gouvernement soumettait sa réponse intitulée « Réponse du Burkina Faso à la communication soumise au Groupe de travail sur la détention arbitraire relative à la privation de liberté de monsieur Yipèné Djibrill BASSOLE » aux experts du Conseil des droits de l’homme.

En clair, n’étant pas satisfait de ce premier avis, le Gouvernement va user de son droit de recours pour demander le réexamen de la décision des experts du Groupe de travail sur la détention arbitraire. Pour cela, il revenait au Burkina Faso d’apporter les éléments de preuves nécessaires pour justifier que la privation de liberté de BASSOLE n’est pas arbitraire. Interrogé sur la question, le ministre de la justice avait fait comprendre que : « Le Burkina est respectueux des décisions qui sont prises par les instances onusiennes. La démarche que nous avons initiée ne vise pas à méconnaître la décision du groupe de travail mais c’est une voie de recours qui est offerte par les méthodes de travail du groupe. (…) Nous allons attendre que la décision soit rendue sur la révision et nous allons en tirer les conséquences qui s’imposent ».

Le 07 décembre dernier, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à travers le Groupe de travail sur la détention arbitraire a communiqué au Burkina Faso son avis définitif sur la détention de Djibrill BASSOLE. La décision des experts est clair et sans ambiguïté : la privation de liberté de monsieur BASSOLE (dans les conditions actuelles c’est-à-dire l’assignation à résidence) est totalement arbitraire. L’information capitale à retenir c’est que le Gouvernement du Burkina Faso a perdu son recours puisque les experts affirment qu’il n’a pas pu apporter des preuves suffisantes pour le réexamen de sa décision. Par conséquent, les experts exhortent le Gouvernement burkinabè à respecter les normes internationales et à libérer monsieur BASSOLE maintenant.

Cet avis qui est une victoire pour la défense du Général BASSOLE confirme ce que la NAFA a toujours dénoncé à savoir : Djibrill BASSOLE est un prisonnier politique victime de manœuvres politiciennes tendant à l’écarter de la scène politique nationale. C’est pourquoi elle interpelle l’exécutif burkinabè qui a une fois de plus, versé le visage de notre chère patrie par terre, à exécuter sans plus tarder la décision  du Groupe de travail sur la détention arbitraire du Généra BASSOLE.

Au ministre de la justice, monsieur Réné BAGORO, qui a dit à qui veut l’entendre que le Burkina est respectueux des décisions des instances onusiennes (conf. Journal le pays du 03 octobre 2017, http://lepays.bf/rene-bagoro-ministre-de-justice-nai-de-carte-politique), l’occasion lui est donnée de conformer ses actes à sa parole. Il y va de la crédibilité de l’institution qu’il représente et de l’image de notre pays.

À monsieur le ministre de la Défense qui outrepasse les décisions de justice pour continuer à séquestrer le Général BASSOLE, nous lui demandons de se plier aux exigences des normes démocratiques et républicaines. En effet, l’assignation à résidence de BASSOLE qui est le fait de l’exécutif comme le confirme l’arrêté n° 2017/297/MDNAC/CAB du 13 octobre 2017 signé par le ministre Jean Claude BOUDA est purement arbitraire à plus d’un titre.

  1. Il confirme le contrôle de la justice militaire par le ministre de la Défense comme le prévoit l’article 3 du code de justice militaire. Par conséquent, la justice militaire est loin d’être indépendante, du moins les agents intervenant dans cette institution et relevant de son commandement ne le sont pas.

  2. Suivant les dispositions de l’article 100 du code de justice militaire, seuls les individus poursuivis pour des crimes contre la sureté de l’État peuvent être assignés à résidence. Djibrill BASSOLE étant soupçonné de trahison, ne remplit donc pas les conditions pour être mis à résidence surveillée.

La NAFA invite vivement le Gouvernement qui a préféré se taire, depuis la publication de l’avis définitif le 07 décembre 2017; à s’exécuter conformément aux recommandations du Groupe de travail. Le respect des engagements internationaux surtout en matière de droit de l’homme s’impose lorsqu’on veut s’afficher dans le concert des Nations comme un État démocratique. Nous invitons le ministre de la Défense à annuler immédiatement l’arrêté portant assignation à résidence de monsieur BASSOLE qui bénéficie déjà d’une liberté provisoire de la part du Président de la chambre de contrôle près le tribunal militaire de Ouagadougou.

Nous rappelons au Gouvernement que c’est seul le respect du droit qui garantit la cohésion nationale, la paix sociale et la stabilité. Le Président du Faso l’a si bien formulé lors de son message adressé à la nation le 11 décembre dernier: « Nous avons la responsabilité de bâtir ensemble une Nation prospère et respectée, attachée aux valeurs d’égalité, d’intégrité, de justice et d’équité ». Cela ne pourra se matérialiser que si nos premières autorités s’approprient le respect inconditionnel des droits de l’homme, gage de cohésion sociale et d’unité nationale.

Nous interpellons particulièrement le Président du Faso à traduire dans les faits ce qu’il dit et faire observer les engagements internationaux auxquels notre pays a librement souscrits.

La NAFA invite par ailleurs tous les patriotes, démocrates et républicains à ne céder ni aux intimidations, ni aux harcèlements et autres humiliations érigées en modes de gouvernance et à poursuivre le combat de l’instauration d’une véritable justice dans le respect des règlementations en vigueur.

Liberté pour Djibril BASSOLE !!!

Pour la vérité et la justice, en avant !!!

Justice- Liberté-Travail

Je vous remercie.

Pr Mamoudou H. DICKO

Président par intérim de la NAFA

Voici pourquoi Francois Compaoré ne sera pas extradé selon Me Paul Kéré

Par un communiqué laconique, la Direction de La Communication et de la Presse du Ministère de la justice, des Droits Humains et de la Promotion Civique du Burkina Faso a porté à la connaissance du grand public que « la Chambre de contrôle de l’Instruction de la Cour d’Appel de Paris a tenu le 13 décembre 2017 à 14 heures 30 précises, l’audience de notification à Monsieur Paul François Compaoré de la demande d’extradition du Burkina Faso à son encontre.

Ce communiqué précise que la Cour d’ Appel de Paris aurait d’abord statué sur la demande faite par le Burkina Faso pour intervenir à l’audience par le biais de Monsieur Yves SAUVAYRE, Avocat au Barreau de Lyon et de Maître Anta GUISSE du Barreau de Paris, tous deux, semble t-il, spécialistes des questions d’extradition.

Selon cette information lapidaire, après avoir rendu une décision autorisant le Burkina Faso à intervenir dans la procédure d’extradition, la Chambre de l’Instruction de la Cour de Paris, statuant en matière d’extradition, aurait exposé à Monsieur Paul François Compaoré et à son Avocat, l’excellentissime Olivier SURE, l’identité des avocats désignés par l’Etat du Burkina Faso pour assurer sa défense.

Ensuite, selon le même communiqué sommaire, la Cour aurait procédé à la vérification de l’identité de Monsieur Paul François COMPAORÉ et qu’à l’appel de son nom, Monsieur Paul François COMPAORE se serait présenté à la barre de la Cour qui aurait vérifié son identité. Sur la question de sa nationalité, Monsieur Paul François COMPAORE aurait acquiescé qu’il est bel et bien Ivoirien et Burkinabè. Il semble qu’à l’issue de cet interrogatoire sur son identité, la Cour de Paris lui aurait notifié l’ensemble des pièces constitutives de la demande d’extradition du Burkina Faso aux autorités judiciaires françaises qu’il aurait déclaré en avoir pris connaissance antérieurement.

A la question de la Cour de savoir, si Monsieur Paul François COMPAORE consentait à être remis aux autorités judiciaires du Burkina Faso pour y être jugé l’intéressé aurait répondu par la négative et c’est dans ces circonstances que le 
dossier aurait alors été renvoyé au 07 mars 2018 pour y être examiné au fond.

Compte tenu du caractère spécifique de la procédure d’extradition et sans prétendre être un spécialiste du droit de l’extradition, il convient d’apporter une part contributive éclairante, en particulier, à l’opinion publique burkinabé pour dire, sans aucun parti pris, que l’extradition de Monsieur Paul François COMPAORE est, sur un plan strictement juridique et ce, sans querelles de gargotes, tout simplement impossible pour plusieurs raisons tenant au droit burkinabé lui-même en premier lieu et en second lieu au droit français qui n’hésitera pas, un seul instant, à en tirer toutes les conséquences juridiques.

Primo, l’extradition par la République française (qui est loin d’être une République bananière comme on le voit sous nos tropiques) de Monsieur Paul François COMPAORE est impossible pour la simple raison que notre pays dispose dans son corpus législatif de la sanction de la peine de mort. Certes la peine de mort n’est plus appliquée au Burkina Faso depuis la fusillade du Commandant Boukari Lingani, du Capitaine Henri ZONGO et bien d’autres militaires sommairement jugés par la Cour martiale et passés par les armes à feu.

Par conséquent, en raison même de l’existence de l’arsenal législatif de la peine de mort au Burkina Faso, Monsieur Paul François COMPAORÉ ne sera jamais extradé au Burkina Faso pour la simple raison que la France n’extrade pas un accusé vers un pays (fut-il son pays d’origine) qui pratique ou qui dispose dans son arsenal législatif de la peine de mort. Les constituants de la dernière révision constitutionnelle (non encore adoptée par référendum) et, notamment les farouches partisans de la peine de mort comprendront désormais pourquoi certains démocrates se sont battus avec succès pour l’abolition de la peine de mort au Burkina Faso à l’instar de la France qui l’a proscrite de son droit positif en 1981 sous le mandat du regretté Président, François Mittérand.

Ne serait-ce que pour cette raison, c’est en vain que le Burkina Faso caressera un quelconque espoir de voir Monsieur Paul François COMPAORE extradé dans notre pays. Le dire est une argumentation juridique pertinente objective et non partisane. De plus cet argument est infranchissable donc constitutif d’un obstacle dirimant. Ce n’est d’ailleurs pas la seule argumentation juridique qui s’oppose à une telle extradition. Il y a plus, même si cela peut porter à polémique.

Mais la Cour de Paris ne tergiversera certainement pas sur cette polémique : c’est la question de la prescription de l’infraction pour laquelle l’extradition est sollicitée par les autorités politiques burkinabé, État demandeur, à l’État requis, savoir, la France.
En effet, en second lieu, l’infraction est considérée en France comme prescrite. C’est le lieu de rappeler ici les effets juridiques de la prescription. Les contraventions se prescrivent par un an, les délits par trois ans et les crimes par 10 ans. Sans abus, il convient de préciser que la mort de Norbert ZONGO et ses compagnons d’infortune, calcinés dans leur véhicule, l’a été en décembre 1998.
Or, il est constant que Monsieur Paul François COMPAORE a déjà bénéficié d’une Ordonnance de non-lieu d’un juge d’instruction burkinabé. Cette ordonnance est devenue définitive et est donc passée en force de chose jugée. Ce n’est, qu’ultérieurement à cette prescription et à cette Ordonnance de non-lieu définitive qu’un élément nouveau aurait « ressuscité » la procédure dans ce dossier.

Or, aux yeux de l’État français et de ses juridictions en charge des questions d’extradition, cet élément nouveau, semble t-il au demeurant résultant des déclarations d’un témoin dont la moralité serait douteuse parce que repris de justice, ne saurait emporter la conviction de la Cour d’Appel de Paris qui est une juridiction dont la jurisprudence est prestigieuse et implacable. Les autorités politiques françaises ne peuvent nullement l’influencer et en France on peut véritablement parler de l’indépendance de la Magistrature comme c’est le cas de nos magistrats burkinabé actuels puisque le Président du Faso n’est plus le Président du CSM.

Dès lors, ni les promesses, (d’ailleurs subordonnées à cette indépendance) faites par le Président Macron lors de sa rencontre avec nos étudiants ne pourront perturber la sérénité de la Cour d’Appel de Paris.

Cette affaire est dès lors mal enclenchée par Monsieur René Bagoro représentant les autorités politiques burkinabé, lesquelles préfèrent venir « engraisser » deux avocats français comme si, dans notre pays, il n’existait pas d’avocats compétents et spécialistes de la procédure d’extradition. Les avocats burkinabè n’ont rien à envier de leurs confrères de l’hexagone et c’est un confrère inscrit aux deux barreaux qui l’affirme. Mais bref ce snobisme de notre Afrique n’est pas nouveau !

Enfin, on peut affirmer sans grand risque de se tromper que les gros sous engagés par l’État burkinabè pour cette entreprise d’extradition du frère cadet de l’ancien Président Blaise COMPAORE est inéluctablement vouée à l’échec. En effet, même si par extraordinaire les deux arguments n’emportaient pas la conviction de la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Paris, il suffit simplement que Monsieur Paul François COMPAORE sollicitasse l’asile politique en France en raison des événements des 30 et 31 octobre 2014 pour se voir octroyer la protection consulaire française et les burkinabè qui n’ont pas la mémoire courte se souviennent parfaitement que c’est la France elle-même qui a organisé l’exfiltration du Président Blaise Compaoré et de son frère cadet. Dès lors ces gros sous auraient pu être injectés soit pour la construction d’écoles et de collèges ou même une fondation pour Norbert ZONGO et ses compagnons d’infortune. Hélas ! Le pouvoir MPP n’a pas fini de nous surprendre dans ses errements !

Comme l’opinion publique burkinabè pourra le constater en réalité et ce, quel que soit le caractère abominable de la mort de Norbert ZONGO et de ses compagnons d’infortune, la France n’extradera jamais, même pour des raisons politiques, le frère cadet de l’ancien Président du Burkina Faso. Le dire est une simple contribution pour l’éclairage d’une bonne frange de nos compatriotes de bonne foi qui ont soif de vérité et non une démarche partisane encore que chaque burkinabè peut, en application des dispositions de l’article 8 de la Constitution du 3 juin 199,1 donner son opinion sur toute question de son choix.

Gageons qu’en son audience du 7 mars 2018, la Cour d’Appel de Paris statuera comme ci-dessus exposé. Procédure donc à suivre….

Paul Kéré
Docteur en Droit de l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne 
Avocat à la Cour

Saponé: le conseil municipal dissout en conseil des ministres

Le Conseil municipal de Saponé connaît d’énormes difficultés dans son fonctionnement. Ce dysfonctionnement a entraîné sa dissolution en mars 2017. Malgré les élections partielles de mai 2017 et la mise en place d’un nouveau conseil municipal, ces difficultés ont persisté avec la non tenue régulière des sessions, des manifestations opposant les différentes parties et l’incendie de la mairie le 08 décembre 2017.

En application de l’article 251 du Code général des collectivités territoriales, le Conseil a décidé de la dissolution du Conseil municipal de Saponé et de sa mise sous délégation spéciale pour compter du 14 décembre 2017.
La dissolution du Conseil municipal de Saponé vise à préserver l’ordre public et à garantir la continuité du service public.

Affaire Bassolé: La demande réexamen du Burkina rejetée, l’ONU insiste pour sa libération

Les experts du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU ont appelé jeudi les autorités du Burkina Faso à libérer immédiatement l’ancien ministre Djibril Yipéné Bassolé, qui a été arrêté après un coup d’Etat manqué en septembre 2015.

M. Bassolé, qui est âgé de 60 ans, est accusé d’avoir soutenu une tentative de renversement du gouvernement et a été inculpé d’attaque contre la sécurité de l’Etat et de collusion avec une puissance étrangère. M. Bassolé a toujours nié ces accusations.

En avril 2017, le Groupe de travail a examiné sa détention et a déterminé qu’elle était arbitraire. Le groupe de travail avait déjà appelé à l’époque à ce qu’il soit libéré.

M. Bassolé, qui a été Ministre de la sécurité (2000-2007) et par deux fois Ministre des affaires étrangères du Burkina-Faso (2008-2011 et 2011-2014), est sorti de prison et a été placé en résidence surveillée il y a deux mois. Les avocats de M. Bassolé ont alors demandé au Groupe de travail de rendre un nouvel avis sur cette détention, mais cette demande a été rejetée.

« Bien que les conditions de sa détention aient pu changer, la privation de liberté n’a pas cessé », a toutefois déclaré le Groupe de travail. « Nous appelons le gouvernement du Burkina Faso à respecter les normes internationales et à libérer M. Bassolé maintenant ».

Les autorités burkinabè ont demandé que cet avis soit réexaminé, mais le Groupe de travail a conclu que la demande n’atteignait pas le seuil requis pour un tel examen et insiste pour que M. Bassolé soit libéré immédiatement.

MPP: Démission de l’ancien ministre de la justice, Larba Yarga

Larba Yarga, ancien ministre de la Justice/Garde des Sceaux sous le régime de Blaise Compoaré et grosse pointure du parti présidentiel, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) vient rendre sa démission de toutes les instances du parti par lettre signée adressée au président du MPP par intérim.

2ème secrétaire adjoint aux affaires juridiques chargé du contentieux électoral  du bureau exécutif national du MPP, Larba Yarga faisait partie de tous premiers membres créateurs du parti ayant démissionné du CDP en 2014.

Lettre de démission de Yarga

Caucus des cadres pour le changement (3C) : « Tous les jours, nous subissons l’arrogance et l’humiliation verbale de ces tenants du pouvoir »

Le Caucus des cadres pour le changement (3C) donne sa lecture suite à l’actualité politique de ces dernières semaines marquée par la visite du Président français Emmanuel MACRON, la sortie du Premier Ministre sur le bilan des deux années passées à la tête du gouvernement, et celle du Président de l’Assemblée nationale réagissant aux résultats de l’enquête parlementaire sur l’éducation au Burkina Faso.

De la visite de MACRON

La décision du Président Français Emmanuel MACRON de retenir le Burkina Faso pour s’adresser à toute l’Afrique n’était pas fortuite. Celle de rendre visite aux étudiants de l’Université Ouaga 1 Pr. Joseph KI-ZERBO l’est moins.

En effet, le Burkina Faso a connu une insurrection populaire en octobre 2014, qui traduisait l’aspiration profonde du peuple et de sa jeunesse à un changement profond en matière de démocratie et de bonne gouvernance. Même si de nombreuses frustrations demeurentparce que ces attentes n’ont toujours pas été comblées, le Burkina Faso restait néanmoins un pays indiqué pour le Président Français du fait dela graine du changement semée par l’insurrection populaire.

L’université étant un temple du savoir, et qui forme l’élite du pays, son choix par le Président Français se justifiait aussi aisément. En y allant, Emmanuel MACRON voulait, au-delà de la jeunesse estudiantine du Burkina Faso, s’adresser plus largement à la jeunesse africaine.

Cette visite qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive a suscité d’énormes attentes de part et d’autres : Emmanuel MACRON voulant toucher du doigt les réalités de la jeunesse africaine et cette dernière voulant se saisir de cette occasion pour exprimer ses préoccupations auprès de la France, tantôt perçue comme un partenaire incontournable, tantôt comme une force d’oppression ou « impérialiste ».
Notre lecture de la situation a posteriori nous permet de dire que nos attentes et celles de la jeunesse africaine n’ont pas été satisfaites.

Quelles sont les raisons qui justifient ce ratéde laprestation des intervenants, prestation qui n’honore pas la jeunesse africaine ?À quels niveaux peut-on situer les responsabilitésliées à cet échec ?

Sur le plan organisationnel, il y a beaucoup de choses à redire : la qualité des acteurs présents dans la salle, pour une telle rencontre, ne se justifiait pas ; la non-conciliation des positions entre le gouvernement et les organisations estudiantines comme l’ANEB et bien d’autres ; la récupération politique d’une activité qui se voulait nationale, voire internationale.

La présence de toutle Gouvernement, des Présidents d’institutions, des élus, des militants non étudiants du parti au pouvoir se justifiait-elle ? Nous pensons que leur présence a laissé peu de places aux principaux acteurs concernés, à savoirles étudiants (seulement 80 dans l’amphithéâtre).

La faible qualité des interventions des étudiants, s’ils étaient tous étudiants, pose la question cruciale de la performance de notre système éducatif. Les conclusions de la récente enquête parlementaire sur notre système éducatif sont assez préoccupantes.Le Gouvernement devrait se résoudre à régler les problèmes objectifs posés par les organisations syndicales des enseignants, les étudiants et les élèves au lieu de chercher continuellement à les discréditer.

Les tensions entre les associations estudiantines et le Gouvernement autour de cette activité n’étaient guère de bons signaux pour sa réussite.Fallait-il, pour une telle activité aux objectifs bien précis, accuser les étudiants de tentative de ternir l’image du pays, de tentative de sabotage de la visite de MACRON ?

Aussile Président du Faso s’est, lui-même, déporté à l’université pour superviser,en personne, les travaux de réfectionde l’amphithéâtre, dans la perspective de la rencontre à venir. Il n’y avait jamais mis les pieds depuis son élection, traduisant clairement un intérêt certain pour la visite du Président français plutôt que sa préoccupation pour l’amélioration des conditions d’études et de travail des acteurs du monde universitaire.

Enfin, la communication gouvernementale autour de la question a été une catastrophe, une agression de par le ton,relayée par les médias proches du parti au pouvoir et par certaines OSC qui ont démontré qu’elles s’opposent au principe de la liberté d’opinion. En effet, dans un état de droit,l’on doit accepter qu’il y ait des points de vue divergents. Cette situation traduit bien un retour de la pensée unique et donc une tentative de confiscation des acquis de l’insurrection.

Pour preuve, les grands moyens ont été déployés pour empêcher les étudiants de s’exprimer et cela s’est traduit par des courses poursuites entre CRS-Police nationale et étudiants. Notre gouvernement et ses alliés sont-ils jusqu’à ce point incapables d’organiser l’expression des libertés démocratiques au Burkina Faso ? Aussi, la décision de fermer,les 27 et 28 novembre, les établissements scolairespendant que le Président français n’arrivait à Ouagadougou que dans la nuit du lundi 27, ne pouvait pas trouver une justification crédible !

Des propos du Premier Ministre Paul Kaba THIÉBA

Le Premier Ministre Paul Kaba THIEBA, quant à lui, était face à la majorité présidentielle pour dresser son bilan à la tête du gouvernement depuis 2015. Au lieu de cela, nous avons assisté à une attaque ciblée sur les opposants, à telle enseigne que nous nous demandons si le PM a vraiment pris la mesure de sa fonction, avec les responsabilités qui lui incombent ! Au moment où il est question de réconciliation nationale, d’union sacrée des filles et fils de ce pays autour des chantiers de développement et de lutte contre le terrorisme, peut-on se permettre de catégoriser les Burkinabè en « bons » et « mauvais » ? À l’analyse des propos du PM, les « bons » sont les adeptes de la pensée unique, c’est-à-dire le MPP et ses mouvanciers, « les mauvais » étant les opposants.En effet, des accusations graves sont portées à l’encontre de l’opposition qui est taxée de soutenir le terrorisme.

Ainsi, il va jusqu’à proférer des menaces contre les opposants exilés et autres.« …Si ce n’est pas parce-que nous sommes tolérants, si ce n’est pas parce-que nous sommes des démocrates, je n’ai jamais vu ça. Comment peut-on accepter que des gens comme ça soient à nos frontières, ils continuent à faire le désordre dans le pays et on les laisse faire. Ils sont assis là-bas tranquillement, ils ont leur argent et ils sèment le désordre dans le pays. C’est un problème ! Mais nous, nous ne sommes pas des tueurs, nous ne sommes pas des assassins… ». De telles déclarations constituent une infraction pénale conformément aux dispositions de l’article 348 du Code pénal burkinabè.

Malheureusement nous avons,ici, le gouvernement le plus incompétent depuis l’indépendance du pays en 1960. Ses membres sont de mauvais communicateurs, arrogants et totalement irrespectueux envers le peuple, ce même peuple qui les a portés au pouvoir.Par leurs actes et propos, ils reproduisent exactement les mêmes ingrédients à l’origine des frustrations qui ont conduit à l’insurrection populaire d’octobre 2014. Incapable de sortir le pays du marasme socio-économique dans lequel il se trouve, le PM ne s’occupe que des opposants. Si la critique est souhaitable à tous les niveaux, elle se doit d’être constructive et honnête ; la politique devrait être un art noble par excellence.

Monsieur le Premier Ministre, vous êtes attendus sur des chantiers de priorité évidente comme la santé et l’éducation qui sont malheureusement les secteurs les plus méprisés par votre gouvernement. Si vous pensez que c’est dans le déni perpétuel de l’autre et de ses actions, le fait de jeter le bébé avec l’eau du bain, que vous allez sortir le pays du marasme dans lequelvous l’avez plongé, vous vous trompez. C’est justement cet esprit qui avait conduit à brader les acquis de la révolution démocratique et populaire d’Août 1983. Le PNDES qui fait l’objet de perpétuels bilans d’autosatisfaction de votre part ne saurait être la clé de notre développement.

Comment comprendre qu’en situation de marasme économique, on privilégie un plan roulant de développement alors que la logique aurait voulu de commencer par un plan de relance budgétaire afin de relancer l’économie, rassurer tous les agents économiques, les partenaires, et créer les conditions pour un développement véritable ?

Du mépris du Président de l’Assemblée nationale vis-à-vis des étudiants

Le Président de l’Assemblée nationale, quant à lui, reste fidèle à sa ligne d’arrogance. C’est bien lui qui affirmait tout haut, le 25 Octobre 2014 au CENASA, que le MPP avait planifié l’insurrection. Il récidivait dans une autre rubrique, cette fois-ci, se prononçant sur les résultats de l’enquête parlementaire sur l’éducation. Le PAN estimait que les étudiants grévistes étaient manipulés par les partis politiques et les syndicats et, qu’à ce rythme, ils allaient toujours échouer aux différents concours tandis que leurs enfants à eux, les dirigeants au pouvoir, qui étudiaient à l’extérieur seraient assurés de lendemains meilleurs ! Il oublie pourtant qu’il a étudié à l’université de Ouagadougou, en dépit de toutes les grèves de l’époque, et qu’il a tout de même pu accéder à un emploi dans ce pays, à moins que cet emploi n’ait été obtenu par des canaux illégaux, toujours perpétués par le régime en place.

Tous les jours, nous subissons l’arrogance et l’humiliation verbale de ces tenants du pouvoir que sont : Simon COMPAORÉ, Émile Pargui PARÉ, Paul Kaba THIÉBA, Rémi DANDJINOU, Bala SAKANDÉ, le Président du Faso Rock Marc Christian KABORE, lui-même,et autres militants et responsables du parti au pouvoir. Le Président Ghanéen disait bien à propos, récemment lors de la visite de Macron dans son pays, que : « les peuples font des efforts et garantissent des progrès, mais ce sont le plus souvent les gouvernants qui anéantissent ces efforts ». D’ailleurs Maitre Bénéwendé SANKARA au cours de débat controverse de la RTB du 07 décembre 2017, commence à se démarquer progressivement du bilan du MPP en tentant de réaffirmer la vision de son parti. Wait and see !

Le Burkina Faso est un pays merveilleux qui a un grand potentiel, une grosse marge de progression sur le chemin de son développement économique et social. Nous osons espérer que les dirigeants actuels ne feront pas la sourde oreille quant aux cris de détresse et d’alarme qui viennent d’un peu partout. Des correctifs doivent être rapidement apportés, à tous les nouveaux, pour éviter la perte des acquis de l’insurrection populaire et éviter de plonger le pays dans l’abîme.

Pour le Caucus des Cadres pour le Changement,
Issouf OUEDRAOGO

Affaire Norbert Zongo: Devant le tribunal de Paris, ce mercredi 13 décembre 17 Francois Compaoré refuse d’être extradé

La Chambre du contrôle de l’instruction de la Cour d’appel de Paris a tenu, ce jour 13 décembre 2017 à 14 heures 30 précises, l’audience de notification à monsieur Paul François COMPAORE de la demande d’extradition du Burkina Faso. 

La Cour a d’abord statué sur la demande faite par le Burkina Faso pour intervenir à l’audience par le biais de maître Yves SAUVAYRE du Barreau de Lyon (France) et maître Anta GUISSE du Barreau de Paris (France), tous deux spécialistes des questions d’extradition.

Après avoir rendu une décision autorisant le Burkina Faso à intervenir dans la procédure d’extradition, la Cour a présenté à monsieur Paul François COMPAORE et à son conseil, les avocats commis par l’Etat du Burkina Faso pour défendre ce dossier en son nom.

Après cette étape, la Cour a procédé à la vérification de l’identité de monsieur Paul François COMPAORE.
A l’appel de son nom, monsieur Paul François COMPAORE s’est présenté à la barre de la Cour qui a vérifié son identité. A cette étape de l’audience et sur la question de sa nationalité, monsieur Paul François COMPAORE a acquiescé qu’il est bel et bien Ivoirien et Burkinabè. Après cet interrogatoire sur son identité, la Cour lui a notifié l’ensemble des pièces envoyées par le Burkina Faso aux autorités judiciaires françaises pour obtenir son extradition et il a déclaré en avoir pris connaissance auparavant.

A la question de savoir, comme la procédure l’exige, s’il consentait à être remis aux autorités judiciaires du Burkina Faso pour y être jugé, monsieur Paul François COMPAORE a répondu « non ». Le dossier a alors été renvoyé au 07 mars 2018 pour être plaidé au fond et la Chambre du contrôle de l’instruction rendra sa décision après cette audience.

Direction de la Communication et de la Presse / Ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique

Détention du général Djibrill Bassolé : Maître Paul Kéré dénonce le non respect par le Burkina Faso de la décision des Nations Unies

Le jour du 11 décembre constitue un jour anniversaire de la célébration de la fête de l’indépendance du Burkina Faso. Le 11 décembre 2017 constitue le 57ème anniversaire de notre indépendance. L’auteur de l’article l’avocat Paul Kéré saisit cette occasion, d’une part pour souhaiter une bonne fête d’indépendance à tous les burkinabè épris de paix et de justice sociale, mais également pour interpeller le Gouvernement de notre pays à se conformer aux exigences de la Communauté internationale dans l’affaire Djibrill Bassolé.

En effet, les experts du Groupe de Travail sur la détention arbitraire (même sous la forme de résidence surveillée) ont appelé le jeudi 7 décembre 2017 les autorités du Burkina Faso (qui s’entêtent, malgré les nombreux écrits didactiques sur le caractère abusif de cette privation de liberté du Général Djibril BASSOLE) à libérer immédiatement l’intéressé, arrêté après le coup d’Etat manqué du 16 Septembre 2015.

Chacun se souvient que dans la procédure concernant le Général Djibril BASSOLE, celui-ci avait initialement été inculpé « d’atteinte à la sûreté de l’Etat » et le Magistrat instructeur a, après pratiquement deux années d’instruction, retenu, l’inculpation de « trahison ».

Mais qui le Général Djibril BASSOLE a trahi ? En tout état de cause, saisi par les avocats du Général Djibril BASSOLE, d’un nouvel avis sur cette détention, le Groupe de Travail des Nations-Unies a indiqué que « bien que les conditions de sa détention aient pu changer, la privation de liberté n’a pas cessé… ». C’est donc fort logiquement que par voie de conséquence, le Groupe de Travail des Nations-Unies a déclaré : « Nous appelons le gouvernement du Burkina Faso à respecter les normes internationales et à libérer Monsieur Djibril BASSOLE maintenant… »

Au lieu de quoi, les autorités du Burkina Faso ont malencontreusement demandé que cet avis soit réexaminé.

Mais le Groupe de Travail a, fort heureusement, au nom du respect de la primauté du droit, conclu que cette demande de réexamen du Gouvernement burkinabè « n’atteignait pas le seuil requis » pour un tel examen et réitéré son insistance à ce que le Général Djibril BASSOLE soit « libéré immédiatement ». On se souvient que sous le régime du Président Blaise COMPAORE, dès que l’avis avait été donné pour établir l’acte de décès du Président Thomas SANKARA et la désignation de son lieu de sépulture, le Gouvernement burkinabè avait répondu favorablement à cette injonction onusienne. Que nenni pour le Gouvernement de la transition concernant l’arrêt de la Cour d’ABUJA et celui du Président Roch Marc Christian KABORE concernant la détention abusive du Général Djibril BASSOLE. On attend de voir car il y va de la crédibilité de notre pays !

Comme chacun pourra le constater, les autorités burkinabè sous la transition et sous le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir, ndlr) ne sont d’ailleurs pas à leur première flagrante violation des normes internationales puisqu’en dépit de l’arrêt rendu par la Cour d’ABUJA sous le régime défunt de la « transition », concernant la nécessité d’élections inclusives, les autorités de la transition n’avaient pas daigné s’y conformer au grand regret de la légalité internationale. La suite est bien connue…

Mais ce qui est remarquablement frappant, c’est le curieux silence de certains compatriotes comme Monsieur Le Professeur Luc Marius IBRIGA, Monsieur Le Professeur Augustin LOADA et bien d’autres prétendus spécialistes du droit international pour ne citer que ces « sommités » du Droit International de la nécessité pour le Burkina Faso de se conformer scrupuleusement aux avis émis par les instances de la Communauté Internationale, alors que ceux-ci donnaient de la voix par le passé sur ces sujets d’intérêt juridique international…

En tout état de cause, après ce nouvel avis édicté par le Groupe de Travail des Nations Unies le 7 Décembre 2017 et, consécutivement au rejet du recours formé par l’Etat burkinabè par l’intermédiaire du Ministre actuel de la Justice Monsieur René BAGORO, la mise en liberté pure et simple, immédiatement, sans plus aucune mesure de résidence surveillée du Général Djibril BASSOLE est, désormais, à cet instant précis, une impérative exigence internationale pour le Gouvernement actuel du Burkina Faso.

Les autorités burkinabè doivent nécessairement se conformer à la légalité Internationale si le Burkina Faso veut continuer à bénéficier des financements onusiens et surtout, compter dans le rayonnement international et dans le concert des nations.

Il y va même de la crédibilité internationale de notre pays au-delà des intérêts bassement matériels de tous ceux qui croient, abusivement, maintenir impunément et au mépris des règles processuelles nationales et internationales le Général Djibril BASSOLE dans cette incroyable violation flagrante du droit national burkinabè et du droit International.

Ce combat-là pour le respect des règles de procédure pénale et de la légalité internationale (n’en déplaise aux partisans éhontés de cette détention abusive) devrait être celui de tous les avocats et, bien sûr, celui des magistrats intègres en charge de ce dossier qui doivent se tenir prêts pour barrer la route à l’arbitraire de certains politiciens à la semaine ou de certains militaires « revanchards ». « Chacun de nous, avant de poser un acte d’omission ou de commission doit se considérer comme mortel »…

N’en déplaise à quiconque, et après le rejet du recours de l’Etat burkinabè (versant ainsi par terre la figure de notre pays), le placement, d’abord en détention provisoire, puis en résidence surveillée après que la Chambre de Contrôle ait ordonné la mise en liberté provisoire du Général Djibril BASSOLE est actuellement arbitraire non seulement pour l’ONU, mais également pour tous les compatriotes burkinabè épris de paix, de réconciliation nationale et de justice sociale. Il est donc inadmissible dans un Etat de droit de voir cela. Ceux qui en ont pris l’initiative en assumeront évidemment, pleinement, les conséquences gravissimes devant le peuple burkinabè. C’est le moins qu’on puisse opiner avec force et sagesse. Des exemples avérés pour lesquels nous avions antérieurement émis des opinions sont là pour l’attester…

D’une part, pour ne pas avoir obéi aux injonctions de la Communauté internationale, le Président Laurent BAGBO de la République de Côte d’Ivoire est actuellement devant la Cour Pénale Internationale dans l’attente de son procès…

D’autre part, pour ne pas avoir voulu respecter les termes de l’article 37 de la Constitution, malgré les mises en garde multiples…, le Président Blaise Compaoré a été contraint à une démission prématurée regrettable alors qu’il pouvait revenir au pouvoir au bout de 5 années seulement d’alternance politique après 25 années de législature présidentielle.

Pour s’en convaincre, il suffit de constater l’incapacité « constatable » actuelle de nos autorités après plus de deux années de gouvernance, à apporter des solutions rapides et concrètes aux nombreux problèmes existentiels de nos compatriotes burkinabè les plus fragiles. (Lutte contre le terrorisme, la santé, l’éducation etc…).

Il est donc fort à parier, sinon certain, que pour ne pas vouloir se conformer à l’avis du Groupe de Travail des Experts de l’ONU sur la détention arbitraire du Général Djibril BASSOLE, les autorités burkinabè actuelles paieront un lourd tribut même si un adage dit que le « pouvoir rend fou et le pouvoir absolu rend absolument fou ». Que ceux qui ont des yeux voient cette réalité juridico-politique implacable et que ceux qui ont des oreilles entendent cet avis juridique de l’ONU et qu’ils s’y conforment ! Le dire est simplement un banal acte de citoyenneté élémentaire et les autorités politiques actuelles le comprendront-ils vraiment comme un conseil résiduel utile qui leur est prodigué à travers ces quelques lignes de libre opinion en application des dispositions de l’article 8 de la Constitution burkinabè qui dispose textuellement que « les libertés d’opinion, de presse et le droit à l’information sont garantis. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements en vigueur ».

Paul KÉRÉ
Docteur en Droit de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne
Avocat à la Cour

Suisse – Burkina : la Commune de Lens honore Salifou Diallo

Lens, commune du Canton de Valais se souvient de Salifou Diallo. Le défunt Président de l’Assemblée nationale du Burkina y avait séjourné en mars dernier. Les lensards ont décidé de perpétuer sa mémoire en apposant une plaque en son honneur sur la façade du bâtiment administratif de la Municipalité. C’était jeudi dernier, en présence d’une délégation de l’Ambassade Mission permanente du Burkina en Suisse, conduite par le deuxième Conseiller Emmanuel Ouali.

La coquette petite commune de Lens, nichée à près de 1400 mètres d’altitude, a honoré la mémoire du défunt Président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo, en dévoilant jeudi soir, une plaque sur la façade de la mairie. Salifou Diallo La première plaque en un siècle, souligne-t-on. La preuve, s’il en fallait encore une, que la visite de Salifou Diallo a laissé un souvenir immuable dans le cœur des lensards. Comme ils le disent eux-mêmes, « le souvenir, d’un homme qui avait une grande générosité de cœur et dont le départ prématuré nous a grandement affectés ».

Le 17 mars dernier, Salifou Diallo, à la tête d’une forte délégation, était allé rendre hommage à deux victimes de l’attentat du Cappuccino de janvier 2016 à Ouagadougou. L’ancien patron de la Poste et ancien conseiller national Jean-Noël Rey (66 ans) et l’ancien député socialiste Georgie Lamon (81 ans), tous deux originaires de la commune, séjournaient au Burkina dans le cadre d’une action humanitaire. Ils étaient allés inaugurer la cantine d’une école financée par l’association Yelen, créée par Georgie Lamon.

« C’est une amitié très profonde, une fraternité éternelle qui s’est établie, car vos fils ont versé leur sang au Burkina Faso dans un travail noble, dans un travail pour l’avenir de notre pays. Cela ne saurait s’oublier. Ce genre de geste humanitaire et ce genre de situation, marque l’histoire d’un peuple. C’est pourquoi notre peuple m’a désigné pour venir à Lens et témoigner de notre profonde reconnaissance, de notre profonde gratitude », avait déclaré le Président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso.

Salifou Diallo avait déposé une couronne de fleurs au cimetière du village et s’était entretenu avec les familles des deux victimes. Il s’était ensuite adressé aux lensards rassemblés sur la place du village.
« Les mots me manquent pour traduire notre émotion et la reconnaissance éternelle de mon peuple pour Lens et ses citoyens. Nous voulons saluer la mémoire de vos deux citoyens venus chez nous pour défendre l’enfance malheureuse. Ils ont été frappés par la barbarie. Leur exemple nous condamne tous à nous aimer pour bâtir une humanité de paix. Leur geste ne sera jamais oublié », avait-il notamment affirmé.


Garder une trace

Sa visite non plus n’a pas été oubliée par les lensards. Pour David Bagnoud, Président de la Commune de Lens, « c’est le symbole du souvenir et de l’amitié qui est né de cet événement dramatique”.

“Mais, a-t-il relevé, nous avons réussi à faire d’un événement dramatique, un événement d’amitié. La visite du Président de l’Assemblée nationale a tellement touché la population lensarde que pour nous c’est important de garder une trace, un symbole et c’est ce qui est fait ce soir en la mémoire de nos deux disparus et en la mémoire du Président de l’Assemblée nationale ».

Le représentant de l’Ambassade du Burkina remercié les autorités communales de Lens pour l’hommage rendu à l’homme d’État burkinabè. L’Ambassade, a-t-il affirmé œuvrera à perpétuer les relations d’amitié entre les deux peuples et à poursuivre les chantiers et projets initiés par les illustres disparus.

Lors de sa visite, Salifou Diallo avait invité les enfants de Lens venus nombreux l’accueillir en chantant le Ditanye, à découvrir le Burkina. Les autorités communales de Lens et l’Ambassade Mission permanente du Burkina à Genève se sont dit disposées à s’investir dans la réalisation de ce vœu du défunt président de l’Assemblée nationale du Burkina.

Les lensards, jeunes et vieux, ont bravé le froid pour assister à la cérémonie qu’ils ont voulu plus solennelle et populaire, en la jumelant au traditionnel vin chaud de Noël. “Une tradition qui date de la nuit des temps” et qui est l’occasion de célébrer les mérites des fils du village.


Mathieu Bonkoungou

Ambassade Mission permanente du Burkina a Genève

11 DECEMBRE 2017: le message du Président du Faso

Ceci est le message à la nation du Chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, à l’occasion de la fête de l’indépendance célébrée le 11-Décembre 2017 à Gaoua. 

Peuple du Burkina Faso

Chers compatriotes

Le 57ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays m’offre l’agréable occasion d’adresser aux Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur un message d’espérance et d’engagement renouvelé pour une Nation forte, paisible et prospère.

Je voudrais à ce stade, vous inviter toutes et tous à avoir une pensée pour les artisans de notre indépendance politique arrachée de haute lutte afin que leur patriotisme et leur volonté de bâtir une nation indépendante continuent de nous inspirer et à unir les efforts des générations présentes et futures.

En ces moments où nous affrontons les menaces et attaques terroristes, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à nos frontières, je salue la mémoire de nos soldats tombés sur les différents champs de bataille pour la Patrie, et pour la cause de la paix en Afrique et dans le monde ainsi que celle de tous les civils…

A tous ceux qui risquent au quotidien leur vie pour défendre notre « vivre ensemble » dans cette guerre asymétrique qui nous est imposée, je réitère nos encouragements et notre profond respect.

Mes vœux de prompt rétablissement accompagnent les blessés ainsi que ma solidarité à l’endroit des membres des familles éprouvées.

Leur engagement à défendre la nation jusqu’au sacrifice suprême nous interpelle individuellement sur le fait qu’aucun sacrifice n’est de trop lorsqu’il s’agit de la survie de la Patrie et nous rappelle que notre plus noble devoir trouve son sens dans ce que nous faisons pour notre pays.

Chers compatriotes

Vaillant peuple du Burkina Faso

La fierté que nous éprouvons en célébrant le 11 décembre chaque année sera encore plus grande lorsque nous aurons réussi ensemble à créer les bases matérielles de l’indépendance et de la souveraineté véritables qui nous sont si chères.

Le Burkina Faso auquel nous sommes profondément attachés ne pourra se construire que dans la conjugaison des efforts constants des filles et des fils de toutes les régions, de toutes les communautés, malgré nos différences politiques, culturelles et de croyances.

C’est pourquoi, la commémoration du 57ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale est placée sous le thème « Diversité culturelle et citoyenneté responsable pour un Burkina Faso solidaire et harmonieux ».

En effet, la solidité du tissu social de notre pays a toujours résidé dans la réalité et la pratique permanente du dialogue et de la concertation.

Plus que jamais, nous devons puiser dans nos racines, les énergies indispensables pour raviver la flamme de la solidarité, gage d’une citoyenneté laborieuse et responsable, indispensable à une vie nationale porteuse d’harmonie et de bien-être pour tous.

Peuple du Burkina Faso

Nous avons la responsabilité de bâtir ensemble une Nation prospère et respectée, attachée aux valeurs d’égalité, d’intégrité, de justice et d’équité.

C’est un combat de longue haleine qui exige de chacun de nous beaucoup de don de soi, d’abnégation et de lucidité pour mettre la défense de l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers ou partisans qui guettent les différents regroupements.

La rupture que nous appelons de tous nos vœux doit s’accompagner d’un profond changement de mentalités qui valorise le travail consciencieux, la discipline, le respect de la loi et des autres ainsi que le dialogue social.

Personne ne viendra construire le Burkina Faso à notre place, car nous devons être les acteurs pleinement conscients de notre propre destin.

C’est pourquoi, tout en comprenant les attentes de certains de nos compatriotes qui veulent tout et tout de suite, je ne peux ignorer les nombreux défis auxquels nous devons faire face pour satisfaire les préoccupations de tous les autres Burkinabè et particulièrement ceux du monde rural.

Je voudrais rassurer les partenaires sociaux de l’engagement du Gouvernement à œuvrer autant que faire se peut à l’amélioration des conditions de vie et de travail de chacun et de tous.

Cet objectif ne peut cependant être atteint que dans un climat apaisé, de respect et de confiance mutuels.

La seule ligne rouge de toutes les revendications mises en avant par les partenaires sociaux doit être trouvée dans les limites des ressources dont nous disposons pour répondre aux besoins fondamentaux de tous les Burkinabè des villes et des campagnes.

Au total, il s’agit de ne pas compromettre l’avenir de notre pays afin de pouvoir transformer nos potentialités sociales, économiques et culturelles en opportunités au profit de nos enfants, de nos jeunes et de nos femmes.

Chers compatriotes

La réconciliation nationale reste un enjeu majeur que nous devons réussir, dans l’intérêt supérieur de la Nation. Nous devons nous donner toutes les chances pour y parvenir, dans le respect du tryptique «Vérité-Justice-Réconciliation ».

Je dois souligner que cette démarche n’est pas dictée par la volonté contreproductive de faire des règlements de comptes politiques.

C’est le lieu pour moi de saluer l’avancée des dossiers pendants devant la justice, tout en rappelant aux acteurs chargés de les vider que la soif légitime de justice des Burkinabè reste intacte.

Nous devons tout faire pour que la justice soit rendue dans toutes ces affaires sensibles pour aider notre Peuple à se réconcilier avec son histoire, pour ramener la paix des cœurs et créer les conditions propices à la contribution de tous les Burkinabè à l’œuvre de construction nationale.

Au plan sécuritaire, les efforts du Gouvernement se poursuivront pour renforcer les capacités opérationnelles des Forces de Défense et de Sécurité, tout en améliorant les conditions de travail de nos soldats sur les théâtres d’opérations, pour plus d’efficacité et de sécurité.

L’opérationnalisation de la Force conjointe du G5-Sahel à laquelle le Burkina Faso participe continuera à faire l’objet de toutes les attentions. A cet égard, je me réjouis des échanges fructueux que nous avons eus ces dernières semaines sur cette question avec mes pairs du continent et de l’Union européenne. Elle sera également au centre du Sommet que nous aurons à Paris le 13 décembre courant pour concrétiser l’engagement de tous nos partenaires dans cette lutte sans concession qui doit être menée et gagnée contre le terrorisme.

Parce que le terrorisme est un phénomène mondial, l’action internationale du Burkina Faso pour contribuer à son éradication ne faiblira pas.

C’est pourquoi, j’adresse mes encouragements aux soldats burkinabè déployés dans les missions de paix à l’étranger, sous la bannière de la CEDEAO, de l’Union africaine et de l’ONU.

Avec les autres pays de la sous-région et du continent, le Burkina Faso s’investit pour la réalisation de l’unité politique et économique de l’Afrique.

Ce n’est qu’à ce prix, que les peuples africains seront au rendez-vous de l’histoire pour le bonheur des Africains.

Peuple du Burkina Faso

Chers compatriotes

A chacune de mes rencontres avec nos compatriotes vivant à l’extérieur, j’ai pu mesurer combien ils sont profondément attachés à la mère patrie. Je tiens à leur réitérer ma détermination et celle du Gouvernement à leur garantir la place qui leur revient tout naturellement dans l’œuvre commune de construction nationale.

J’ai l’intime conviction qu’aujourd’hui, plus qu’hier, nous avons les ressources internes et les moyens de nous surpasser pour garantir aux générations montantes le Burkina Faso dont elles sont en droit de rêver. Un Burkina fort de la responsabilité plus que jamais affirmée de ses fils et filles, un Burkina riche de la diversité de ses cultures et traditions, un Burkina solidaire d’un monde à la recherche de solutions durables aux maux qui minent l’humanité.

C’est au nom de cette solidarité que nous devons à tous les peuples qui se battent pour un mieux-être que je renouvelle ma gratitude à la communauté africaine ainsi qu’à la communauté internationale pour leur soutien et leurs appuis multiformes dans le grand et noble combat pour le développement humain durable. C’est le lieu pour moi de saluer particulièrement nos amis et nos partenaires techniques et financiers pour leur contribution à la concrétisation du Plan national de Développement économique et social (PNDES).

Je souhaite que la célébration de la fête nationale dans la cité de Bafudji, foyer de résistance des peuples du Sud-Ouest contre la pénétration coloniale contribue à consolider la paix, l’unité nationale et la solidarité des Burkinabè dans l’effort de construction d’une nation démocratique et prospère.

Aux travailleurs des campagnes, des secteurs publics et privés, à toutes nos Forces de Défense et de Sécurité, aux autorités coutumières et religieuses de toutes nos régions, aux enseignants, étudiants, élèves et paysans, à tous les Burkinabè vivant loin de la mère patrie, à toutes les communautés étrangères vivant sur la terre libre du Burkina, j’exprime mes vœux de bonne et heureuse fête nationale.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso.

Je vous remercie.