Au cours d’un point de presse, animé ce lundi 19 octobre 2015 à l’éducation ouvrière, Mamadou Barro, Secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche a porté à la connaissance des journalistes que le personnel de l’institut international de l’ingénierie de l’eau et de l’assainissement (2IE) observera une grève de 72 heures à compter de ce jour. Assisté des délégués syndicaux de l’école, ils exigent le respect des dispositions du code du travail ainsi que le respect des textes de cette prestigieuse école.
Qu’est-ce qui justifie cette nouvelle poussée de fièvre dans une structure connue pour son excellence du fait de la qualité et l’engagement professionnels de son personnel ? Selon le secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), Mamadou Barro, les faits à l’origine du déclenchement de cette action sont d’une extrême gravité sur le plan du droit du personnel. Selon lui, tout d’abord, le droit syndical n’est pas reconnu par la direction de 2iE, en témoigne le refus de reconnaitre la structure F-SYNTER. Ensuite, l’existence des délégués du personnel légalement élus sous la bannière syndicale de la F-SYNTER est refusée par la direction qui a tenté vainement de leur substituer une structure dénommée « Collectif sauvons 2iE ». Enfin, le mépris affiché vis à vis de la législation du travail et des institutions officielles chargées de son application, manifesté notamment par le refus de prendre en considération l’avis négatif de la direction régionale du Travail du centre sur le licenciement du délégué de personnel Fréderic Traoré.
A ce jour, à en croire le SG, le bilan anti travailleur depuis la prise de service du directeur général, Hama Maïga, en Décembre 2013, fait état de neuf licenciements, dont trois délégués syndicaux ; trois autres délégués sont sous menace de sanction. Aussi, dix contrats à durée déterminée ont été rompus ; 28 travailleurs ont démissionné ou ont été poussés à la démission ; les intimidations et les menaces sont érigées en règles de management du personnel.
« Ces différents actes et bien d’autres contre les étudiants ont été posés dans le mépris total des textes de 2iE et de la législation du travail de notre pays, mettant les responsables de cette entreprise, en particulier le DG, au dessus des lois » s’est indigné M. Barro.
Face à ces attaques frontales et répétées de la direction de 2iE à l’encontre des droits des travailleurs, en particulier les droits syndicaux, la F-SYNTER prend l’opinion à témoin et interpelle, de ce fait, les autorités du pays sur leurs responsabilités quant à la cessation de ces attaques ainsi que la levée sans condition de toutes les mesures anti travailleurs prises par la direction. Egalement, il est attendu d’elles des solutions satisfaisantes, dans les meilleurs délais, au risque de voir la question de 2iE devenir une question nationale au niveau de la F-SYNTER.
Phase des échanges
Avez-vous approché le premier responsable de l’école pour une médiation ? Le SG dira, « Comme ils ne reconnaissent pas la F-SYNTER, nous n’avons pas eu l’occasion de le faire. Néanmoins, nous avons voulu participer comme la loi nous le reconnait aux Assemblées générales convoquées par notre structure à au moins trois reprises et on a été bloqués à la porte. Nous lui avons fait parvenir une note pour l’informer de la mise en place de notre structure. Comme réponse, il nous fait comprendre que la loi (sans préciser de quelle loi il s’agit) ne permet pas qu’il y ait des délégués syndicaux à 2iE.
Le délégué du personnel, N’Diaye Sina de renchérir :« une médiation a été mise en place, en juillet, sur recommandation du conseil d’administration pour une période de trois mois. C’est seulement le 3 septembre que la 1ère rencontre a eu lieu. Dix jours après nous avons organisé la 2ème ; la 3ème quant à elle n’a pas encore eu lieu que déjà certains de nos collègues sont licenciés. Devrons-nous attendre que nous soyons tous licenciés avant de réagir ? Non ! C’est pourquoi nous avons décidé de ne pas attendre les conclusions de cette médiation ».
Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour vous faire entendre ? M. Barro répondra « pour l’heure, je puis vous dire que la F-SYNTER ne se laissera pas faire. Si les autorités ne s’assument pas, on sera obligé d’arriver à une étape que personne ne souhaite ».
La conférence de presse a été rehaussée par la présence du président de l’Association internationale des parents d’élèves de 2iE, Alexandre Somé dont l’enfant a été exclu à cause des prises de positions de son père.