Les garçons de Campus Ambiance ont trouvé «l’équilibre » !

C’est le nouveau né de la famille « Campus Cambiance ». Dans le cadre de la promotion de l’album qu’ils viennent de mettre sur le marché musical, les Zouglou-Makers Burkinabè nous ont rencontré. Ils ont passé en revue les conditions d’enregistrement de l’œuvre, le contenu de « Equilibre » et les attentes sur cette production déjà bien médiatisée sous d’autres cieux, à Abidjan notamment où les trois artistes sont fréquemment sollicités depuis lors.

Ouaga 24 : Bonjour, comment se porte Campus Ambiance ?

Campus Ambiance se porte très bien. Nous revenons de Koudougou où nous avons participé à une cérémonie officielle.

O24 : Votre actualité en ce moment ?

En ce moment, nous sommes focalisés sur la promotion de notre album, même si on sait que le contexte n’est pas des plus simples.

O24 : Le titre de votre album et sa composition ?

L’album « Equilibre » est composé de 12 titres. Nous adorons les 12 titres et n’avons pas de préférence particulière. Cependant, il y a un des titres qui est en train de « bouger » qui est Cocoroco, que nous avons présenti et dont nous avons fait le Clip. De manière générale, l’album se porte bien, comme nous l’attendions. Il y a aussi le titre « Génétique » qui se comporte tout aussi bien sur le marché, en Côte d’Ivoire notamment où il est beaucoup prisé. Il peut se jouer partout dans la sous-région et il s’exporte bien. C’est un titre qui sera priorisé à leur niveau car ils se sentent profondément concernés par le titre-ci. Les grands noms de la musique ivoirienne tels que Claude Bassolé, Franck Govehi, Asco de Monaco, Olivier Rouamba, etc sont intéressés par notre musique et font une grande promo en ce moment sur place. En fait, les programmations sont en train de se faire et nous mettrons ce temps à disposition pour aller faire notre promotion là-bas.

O24 : L’objectif de cet album de Campus Ambiance ?

C’est déjà de montrer notre maturité. Campus Ambiance est désormais en âge mûr, et nous cumulons près de 10 années d’expérience et nous assumons ce que nous sommes. En fait, beaucoup de gens pensent aujourd’hui que ce n’est pas commun de voir des Burkinabé faire du Zouglou. C’est pourquoi nous leur disons à travers cet album « Equilibre » que nous ne pouvons enlever ce métissage de notre culture. Dans notre album, il y a du tout, de la chanson du pur terroir, de la musique tradi-moderne, du zouglou, etc. C’est un album de maturité, d’équilibre de vie culturelle et sociale. (binon, liwaga, r’nb, etc).

O24 : Est-ce que vous ne craignez pas que l’album ait plus de succès à l’extérieur en Côte d’     Ivoire notamment, plus qu’au Burkina Faso ?   

Album « Equilibre »

Personne ne choisit là où sa musique aura du succès. Au Burkina Faso, nous sommes très connus et jouons dans beaucoup de scènes, et dans quasiment toutes les cérémonies officielles. Mais, comme on le dit, « nul n’est prophète chez soi », et il faut se dire que c’est le rêve de tout artiste d’être connu à l’échelle internationale. Il y a beaucoup d’artistes qui se plaignent à travers leurs faitières sur le fait que les artistes d’ailleurs lorsqu’ils viennent, touchent des cachés faramineux. C’est vrai, mais c’est de bonne guerre. Nous devons donc percer le marché de la Côte d’ivoire car c’est un marché de consommation…Et vous constaterez que beaucoup de grands noms de la musique ivoirienne qui y vivent, tels que Fally Ipupa, Lokua Kanza, Ferre Gola, etc. C’est une ville de spectacle et si vous êtes sollicités là-bas, c’est vraiment très bien. Certains professionnels nous ont même recommandé d’y aller faire un bon séjour. Il est vrai qu’il y a beaucoup plus de possibilités d’affinement et de perfectionnement.

O24 : Mais pourquoi n’être pas allé dans le sens de ces recommandations ?

Déjà les frontières sont fermées, ce n’est pas de notre fait, en plus c’est quelque chose qui se prépare. Il ne faudrait pas qu’on aille et qu’au lieu de vendre du rêve, on vende du misérabilisme (Rires). Nous prenons le temps de bien faire les choses à Campus Ambiance, et tout ira conformément à ce que nous prévoyons. Nous irons en tant qu’ambassadeurs de notre pays, donc on se prépare en conséquence.

O24 : Comment fonctionne Campus Ambiance ?

Je suis moi-même producteur du groupe et nous fonctionnons sur investissement personnel.  Le gros du travail est déjà fait depuis par le groupe, en se rendant disponible conformément aux objectifs que l’on s’est assignés dès le départ. On fonctionne ainsi en attendant le producteur qu’il faut.

O24 : Avez-vous une idée chiffrée de la promotion du Clip Cocoroco, notamment en termes de vues ?

Sur différentes plateformes nous cumulons autour du million de vues. Donc ce n’est pas négligeable. Même si c’est une bataille que l’on mène sur la plateforme YouTube. Mais notre objectif c’est de faire connaître d’abord notre œuvre afin d’avoir le retour des fans. Sinon la mécanique qui entoure la recherche du million de vue est assez sujette à problème. Nous avons donc mené essentiellement notre communication sur ce clip à partir de notre page Facebook et c’est de là que sont partis les relais. Donc c’est déjà de rendre disponible notre travail et que l’on voit ce que nous faisons.

Vues sur le web

O24 : Êtes-vous satisfaits de la promotion à mi-chemin ?

Oui nous sommes relativement satisfaits de comment les gens accueillent notre œuvre. Ce que nous déplorons par contre c’est le manque de diligence dont nous sommes quelque part victime. En fait, on ne se proclame pas être les meilleurs du moment, mais nous estimons qu’il faut soutenir certains artistes qui ont fait et qui font leur preuve. Aujourd’hui, il y a des gens qui ne pourraient pas dire qu’ils ne connaissent pas Campus Ambiance. Mais en vérité, quand on compare à la promotion qui se fait en Côte d’Ivoire à notre sujet, elle dépasse très largement celle que nous menons ici, sans que l’on ne débourse un seul rond là-bas. C’est ce manque de valorisation de notre patrimoine que nous déplorons. Là-bas, ils vous appellent même pour entrer en contact avec nous, afin de nous découvrir davantage. Aujourd’hui, chaque télévision devrait être en mesure de dégager un Top 10 par exemple des artistes du pays, ce afin de les mettre dans une concurrence saine et fructueuse pour tous. Sans favoritisme particulier suivant des affinités et autres, et c’est malheureusement notre réalité ici. À partir de cela, on pourrait déterminer qui accompagner pour qu’il représente le pays valablement.

Avec la crise, ils ont mis un milliard de francs à disposition des artistes. Moi j’aurais aimé que l’on rende disponible par exemple pour les artistes des bons de diffusion, car c’est de la relance de la musique qu’il s’agit. C’est la promotion qui coûte le plus cher dans l’investissement d’un artiste. C’est ainsi que l’on vulgarise notre musique. Malheureusement on ne sait pas quel artiste il faut dégager pour telle scène internationale ou sur tel plateau. Il faut que l’on soit capable de faire un classement réellement objectif qui permettra de valoriser la musique Burkinabè. Ce qu’il faut faire pour nous, c’est simple, « quand c’est bon il faut dire que c’est bon, il faut diffuser, sans calcul particulier ». De là les contacts sont établis, les ententes entre diffuseurs et artistes se font facilement.

O24 : Votre stratégie d’approche envers les médias?

Nous avons déjà contacté les médias locaux, nous avons essayé d’approcher chaque catégorie d’acteurs. Pour ce faire, nous avons mené des conférences, nous nous sommes entretenus avec des journalistes et animateurs, nous échangeons régulièrement pour recevoir leurs critiques, etc., car c’est ainsi que l’on se construit. Les télévisions locales ont été approchées également dans le cadre de partenariat.

O24 :  Quid du titre far « Cocoroco »?

Ce titre traite de la problématique du chômage en Afrique en particulier et au Burkina Faso de manière spécifique. Quand on regarde notre actualité, on voit que la jeunesse agonise, celle qui détient les diplômes sans savoir quoi en faire. Ils sont tellement nombreux à faire des études qui ne leur profitent pas jusque-là. Par exemple dans la chanson nous parlons de ceux qui font des études en géographie pour devenir immigré, etc.

Il y a d’autres chansons qui vénèrent la femme africaine, qui se distingue par son originalité, par ses rondeurs, etc. Nous parlons de labéliser par exemple nos relations, quand on voit que des gens font 20 ans de concubinage, alors qu’avant c’était trop le cas au Pays des Hommes intègres.

O24 : Le bilan aujourd’hui de votre promotion ?

Le bilan est assez satisfaisant. Mais comme tout artiste, on cherche à atteindre le meilleur niveau possible. Il faut que la musique soit perçue comme une affaire d’État, afin que le politique porte l’art, la culture en général. C’est ce à quoi nous ne sommes pas encore arrivés. Est-ce que les politiciens se disent un instant que la musique peut porter des messages forts ? Le Burkinabé a une longue et riche histoire, une identité que les artistes aident à magnifier, mais comment montrer cette image? En exploitant justement l’art sous nos yeux. Voici des artistes qui gagneraient à être promus, à être magnifiés afin que ce soit un idéal. Campus Ambiance a prouvé qu’il est capable de jouer ce rôle. Il faut que chaque camp joue son rôle afin nos artistes soient valorisés par nos entrepreneurs, nos ministres et autres. Il y a eu Georges Ouedraogo, Jeanne Bicaba, Djata Ilebou, etc Aujourd’hui la relève est assurée avec des Floby, Malika, Dez Altino, Campus Ambiance,etc. C’est nous qui devons être sur les plateaux à l’international pour signifier celà, pour raconter notre histoire. Car c’est ainsi que font les autres que nous magnifions lorsqu’ils viennent pour des prestations au pays. Il faut que le rêve soit vendu, et bien!

O24 : Un dernier mot pour finir?

Mon mot de fin est un message d’espoir. Car pour que nos voix portent, il faut que nos décideurs s’investissent davantage et sérieusement pour que les artistes prennent une autre ampleur. Il faut que nos médias aident à interpeller les mécènes, car Campus Ambiance est un groupe qui peut faire la promotion du Burkina Faso à l’extérieur. Il faut que les gens s’investissent dans la culture et qu’ils mettent la main à la poche, car la musique est quoi que l’on dise, une question de gros sous. Merci à ceux aussi qui nous aident déjà, malgré leurs moyens souvent modestes. Il y a des valeurs que nous défendons qui méritent d’être promues.

Interview réalisée par OUANGRE Aristide

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