L’intronisation d’un nouveau chef de terre à Kongoussi est un événement historique. Le patriarche Noaga Julien Sawadogo, âgé de 100 ans, a été officiellement intronisé dans la nuit du 5 avril 2025. Ce retour à la tradition met fin à une vacance de 37 ans dans la chefferie de terre, appelée localement Tengsobendo.
L’intronisation d’un nouveau chef de terre a été réalisée selon les rites traditionnels moaga. Le nouveau Tengsoba, désormais appelé « Ra Yimi Kudemde » (N’oubliez pas les traditions), a reçu ses attributs du chef suprême des Nionnionsé à Sanrgo. Cette cérémonie s’est tenue dans une case sacrée, en présence d’autorités coutumières et de nombreux témoins.
Depuis le décès de l’ancien Tengsoba en 1988, la grande famille Sawadogo vivait sans chef de terre officiel. Pendant onze ans, Noaga Julien Sawadogo a assumé cette fonction à titre intérimaire. Son intronisation constitue donc une officialisation attendue depuis longtemps.
Intronisation d’un nouveau chef de terre : un processus rigoureux et symbolique
Le processus d’intronisation d’un nouveau chef de terre a débuté par des démarches auprès des Nionnionsé de Nanné, qui ont transmis la requête au chef suprême de Sanrgo. Ce dernier a envoyé des émissaires pour désigner symboliquement le nouveau Tengsoba parmi plusieurs prétendants. La sélection s’est déroulée le 29 mars 2025, devant une foule nombreuse.
Le lendemain de la cérémonie officielle, le 6 avril, le nouveau chef a fait sa première sortie publique. Coiffé du mythique bonnet rouge, il a reçu les félicitations des familles alliées, des habitants de Kongoussi et d’une délégation de Cassou, dans le Ziro.
Transmission, préservation et devoirs sacrés
L’intronisation d’un nouveau chef de terre signifie plus qu’un simple passage de témoin. Le Tengsoba a désormais la charge de préserver les traditions, protéger les sites sacrés et assurer les rites. Il représente aussi un lien entre les vivants et les ancêtres.
Comme le souligne le Pr Georges Sawadogo, fils du nouveau Tengsoba, cette fonction n’est pas méritoire, mais un don divin transmis par les anciens. L’intronisation d’un nouveau chef de terre à Kongoussi vient donc restaurer une continuité culturelle essentielle.