Distribution des vivres : Des déplacés internes de Kaya en colère contre l’Action sociale

Des personnes déplacées internes (PDI) ont manifesté mardi, leur indignation contre la procédure de distribution des vivres, assurée par des agents de l’Action sociale, a constaté l’AIB.

Sous un soleil ardent, des visages crispés et inondés de sueur, majoritairement des femmes et enfants, sans cache-nez, ont crié leurs ras-le-bol devant la mairie de Kaya, ce mardi 28 avril 2020.

Ces déplacés internes sont irrités contre la procédure de distribution des vivres, assurée par les agents de l’Action sociale.

«Nous sommes là depuis plus de cinq mois. Nous avons été recensés à la mairie ici mais jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu un seul grain de céréales. Alors que certains déplacés en ont bénéficié à plusieurs reprises», a fustigé Zonèba Zabré.

Pour elle, les PDI sont désemparées parce que la faim les a rendues folles surtout en ce temps où elles doivent juguler à la fois la faim, le carême et le coronavirus.

«La mairie est notre dernier recours parce qu’actuellement, nous mendions pour manger. La mairie nous a fait savoir qu’elle n’est pas impliquée dans la distribution des vivres mais comme nous avons faim, nous courrons dans tous les sens, afin d’être sauvés», a-t-elle fait savoir.

Depuis décembre 2019, Zonèba Zabré dit faire le porte à porte avec ses petits-fils pour pouvoir avoir à manger afin de survivre.

«Actuellement, nous ne parlons pas de COVID-19 ni du carême, parce que ce sont les crépitements des armes qui nous ont fait quitter nos villages. Ici, c’est la faim qui va nous tuer tous», a-t-elle ajouté, visiblement désespérée.

Pour le porte-parole des mécontents, Boukaré Ouédraogo, la manifestation vise à solliciter l’intervention de la mairie auprès de l’Action sociale, afin qu’ils puissent entrer en possession de leurs premières provisions.

«Il y a des gens qui sont là depuis plus de six mois sans vivres alors que certains en ont emmagasiné dans leurs maisons. J’ai vu et je suis témoin. Je m’interroge sur la procédure de distribution»a-t-il dénoncé.

Pour lui, il est difficile de faire le carême dans cette condition de précarité alimentaire. «Avec la faim, l’homme devient fou. Nous n’accusons pas le maire mais avec son soutien, nous pouvons trouver de solution à notre problème», a fait savoir M. Ouédraogo.

Pour nos interlocuteurs, leur préoccupation majeure n’est pas la lutte contre le coronavirus, mais plutôt la lutte contre la faim. Après leur entretien, le maire Boukary Ouédraogo les a rassurées que des dispositions seront prises pour que des solutions soient trouvées à leur problème.

«Il nous a dit qu’il fera une enquête afin de situer les responsabilités», a déclaré le porte-parole. Dans son intervention, le bourgmestre Boukary Ouédraogo a signalé que sa mairie n’est pas responsable de la distribution des vivres aux PDI.

Pour lui, cette tâche relève des prérogatives des services de l’Action sociale.

«Au départ, c’était la mairie qui s’occupait des PDI. Mais par la suite, l’Action sociale est venue dire au service de la mairie d’arrêter les recensements des PDI car cela relève de leur compétence. C’est là que le problème est né. Alors que nos agents travaillent pour le compte du Conseil départemental de secours d’urgence et de la réhabilitation», s’est-il défendu.

Le maire a indiqué qu’une rencontre est prévue dans la semaine avec toutes les structures chargées de la distribution des vivres.

«Cette rencontre nous permettra d’éviter les doublons des noms sur les listes de distribution parce qu’il y a certains déplacés qui possèdent des magasins de vivres alors que d’autres n’ont rien», a-t-il déclaré.

Le maire Boukary Ouédraogo a indiqué qu’une enquête sera diligentée, afin de situer les responsabilités.

Agence d’information du Burkina

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