On croyait que les nouveaux statuts de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI-BF) apporteraient de vraies reformes. Mais ils en rajoutent à l'opacité: le nouveau président ne prêtera pas serment à sa prise de fonction, il ne fera aucune déclaration de ses biens. Il pourra octroyer, de façon subtile, des marchés à ses propres entreprises. Les statuts ne prévoient aucune obligation d'audit, ne serait-ce qu'une fois pendant son mandat. Tout semble avoir été planifié pour "pomper" les finances publiques.
La CCI-BF post-insurrection sera t-elle un conglomérat d'amis? Tout porte à le croire. Selon un analyste, "les nouveaux statuts ont été taillés sur mesure". Pourtant, sentant venir l'arnaque, un groupe d'opérateurs économiques avait adressé,et ce depuis mars dernier, un document au ministre chargé du Commerce. Mais jusque là tout a été refoulé. Les conséquences sont palpables.
Premier hic, aucun organe de contrôle n'est prévu pour superviser la gestion du Président et du comité exécutif. Dès lors, la question d'audit ne se pose même plus.
Deuxième problème, le Directeur Général est nommé par le président qui peut le révoquer à tout moment; par ailleurs, c'est le même président qui recrute tous les agents de la CCI-BF, même régionaux, sur proposition du Directeur Général, déjà à sa solde. Cela mène inévitablement vers le clientélisme au détriment de l'Etat.
Il y a mieux, les statuts autorisent les membres du bureau et le président à postuler à des marchés de la Chambre de Commerce.
Alors que la constitution établit en son préambule "l'obligation de rendre compte, en tant que gérant du bien public, par un mandat électif", le président de la Chambre de Commerce ne devra répondre en cas de malversations, ni devant aucune autorités compétente, ni devant la justice.
D'autre part, les textes sur la décentralisation sont violés: "les statuts prévoient que le DG nomme les responsables administratifs régionaux qui ne rendent pas compte au Président de la Délégation consulaire régionale, mais au DG lui-même. Questio alors, à quoi sert-il? Et comme pour légitimer d'éventuelles actions frauduleuses , personne ne prêtera serment avant de prendre fonction.
Enfin, pour être élu consulaire ou DG de la CCI-BF, il n'est pas nécessaire d'être Burkinabé. En effet, tout le long des statuts et du code électoral, il n'est écrit nulle part que pour être élu consulaire il faille être de nationalité Burkinabé.
Pour l'heure, ce sont ces statuts qui valent et qui seront appliqués, en attendant que le Ministre du Commerce sorte le document critique des statuts de ses tirroirs et ne les examine.
Sources: Courrier confidentiel