Disparition de l’étudiant Dabo Boukary : 28 ans après, les étudiants réclament toujours justice

Ceci est une déclaration de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) à l’occasion de la Journée de l’étudiant burkinabè. En substance, la structure estudiantine réclame justice pour l’étudiant Boukary Dabo, disparu le 19 mai 1990.

La jeunesse estudiantine et le peuple burkinabè commémorent, le 19 mai 2018, le 28e anniversaire de l’assassinat de notre camarade Dabo Boukary. Militant de l’ANEB, Dabo a été enlevé le 19 mai 1990 à la suite d’une manifestation pour réclamer de meilleures conditions de vie et d’études à l’Institut des sciences naturelles/Institut de développement rural de l’université de Ouagadougou (actuel UFR/SVT) et torturé à mort par l’ex-garde présidentielle de Blaise Compaoré. Militant engagé, Dabo était un infatigable défenseur de la cause des étudiants et de celle du peuple burkinabè.

Comme tout le monde pouvait s’en souvenir, après son assassinat, le régime Compaoré a usé de subterfuges et manœuvres dilatoires pour faire passer par perte et profit ce crime, notamment en faisant croire à l’évasion de Dabo du Conseil de l’entente, avant de reconnaitre sous la pression populaire sa mort. Non seulement la bataille a dû être menée sur le terrain de la mobilisation à travers des journées d’interpellation annuelles des sections de l’UGEB chaque 19 mai, des luttes au sein du CODMPP, mais aussi sur le plan judiciaire. Ainsi après son ouverture en 2000, la procédure judiciaire relative à l’assassinat de Dabo est restée lettre morte pendant de nombreuses années sans connaitre une évolution significative.

Pendant de nombreuses années, les bourreaux de Dabo circulent librement en toute impunité, narguant le peuple. A la faveur de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a contraint Blaise Compaoré et son clan à la chute et à la fuite, de nombreux démocrates ont cru à la fin du pouvoir de déni de justice. La jeunesse estudiantine et le peuple burkinabè, après tant d’années de mobilisation et de lutte contre le pouvoir dictatorial du capitaine Blaise Compaoré, nourrissaient légitimement l’espoir que le crime de Dabo ainsi que tous les crimes emblématiques de sang seraient élucidés et leurs auteurs et commanditaires punis. Mais hélas, au-delà de l’inculpation de Gilbert Dienderé et Mamadou Bamba, de l’indication de la tombe présumée de Dabo, la procédure judiciaire n’a plus connu d’évolution de manière à faire éclater la vérité et rendre justice à Dabo.

Que manque-t-il véritablement pour juger ce dossier ? Si le dossier Dabo piétine, c’est parce qu’il connait des ramifications politiques qui touchent des tenants de l’ex-régime Compaoré et du régime de Rock Marc Christian Kaboré qui ont toujours fait et continue de faire obstruction à la justice. A ce sujet, laissons un des témoins des évènements de mai 1990 parler : « Je suis formel, Salif Diallo a ordonné la dispersion de la manifestation ...Après cela, il y a eu la chasse à l’homme sur le campus, du 16 au 20 mai…Il y a eu des indicateurs, notamment les membres des comités révolutionnaires qui indiquaient les domiciles. Moi-même, mon domicile a été visité par feu Gaspard Somé qui était au conseil, accompagné de Bamba Mamadou, le délégué CR de l’université » (extrait de l’entretien de Séni Kouanda réalisé par Tiga Cheick Sawadogo publié le 22 mai 2015 sur le site lefaso.net).

Si malgré ces indices graves, l’on continue de tourner en rond, c’est que l’indépendance de la justice est un leurre. Il faudrait à la lumière de ces faits nous convaincre que seule la lutte reste nécessaire pour un jugement diligent et correct du dossier Dabo afin d’en identifier et punir les auteurs et commanditaires à la hauteur de leur forfait. Par ailleurs, 28 années après la disparition tragique de Dabo, les mauvaises conditions de vie et d’études contre lesquelles lui et ses camarades de l’époque se sont insurgés restent d’actualité et se sont mêmes aggravées : déficit criard d’infrastructures et d’enseignants, retard et chevauchements des années, rendements académiques catastrophiques, offensives contre les libertés syndicales et velléités de liquidation de l’ANEB. C’est pourquoi l’ANEB appelle l’ensemble des étudiants à :

Observer une grève générale de 24 heures ce samedi 19 mai 2018 pour exiger l’arrestation et la condamnation des commanditaires, auteurs et complices de ce crime ;
Participer massivement aux activités commémoratives de la journée Dabo :

Le samedi 19 mai

Un grand meeting à 8h au terrain Dabo-Boukary 
Une exposition-photos et commentaires de tableaux sur les luttes du mouvement étudiant sous le hall de l’amphi A600 à partir de 9h
Une prestation de la troupe théâtrale et la chorale de l’UGEB à 14h
Un concert-meeting à la cité Kossodo à partir de 20h.

Le dimanche 20 mai

Une nuit Maracaña d’hommage à Dabo Boukary à partir 16h ponctuée de la prestation du club taekwondo de l’UGEB sur le plateau de l’UFR/SVT. 
Pour le succès de la journée Dabo Boukary, en avant !
Ni oubli, ni pardon !
Vérité et justice pour Dabo Boukary !
Pain et liberté pour le peuple !

Le Comité exécutif

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