Education: les enseignants menacent de bloquer l’année scolaire

A quelques jours de la rentrée administrative et à deux semaines de la rentrée pédagogique au niveau national, il apparait indispensable pour la CNSE de faire le point de la mise en œuvre du protocole qui a sanctionné sa lutte pendant l’année scolaire et universitaire écoulée.

Cela est nécessaire en vue de prendre à témoin l’opinion publique et particulièrement ceux qui ont été les
témoins oculaires de la signature de ces accords le 27 janvier 2018 marquant l’épilogue d’une crise a retenu l’attention de la nation entière.

Il est bon de rappeler que notre système éducatif est victime d’une crise structurelle qui s’est exacerbée depuis les années 1990 avec l’application des PAS (Programmes d’Ajustement Structurel) marquée par le désengagement de l’Etat des secteurs sociaux comme celui de l’éducation dont les conséquences désastreuses sont immenses :

  • privatisations sauvages,
  • insuffisance des infrastructures d’accueil,
  • effectifs pléthoriques,
  • conditions de vie et de travail extrêmement difficiles,
  • démotivations des acteurs .

A cette situation, s’est greffée aujourd’hui la préoccupante question d’insécurité pour laquelle l’institution scolaire et les acteurs qui l’animent ont payé et continuent de payer un lourd tribut. De nombreuses écoles n’ont pu fonctionner au cours de l’année scolaire passée.

Des travailleurs de l’éducation ainsi que des FDS ont payé de leur vie dans l’exercice de leur métier, de même que les populations desdites zones. Les récents saccages et incendie d’infrastructures scolaires à l’Est viennent en rajouter à l’inquiétude du monde éducatif.

Mesdames et messieurs de la presse ;
Les moyens de travail que demandent les personnels du système éducatif visent à leur permettre d’offrir convenablement l’éducation aux enfants de cette nation ; toute chose qui constitue un droit constitutionnel pour eux.

Mais huit (08) mois après la signature du protocole et à l’orée de la rentrée, quel bilan peut-on faire ?
Les organisations syndicales en signant le protocole s’étaient engagées en liaison avec les autorités à un réaménagement de l’année scolaire afin qu’elle se déroule jusqu’à terme.

Dans cette optique, les travailleurs qui ont légitimement placé un grand espoir dans la mise en œuvre du protocole d’accord, ont redoublé d’ardeur dans le travail, effectué des cours de rattrapage, accepté de
poursuivre le travail dans la période habituelle des congés scolaires de deuxième trimestre, participé aux examens de fin d’année y compris les examens spéciaux organisés au Nord et au Sahel en sacrifiant leurs vacances.

Chacun a pu mesurer le bilan de ce travail ; ce sont des résultats scolaires fort appréciables. La CNSE profite de l’occasion pour saluer et féliciter tous les acteurs de l’éducation pour les différents sacrifices consentis. Du côté du gouvernement, l’état de mise en œuvre du protocole laisse apparaitre ce qui suit :

- certains aspects ont connu un aboutissement. Ce sont : la tenue de la conférence des enseignants au bureau qui était en retard, le payement d’arriérés de salaire des ex-formateurs aux métiers des CEBNF, la tenue des conseils de discipline, l’adoption du décret et la prise de l’arrêté sur le régime des bourses scolaires, la publication des établissements privés pirates… ;

- d’autres ont connu un début d’exécution. Il s’agit en l’occurrence du paiement des bourses aux élèves bénéficiaires qui ne s’est fait que seulement pour le premier trimestre de l’année, la constatation financière des avancements 2016 pour certains. Si à cette date des travailleurs attendent toujours leur avancement au titre de 2016, qu’en est-il de ceux qui doivent avancer en 2017 et 2018 ?

- le grand nombre des engagements peinent à être respecté. Ainsi, par exemple, des questions telles que le règlement de la situation des monitrices des ex-garderies populaires, la création des emplois des administrateurs des établissements du post- primaire et du secondaire et de celui des laborantins, la structuration de l’éducation non formelle ne sont pas mis en œuvre bien que les échéances soient échues. La CNSE, au regard de certains faits et gestes, s’interroge sur la bonne foi de la partie gouvernementale au respect des engagements.

A cet effet, au niveau de l’adoption d’un statut valorisant, le gouvernement a envoyé à la Coordination un document de base produit par ses experts sur la question et un projet de statut. Analysant ces deux documents, la CNSE dans sa réponse au gouvernement écrivait ce qui suit : « le projet du gouvernement ne peut permettre l’adoption d’un statut valorisant dont le principe est reconnu et clairement consigné dans le protocole d’accord. Par cette manœuvre, le gouvernement dans une position de rejet manifeste d’un statut valorisant faisant ainsi preuve d’un déni d’engagement ».

Entre outre, la rentrée arrive à grands pas avec également les délais de mise en œuvre de points importants contenus dans le protocole.
Il s’agit notamment de l’octroi d’une bonification aux personnels du MENA. Contrairement à l’esprit du protocole, le gouvernement évoque des questions de vide juridique pour une prise en charge de cet acquis. Sur l’engagement d’octroyer un trousseau pédagogique à tous les enseignants à chaque début de rentrée, aucun élément n’est encore arrêté. Pour ce qui est de l’amélioration de l’accès à l’éducation, notons la persistance des mauvais états de certaines infrastructures éducatives emportés par les vents et les intempéries et la dotation des écoles en vivres incomplètes et de qualité impropres à la consommation des élèves sans mesure de sanction contre les coupables.

De même les tentatives de reculades que l’on enregistre sur le respect des effectifs est plus qu’inquiétant et ne peut-êtrenacceptable. Aussi, faut-il relever l’absence de budget de fonctionnement pour les établissements à la veille de la rentrée scolaire avec toutes les conséquences que cet état de fait pourrait engendrer. De toute évidence, la rentrée scolaire démarrera sans que les enseignants sortis de l’ENS et de l’IDS ne soient mandatés, toute chose qui les mettra dans une impossibilité de rejoindre leur poste de travail.

Enfin durant la lutte, nos camarades du PMK ont été injustement sanctionnés pour avoir observé le mot d’ordre de grève qui est un droit constitutionnel. Malgré la promesse du Premier Ministre Paul Kaba THIEBA de régler de façon juste cet acte arbitraire, les camarades sont toujours hors de leur lieu de travail. Le gouvernement doit comprendre que les organisations syndicales ne sauraient tolérer que les travailleurs qu’elles appellent et qu’elles engagent dans des luttes ne puissent être réprimés impunément.

L’attente de la rentrée scolaire pour promettre le traitement financier des augmentations de l’indemnité spéciale de logement et la valorisation, l’harmonisation et de l’octroi de l’indemnité spécifique à tous les personnels de l’éducation et de la recherche de façon progressive de fin septembre à fin novembre dénote de la mauvaise foi des autorités dans le traitement diligent du protocole d’accord.

Mesdames et messieurs de la presse
Comme l’on peut le constater des points importants dont le respect pourrait rassurer les travailleurs quant à la volonté du gouvernement à améliorer leurs conditions de travail et de vie ne sont pas réglés. La Coordination prend donc l’opinion à témoin sur la responsabilité directe des autorités en cas de détérioration du climat social dans le secteur de l’éducation au cours de cette année scolaire 2018-2019. Le non-respect des engagements par le gouvernement ne laisse aucune alternative aux travailleurs de l’éducation et de la recherche en dehors de la lutte pour la satisfaction de leurs préoccupations.

La CNSE, à l’orée de cette rentrée scolaire, lance donc un appel aux travailleurs de l’éducation et de la recherche, aux élèves, aux parents d’élèves et aux populations à s’unir et à se mobiliser pour la défense d’une école de qualité et accessible à tous.

Ouagadougou, le 14 septembre 2018

COORDINATION NATIONALE DES SYNDICATS DE L’EDUCATION (CNSE)
FESEB - F-SYNTER - MONEP - SATEB- SNEA-B - SNEP/PD - SNESS- SPESS- STAGE – SYNAPAGER-SYNAPEP-
SYNATEB- SYNATRAS - SYNATRENF - SYNAVS – SYNTAS.

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