Côte d’Ivoire : révélation sur la tuerie des femmes d’Abobo

La tuerie des femmes d’Abobo est un événement crucial de l’histoire ivoirienne puisqu’il conduira au vote, le 30 mars 2011, de la résolution 1975 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. C’est sous le prétexte de cette résolution que les forces de l'ONU et de la France ont mené une guerre en Côte d’Ivoire en violation de la charte des Nations Unies.
Qui est donc l’organisateur de cette marche à hauts risques ? Plus de cinq ans après les faits, personne n’est en mesure de répondre à cette question déterminante dans l’enquête.
Lors de l’investigation réalisée en 2011, deux commandants, qui se présentaient comme des éléments du Commando Invisible, mais qui étaient, en réalité, des infiltrés au sein de ce groupe pour le compte du camp Ouattara, avaient affirmé s’être rendus à l’hôtel du Golf pour rencontrer un personnage important de la hiérarchie militaire . Ils lui avaient demandé d’annuler cette manifestation « Nous lui avons dit, il ne faut pas la faire c’est trop dangereux ». Pourtant, la marche a été maintenue.
L’armée de Laurent Gbagbo n’était pas une armée ethnique, elle était donc traversée par de nombreux courants, les fidèles, les indécis, elle comptait aussi des pro-Ouattara et elle a également dû faire face à de nombreuses trahisons...
Que dit Eric MacDonald (l'adjoint au procureur de la CPI ) sur cette séquence essentielle ? Il atteste « c’est le canon du véhicule blindé de transport de troupe un BTR80 qui se trouvait à l’avant du convoi qui a tiré le premier sur les femmes. »
Il montre des images et annonce « Vous pouvez voir la fumée qui sort de la bouche du canon. »
Sauf que, et n’en déplaise à la Cour, les BTR80 de Côte d’Ivoire ne sont pas équipés de canon ! Ils sont de type standard, seuls les BTR80 de type A disposent de canons de 30 mm.
D'ailleurs, comment croire qu’une personne filme avec son téléphone portable un char de face, alors que celui-ci vient de tirer une rafale de mitrailleuse ?
En outre, sur ces images aucune femme n’est visible, seuls quelques jeunes hommes avancent tranquillement au-devant de ce char encore fumant !
Comment une Cour de justice internationale ose-t-elle présenter de tels documents comme des preuves irréfragables ?
Par ailleurs, tous ceux qui suivent ce dossier ont encore en mémoire les clichés présentés, en 2013, par Fatou Bensouda lors de l’audience de comparution des charges de Laurent Gbagbo. Ces clichés étaient censés représenter une preuve des violences perpétrées par le camp de l’ancien Président, alors que ceux-ci dataient de 2008 et provenaient… du Kenya !
Qui a tiré ? Après une année d’audience, le mystère est toujours aussi épais. D’autant que les deux commandants proches du Golf, cités plus haut, présents sur les lieux après le drame ont affirmé avoir ramassé des douilles de calibres de 12,7 mm, qui proviennent d’autres types de mitrailleuses que celles présentes dans ce convoi. Une fois encore, sur une question cruciale, il y a fort à parier que la vérité ne sera jamais établie.
L’origine des tirs ayant entraîné la mort des femmes ne sera jamais connue car aucune autopsie n’a été effectuée sur les corps des victimes. Ces corps ayant mystérieusement disparus…
Leslie Varenne.
(Journaliste d'Investigation, Directrice De l'Iveris )

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