Un Airbus 321-200 de la compagnie aérienne russe Kogalymavia, plus connue sous le nom de Metrojet, s’est écrasé dans le Sinaï égyptien, samedi 31 octobre. Les 224 occupants de l’avion charter sont morts, selon l’ambassade russe en Égypte.
L’avion transportait sept membres d’équipages et 217 passagers. Parmi eux, 214 étaient russes et trois ukrainiens, selon le gouvernement égyptien, qui évoque 138 femmes et 17 enfants. Moscou a parlé de passagers âgés de 10 mois à 77 ans. Les Etats-Unis, la France et l’ONU ont présenté leurs condoléances aux familles des victimes. Air France et Lufthansa ont renoncé, par mesure de sécurité et jusqu’à nouvel ordre, à survoler le Sinaï.
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Où et quand l’avion a-t-il disparu ?
Le vol 9268 à destination de Saint-Pétersbourg avait décollé de Charm Al-Cheikh — station balnéaire de la mer Rouge et destination prisée des touristes russes — depuis vingt-trois minutes lorsque le contact a été perdu, indique le site du journal égyptien Al Ahram.
Selon un responsable de l’autorité de contrôle de l’espace aérien en Égypte, l’avion a disparu alors qu’il volait à une altitude de plus de 30 000 pieds (9 144 mètres).
Les autorités égyptiennes ont localisé les débris de l’avion sur une zone d’environ 8 km de diamètre et peut-être davantage à Al-Hassana, dans une région montagneuse à quelque 70 kilomètres au sud de la ville d’El-Arish, dans la province du Nord Sinaï. Des secours ont immédiatement été envoyés sur place par l’Égypte et la Russie.
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La revendication de l’Etat islamique est-elle plausible ?
En novembre 2014, Ansar Beit Al-Maqdis (« les partisans de Jérusalem »), groupe djihadiste actif dans le Sinaï, qui multiplie les offensives contre les forces de sécurité, s’était rallié à l’organisation Etat islamique (EI). L’avion s’est écrasé au cœur de son territoire.
Sur l’un de ses canaux officiels sur Twitter, l’EI a affirmé « avoir provoqué » le crash, indiquant avoir agi en représailles à l’intervention russe en Syrie. Aucune autre source n’est venue confirmer ou infirmer la revendication de l’EI.
Cette revendication « ne peut être considérée comme exacte », a rapidement rétorqué le ministre russe des transports, Maxime Sokolov. D’après lui, les autorités aériennes égyptiennes, avec qui il se trouvait « en contact étroit », ne disposaient à l’heure actuelle « d’aucune information qui confirmerait de telles insinuations ».
Le journaliste de RFI et spécialiste des réseaux djihadistes David Thompson affirme cependant sur Twitter que l’organisation djihadiste n’a « jusqu’à maintenant, jamais diffusé de fausse revendication ».
L'Etat islamique #EI assure être à l'origine du crash de l'avion civil russe dans en #Égypte pic.twitter.com/fPTq5p1Kea
— David Thomson (@_DavidThomson) 31 Octobre 2015
L’altitude à laquelle le contact a été perdu rend toutefois peu probable l’hypothèse qu’il ait pu être touché par une roquette ou un missile de l’EI. Selon Charles Lister, expert en mouvements djihadistes affilié au centre Brookings à Doha, le missile anti-aérien le plus puissant dont dispose l’EI est un Manpads (pour Man-portable air-defense systems) igla SA-18, qui a une portée de 10 000 pieds (3km) maximum, soit beaucoup moins que l’altitude de l’avion russe (plus de 30 000 pieds).
LEMONDE