Aguibou Touré, conférencier et imam d’une mosquée d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, est aux mains de la justice ivoirienne après des prêches jugés tendancieux. Son cas fait débat sur la toile ivoirienne.
“Incitation à la désobéissance civile, incitation à la radicalisation et à l’extrémisme violent”, c’est de ces charges que devra répondre l’imam Aguibou Touré devant la justice ivoirienne. Convoqué dans un premier temps dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire pour un interrogatoire, l’imam aurait été écroué à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), rapporte la presse ivoirienne.
Ces accusations, l’imam Touré les doit à des vidéos postées sur ses réseaux sociaux il y a environ deux semaines et qui comptabilisent plus d’une centaine de milliers de vues. Il y dénonce notamment l’augmentation des coûts liés au Hadj, suggérant mezza voce un complot au sommet de l’Etat avec l’implication des autorités musulmanes.
Les récentes inondations qui ont fait au moins 20 morts en Côte d’Ivoire n’ont pas été épargnées. Là aussi, le religieux pointe la responsabilité du gouvernement. “Quand les pauvres vont construire dans des zones à risque, font des constructions anarchiques, on s’empresse de venir détruire leurs constructions. Mais quand ce sont les riches, il n’y pas de problème. Alors, les pauvres ont appelé Dieu. Mais Dieu ne va pas aller détruire dans les quartiers des pauvres, c’est dans les quartiers des riches qu’il va aller détruire et tuer”, dit-il dans l’une de ses vidéos, dénonçant au passage une justice à deux poids deux mesures.
Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à prendre fait et cause pour l’imam, estimant qu’il s’agit d’un acharnement de l’Etat après son échec à éviter les inondations. D’autres, cependant, le condamnent et craignent surtout une montée en puissance de l’extrémisme musulman en Côte d’Ivoire, dont les voisins malien et burkinabè font déjà face à une insurrection djihadiste.